Sarcasmes et critiques après l'interview "en marche" de Macron

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Par AFP
Publié le 18 décembre 2017 - 18:27
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L'interview présidentielle en forme de déambulation dans les salons de l'Elysée, un format inédit, a suscité sarcasmes et critiques chez des politiques et commentateurs, qui ont raillé des déclarations présidentielles "narcissiques" et un "journalisme couché".

L'émission présentée par Laurent Delahousse était "certes esthétique, mais complaisante, condescendante, narcissique et décalée", selon Geoffroy Didier, secrétaire général des Républicains.

"Quand on compare le ton furieux de L'Emission Politique contre JLMelenchon et le ton mielleux de l'itw de Macron... On s’interroge : Est-ce bien raisonnable ?", a fustigé sur Twitter le député LFI Alexis Corbière.

Pour le socialiste François Kalfon, il flottait comme un "petit parfum d'ORTF", l'ancêtre du groupe France Télévision qu'Emmanuel Macron entend réformer dans les prochains mois.

Cet entretien était carrément une "honte" pour le porte-parole du Front national, Sebastien Chenu : "Emmanuel Macron disait que le service public de l'audiovisuel était une honte. L'itw de Laurent Delahousse en était une sacrée".

L'émission a rassemblé moins de six millions de téléspectateurs, 25% de moins que le 20h de TF1 : "Ce mauvais résultat s'explique par le fait que c'est davantage de politique étrangère qu'il a été question, ce qui intéresse moins les Français", estime Arnaud Mercier, professeur en communication politique à l'Université Paris II.

Beaucoup plus tendu, le premier grand entretien télévisé du quinquennat, le 15 octobre sur TF1, avait rassemblé près de dix millions de téléspectateurs.

- 'Sans mise en danger' -

L'interview enregistrée mardi 12 décembre se voulait en rupture avec les standards télévisuels.

"C’est une interview de fin d’année dans un format très innovant", pas comparable à une interview politique en plateau comme celle de TF1, fait valoir France Télévisions, "c’est un angle différent qui intéresse également les Français".

Mais c'est resté "un exercice très convenu sur le fond: une conversation sans mise en danger ou déstabilisation", pour Marlène Coulomb-Gully, professeur de communication à l'Université de Toulouse-Jean Jaurès.

"Il y a un profond décalage entre le fond et la forme", pointe Arnaud Mercier : "La forme se voulait une façon de renouveler l'exercice alors que les questions et la manière de mener la discussion étaient, quant à elles, très convenues".

"C'est un retour en arrière assez consternant", s'emporte l'historien des médias Alexis Lévrier, à qui "cette interview debout a donné l'impression d'un journalisme couché". "Peu d'interruptions, des moues d'approbation du journaliste. C'était consternant qu'il n'y ait pas de contradiction. C'est aux journalistes de jouer leur rôle", affirme-t-il.

Alors que l'entrevue aurait été organisée "dans la journée" et "de manière spontanée", M. Lévrier souligne que, "dans un contexte de raréfaction de la parole présidentielle, les chaînes de télévision vont se battre pour accepter les conditions que (l'Elysée) fixera, mais il y a un vrai enjeu de crédibilité pour elles".

"Le président est dans sa logique. Le problème, c'est le dispositif journalistique qui est en face", dit-il.

Contrairement à François Hollande, Emmanuel Macron limite ses contacts avec les médias nationaux, préférant s'exprimer sur les réseaux sociaux, voire des chaînes internationales, comme CNN en septembre.

Mais pour Arnaud Mercier, le chef de l'Etat "est rattrapé par la réalité qui est que pour toucher un maximum de Français, il a besoin des médias car avec les réseaux sociaux, on ne s'adresse qu'à un cercle restreint de gens qui nous sont plutôt favorables".

C'était seulement le deuxième entretien présidentiel télévisé en sept mois mais "tout ce qui est rare n'est pas précieux", a relevé Médiapart, éreintant une "interview debout, journalisme couché" et "le naufrage du journalisme".

Alors que France 2 a fourni une réalisation très soignée, avec des plans étudiés jusqu'à fournir des images en miroir, M. Lévrier critique "une erreur de communication majeure de la part de France Télévisions" qui "donne l'impression d'une reprise en main de l'audiovisuel public".

Mais "l'idée d'un questionnement incisif n'est pas du tout dans les mœurs professionnelles, cela fait même partie de la culture professionnelle du journalisme politique français", estime Arnaud Mercier.

Le correspondant anglophone de Reuters à l'Elysée, Michel Rose, était accablé sur Twitter : on a vu "le pire du journalisme de déférence à la française", selon lui.

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