Quatre religieux traditionalistes du Pas-de-Calais mis en examen pour "violences légères" sur mineurs

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Par Clément MELKI et Julia PAVESI - Lille (AFP)
Publié le 17 janvier 2019 - 17:48
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Des "châtiments corporels légers" à l'encontre d'élèves mineurs sans "fait de nature sexuelle" : quatre religieux de la communauté traditionaliste de Riaumont à Liévin (Pas-de-Calais) ont été mis en examen jeudi, une nouvelle affaire au sein de cette très discrète institution.

À l'issue de leur garde à vue entamée mardi, les quatre religieux -dont deux prêtres- sont ressortis libres et ont été placés sous contrôle judiciaire, avec interdiction d'exercer une activité d'encadrement en lien avec des mineurs.

La communauté de la Sainte-Croix de Riaumont, qui lutte contre "les idéologies anti-chrétiennes et anti-morales" en misant notamment sur le scoutisme, ne faisait guère parler d'elle jusqu'à la révélation en mai 2018 de plusieurs enquêtes de grande ampleur pour agressions sexuelles et maltraitance.

"Ils (les religieux) vont y retourner parce que c'est leur domicile (...) Par contre l'activité d'encadrement d'enfants, l'école, leur est interdite, pour l'instant" a précisé Me Jean-Yves Moyart, qui a assisté l'un de ces religieux devant la juge d'instruction de Béthune.

Un cinquième religieux, l'ancien prieur mis en examen en avril 2017 dans un autre dossier, a également été entendu en garde à vue dans le sud. Il avait été éloigné par l'institution dans un monastère près de Toulouse après la découverte d'images pédo-pornographiques dans son ordinateur.

Mais "aucun fait de nature sexuelle ou plus grave" n'est reproché aux quatre religieux -trois quinquagénaires et un trentenaire-, a souligné l'avocat de la communauté, Me Eric Morain. Il s'agit de "châtiments corporels légers" qui auraient été commis entre 2007 et 2014, a précisé le procureur de Béthune, Philippe Peyroux.

Les faits, qui concernent 10 enfants "sur plus de 250 entendus", "sont pour la plupart très anciens et, si toutefois ils étaient avérés, ne reflètent en aucune manière les méthodes éducatives et la pédagogie en vigueur aujourd'hui au village d'enfants de Riaumont", assure Me Morain.

Sollicitée par l'AFP, la communauté a indiqué qu'elle réagirait plus tard.

- "Dernière chance" -

Fondée par le père Albert Revet vers 1960, la communauté de Riaumont comprend une école hors contrat qui dispense des cours de la 6e à la 3e, encadrés par des religieux de spiritualité bénédictine célébrant la liturgie en latin, et un mémorial national des scouts morts pour la France, entre autres.

Cet ordre de droit pontifical relève directement de la commission romaine Ecclesia Dei, qui a autorité sur les communautés traditionalistes restées dans le giron de Rome.

Dans le village d'enfants, un domaine sillonné de petits chemins en pierre et encadré par une sorte de donjon, les religieux accueillent une trentaine de garçons. On y prône le "rejet absolu de toute médiocrité, compromission et bavardages stériles".

Selon M. Morain, la quasi-totalité des enfants concernés par les faits sont "en très grande difficulté (...) à la fois sociale et scolaire" et ne supporteraient "ni l'autorité ni l'éloignement de leurs parents".

Dans ce contexte, Riaumont est "souvent considéré comme +l'école de la dernière chance+", assure-t-il, insistant sur "l'implication constante des religieux et laïcs au service des enfants, aboutissant pour nombre d'entre eux à les sauver d’un passage délinquant ou à sombrer dans la marginalité".

Plusieurs témoignages ont pourtant fait état d'un lieu "fermé" aux méthodes "extrêmement dures" voire dégradantes dans le passé. Selon Charline Delporte, présidente du Centre national d'accompagnement familial face à l’emprise sectaire (Caffes), l'institution était "signalée aux autorités depuis longtemps" et "aurait dû être fermée".

"En 2001, une grand-mère avait déposé plainte pour signaler les sévices subis dans ce centre par son petit-fils", qui "s'est suicidé quelques semaines plus tard", a-t-elle rappelé mercredi.

La préfecture du Pas-de-Calais avait procédé à des contrôles à l'été 2018 qui "n'ont pas permis d'identifier des manquements sur la sécurité publique" alors qu'en 2017, des "observations avaient été formulées".

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