Que s'est-il passé au "36" ? Les policiers livrent leur version des faits

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Par Caroline TAIX - Paris (AFP)
Publié le 25 janvier 2019 - 08:32
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Que s'est-il passé au 36 Quai des orfèvres entre 00H40 et 02H00 le 23 avril 2014 ? Au neuvième jour du procès, les deux policiers accusés du viol d'une touriste canadienne ont donné pour la première fois jeudi leur version des faits, très éloignée de celle de la plaignante.

Dans les images de vidéo-surveillance filmées devant le "36", qui ont été diffusées aux assises de Paris, on voit d'abord Antoine Q. entrer dans le célèbre bâtiment, ancien siège de la police judiciaire. Nicolas R. et la Canadienne Emily Spanton fument une cigarette en parlant au planton, avant d'entrer à leur tour dans les locaux à 00H40.

Tout s'est joué dans l'heure suivante, au 5e étage, dans les bureaux de la BRI (Brigade de recherche et d'intervention).

Emily Spanton accuse les deux policiers de l'avoir violée. Ils étaient, selon elle, probablement trois mais la troisième personne n'a pas été identifiée. Les deux accusés, Antoine Q. et Nicolas R, qui encourent 20 ans de réclusion pour "viol en réunion", nient les faits qui leurs sont reprochés.

"Dans l'escalier, on se tient la main", raconte Nicolas R., 49 ans, qui parle d'un moment "festif", "affectueux". Le policier ferme la porte de son bureau "pour plus d'intimité". Des caresses sont échangées. Elle lui aurait dit que, comme lui, elle avait une "sexualité libérée" et ils auraient parlé échangisme.

Il envoie un SMS à un collègue, Sébastien C., à 01H04, qu'il effacera quelques heures plus tard: "ça est une touseuse (partouzeuse, NDLR), dépêche".

"N'est-ce pas une invitation à une partouze?", interroge l'avocat général Philippe Courroye. "Vous êtes-vous assuré que Mme Spanton était d'accord pour un plan à plusieurs?". "Non, mais on ne lui aurait rien imposé", se défend l'accusé. Ce SMS qu'il qualifie de "bête, potache", il n'en a pas parlé à Emily Spanton.

- "Olé olé" -

Sébastien C. est arrivé au "36" à 01H09. Sept minutes plus tard, il fait une vidéo avec son téléphone. Les experts ne sont pas parvenus à reconstituer le contenu de cette vidéo, elle aussi effacée. "Qu'a-t-il filmé ?", interroge le représentant de l'accusation, sans obtenir de réponse des accusés.

Sébastien C. sera entendu comme témoin vendredi.

Nicolas R. admet une "fellation consentie", dans son bureau. Mais "j'ai eu une panne. Je lui ai dit de laisser tomber", affirme-t-il.

Emily Spanton, mécontente, serait alors allée en short, "seins nus", dans le bureau d'en face, où se trouvaient Antoine Q. et Sébastien C. Elle était "olé olé" à ce moment là, affirme Nicolas R.. Elle aurait dansé, demandé à être prise en photo sous le ventilateur auquel était suspendu un string noir.

Nicolas R. a quitté les lieux à 01H35. Elle était toujours "joviale", affirme-t-il.

Pourtant peu après, elle descendra les étages en état de choc, paniquée, en larmes, affirmant avoir été violée, selon les plantons qui travaillaient cette nuit là au "36".

Selon la version de la plaignante, les accusés l'auraient forcée à boire un grand verre de Scotch, alors que tous étaient déjà très alcoolisés, puis elle se serait retrouvée à genoux. Fellations et pénétrations vaginales forcées se seraient succédées.

L'ADN d'Antoine Q. a été retrouvé au fond du vagin d'Emily Spanton. Une fois informé de l'expertise génétique, six mois après les faits, il a admis une pénétration digitale consentie. L'ADN de la plaignante a été retrouvé sur les caleçons d'Antoine Q. et de Nicolas R., tâchés de sperme, alors qu'ils affirment ne pas avoir éjaculé.

Face aux dénégations des deux accusés, l'avocat général a interrogé: "Pourquoi Emily Spanton aurait pris le chemin de croix des victimes pour porter des accusations qui seraient fausses?". "Je ne comprends pas", a répondu Antoine Q. "Je connais pas sa raison, mais elle ment", a dit Nicolas R.

Emily Spanton devrait être interrogée vendredi sur les versions des accusés.

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