Résultats du bac : nécessaire ou scandaleuse, la "solution" de Blanquer divise

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Par Isabelle TOURNÉ - Paris (AFP)
Publié le 04 juillet 2019 - 14:52
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Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer à la sortie de l'Elysée le 24 juin 2019
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© Alain JOCARD / AFP/Archives
Jean-Michel Blanquer a promis que tous les candidats au bac auraient leurs résultats vendredi malgré la grève de correcteurs.
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Jean-Michel Blanquer a promis que tous les candidats au bac auraient leurs résultats vendredi malgré la grève de correcteurs, grâce à la prise en compte du contrôle continu, "la moins mauvaise des solutions" pour certains, une "décision scandaleuse" pour d'autres.

"Tous les élèves de France qui ont passé le baccalauréat auront leurs résultats demain matin", a martelé le ministre de l'Education face à la presse jeudi, pour dissiper les craintes des lycéens et de leurs familles qui redoutent de ne pas avoir leurs notes le jour J.

Pour contraindre le gouvernement à rouvrir des négociations sur les réformes du lycée et du bac qu'ils dénoncent, des professeurs avaient refusé de saisir les notes des candidats mais aussi, pour certains, de rendre les copies.

Jeudi soir seuls "700 correcteurs" grévistes sur les 175.000 mobilisés pour l'examen retenaient encore "autour de 30.000 copies" sur les quatre millions à évaluer, a assuré M. Blanquer.

Un chiffre bien inférieur aux 137.000 copies retenues revendiquées mercredi soir par le collectif "Bloquons Blanquer", qui a voté la reconduite de la grève jeudi et doit se réunir à nouveau vendredi.

"Le phénomène est désormais marginal", a jugé M. Blanquer.

Pour assurer des résultats aux 740.000 candidats au bac à la date prévue, il avait détaillé mercredi une "solution technique" : si certaines notes manquent, ce seront les notes du contrôle continu de l'année qui seront prises en compte pour compléter la moyenne. Et si la note du bac s'avère finalement meilleure, c'est celle-là qui sera conservée.

Ironie du sort, les opposants à la réforme du bac, prévue pour 2021, dénoncent justement un futur examen qui fera la part belle au contrôle continu.

"Nous avons choisi la meilleure des solutions possibles eu égard aux circonstances", a estimé M. Blanquer.

Dans une minorité de cas, certains candidats pourraient se retrouver indument au oraux de rattrapage à partir de lundi, mais "la plus grande rupture d'égalité aurait été que des élèves se trouvent avec des résultats demain et d'autres pas", s'est-il justifié.

- "Mascarade" -

Cette décision a attisé la colère des grévistes, voire de professeurs simplement opposés à la réforme.

Le ministre "a durci fortement la position des profs, l'exaspération est montée très fort" et "on a le plus grand capharnaüm dans les jurys de délibérations" qui se sont tenus jeudi, a assuré Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat des enseignants.

Ces jurys étaient chargés de regarder l'intégralité des notes et de décider si, en cas d'échec, un candidat peut mériter d'être admis ou d'aller au rattrapage.

Le Snes cite en exemple certains couacs : "des levées d'anonymat dans des jurys de l'académie de Versailles ; des jurys qui refusaient de délibérer expulsés par le chef de centre dans le sud de la France ; des notes saisies pendant la nuit par des chefs de centre en région parisienne" sans qu'on ne sache si elles "correspondent au bac ou au contrôle continu" ou encore des "chefs de centre qui voulaient délibérer seuls..."

Mme Rolet a déjà prévenu : "S'il ne se passe rien, le mouvement se poursuivra à la rentrée".

"Une motion syndicale a été lue, invitant à ne pas se prêter à la +mascarade+ organisée par le ministre", a expliqué Maxime, prof de SVT à Créteil. Dans son jury, les notes d'une pile de candidats ont été rentrées. Mais pour un grand nombre de dossiers, "incalculables" en raison de notes manquantes, "on ne sait pas ce qui s'est passé car on a quitté la salle après le vote de la motion".

Le syndicat lycéen UNL a dit dans un communiqué se "questionner sur la légalité de cette façon de procéder".

Retenir la note de contrôle continu, "c'est un drôle de cadeau très démagogique, c'est peu respecter le travail des élèves, le caractère anonyme du bac", déclare à l'AFP Émile Petitjean, prof de philosophie dans la Loire, qui réclame un moratoire sur la réforme. "C'est un gros tour de force qui remet en cause l'équité de cet examen."

Cette édition du baccalauréat a été particulièrement perturbée. Avant la grève des correcteurs, elle avait déjà été entachée par une grève de la surveillance le premier jour des épreuves et par des "suspicions de fuites" de sujets de mathématiques, qui ont aussi connu des coquilles dans les énoncés. Quatre personnes étaient en garde à vue jeudi dans l'enquête sur les fuites.

ito-asm-mb-rfo/epe/spe

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