Procès Pastor : les policiers détaillent leurs accusations contre Janowski, sa défense conteste

Auteur:
 
Par Beatrix BACONNIER MARTIN - Aix-en-Provence (AFP)
Publié le 18 septembre 2018 - 21:47
Image
Croquis d'audience montrant Wojciech Janowski, le gendre d'Hélène Pastor, devant la Cour d'assises des Bouches-du-Rhône, le 17 septembre 2018
Crédits
© Benoit PEYRUCQ / AFP/Archives
Croquis d'audience montrant Wojciech Janowski, le gendre d'Hélène Pastor, devant la Cour d'assises des Bouches-du-Rhône, le 17 septembre 2018
© Benoit PEYRUCQ / AFP/Archives

Les enquêteurs ont détaillé mardi devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône la piste les ayant conduits aux assassins de la milliardaire monégasque Hélène Pastor et à leur commanditaire présumé, son gendre, Wojciech Janowski, la défense de ce dernier s'appliquant à torpiller l'enquête.

"Il n'y a aucun doute pour nous sur la volonté d'exécution" des deux "tueurs à gages", Samine Saïd Ahmed, le tireur présumé, et Al Haïr Hamadi, le guetteur, a insisté le commissaire Philippe Frizon, qui menait l'enquête.

Celle-ci avait permis de retrouver très rapidement la trace des deux hommes, qui avaient agi à visage découvert et laissé dans leur sillage une multitude d'indices: "M. Hamadi n'est pas un tueur professionnel, il a commis beaucoup d'erreurs", a indiqué le policier.

Puis la police avait passé au crible leurs appels téléphoniques pour remonter jusqu'au commanditaire présumé, Wojciech Janowski, ainsi qu'à l'organisateur présumé du double assassinat Pascal Dauriac, coach sportif de M. Janowski. Pour le commissaire Frizon, les deux hommes ont échangé des "SMS troublants à des dates clés", notamment le 10 mai, quatre jours après l'agression, jour du décès du chauffeur de Mme Pastor, et le 21 mai, jour du décès de la milliardaire.

Durant l'instruction, l'ancien coach a accusé M. Janowski d'avoir été le seul commanditaire et de l'avoir "manipulé".

Le commissaire Frizon a maintenu ses accusations contre le gendre de la milliardaire: "Il y a les aveux, les déclarations de Dauriac, et la piste de l'argent. Qui était capable de sortir 140.000 euros?", la somme donnée aux tireurs et aux intermédiaires. Un autre enquêteur a évoqué la piste du mobile financier car à l'époque, M Janowski "était dans une situation financière très embarrassante".

"Si Dauriac dit vrai, alors Janowski est coupable, mais s'il ne dit pas la vérité, alors il est innocent", a plaidé Me Eric Dupond-Moretti, avocat de l'homme d'affaires polonais.

- "partialité affichée"-

Selon lui, la garde à vue de Sylvia Pastor, la fille de la milliardaire, interpellée en même temps que son compagnon avant d'être mise hors de cause, est un "scandale" et "avait un seul but, faire pression sur lui".

"C'est le mauvais film, elle a été libérée avant les aveux", a répliqué le commandant Catherine Messineo, une autre enquêtrice.

Me Dupond-Moretti a alors critiqué les conditions dans lesquelles les enquêteurs ont obtenu les aveux de l'homme d'affaires polonais, "sans avocat" et "sans interprète", arguant que l'accusé avait été privé de ses droits à la défense.

Mme Messineo,qui avait recueilli le témoignage d'Hélène Pastor à l'hôpital avant le décès de cette dernière, a rappelé les confidences faites par la victime : "J'ai peur, j'ai d'autres choses à vous dire". La policière avait ensuite participé aux 23 interpellations et auditionné M. Janowski et sa compagne en garde à vue. A la sixième audition, M. Janowski avait avoué être le commanditaire "pour sauver (sa) compagne des persécutions" de Mme Pastor.

"Il avait devant lui quelqu'un qui l'accusait d'être un assassin, d'une partialité affichée", a observé Me Luc Febbraro, autre avocat de M. Janowski, tandis que Me Dupond-Moretti citait les propos "injurieux" de la policière à son client.

L'enquêtrice a concédé qu'"il n'était pas impossible" qu'elle ait dit à M. Janowski "qu'il était une sous-merde".

Juste après ses aveux à la police, M. Janowski les avaient réitérés devant sa compagne Sylvia. Il s'était rétracté quelques jours plus tard. Lundi à l'ouverture du procès, il a de nouveau clamé son innocence.

Le 6 mai 2014, Hélène Pastor, 77 ans, héritière d'un empire immobilier monégasque, avait été visée par des tirs, avec son chauffeur, Mohamed Darwich, 63 ans alors que son monospace quittait l'hôpital niçois où elle avait rendu visite à son fils, Gildo. Grièvement blessés, ils avaient succombé quelques jours plus tard.

Au total, 10 personnes sont jugées jusqu'au 19 octobre pour leur participation à ce guet-apens mortel.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Bezos
Jeff Bezos : le Lex Luthor de Seattle veut devenir le Dark Vador de l’univers
PORTRAIT CRACHE - S’il se fait plus discret que certains de ses compères milliardaires, Jeff Bezos n’en garde pas moins les mêmes manies, les mêmes penchants et surtou...
04 mai 2024 - 13:17
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.