Télétravail, classe à la maison... les parents parfois soumis à rude épreuve

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Par Anne-Sophie MOREL - Paris (AFP)
Publié le 28 mars 2020 - 12:11
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Xavier aide ses enfants Jeanne et Marceau alors qu'ils font école à la maison, à Mulhouse le 17 mars 2020
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© SEBASTIEN BOZON / AFP
Xavier aide ses enfants Jeanne et Marceau alors qu'ils font école à la maison, à Mulhouse le 17 mars 2020
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Avec l'enseignement à distance, les parents d'élèves font "ce qu'ils peuvent", entre télétravail et tâches ménagères, pour maintenir une continuité scolaire à la maison, décrivant parfois une mission "quasi ingérable" à assumer.

"Dès les premiers jours, on a reçu plein de directives pour les devoirs, une charge de travail importante, des choses à rendre dans des délais courts, ça met la pression à tout le monde", regrette Marie, maman d'Elodie, élève de 4ème dans un collège de Paris.

Pour cette mère de famille qui continue son travail de conseillère en communication depuis la maison, "la clé du succès repose sur l'organisation mais avec des petits de 5 et 3 ans par ailleurs à gérer, tout part vite à vau-l'eau", ajoute-t-elle. Et parfois, "c'est quasi ingérable, on pète un plomb", lâche-t-elle.

Même chose pour Valérie, maman d'une enfant en 5ème et de jumeaux en CM2, scolarisés dans le Vaucluse. "La classe à la maison prend énormément de temps, les exercices ne sont pas lisibles sur tous les ordinateurs, du coup, ce qui doit prendre 45 minutes en prend le double", affirme cette mère de famille en "surébullition la semaine dernière avec tout à mener de front à la maison".

"Là, les enfants commencent à comprendre que ce confinement n'est pas synonyme de vacances et y mettent plus de bonne volonté", se rassure-t-elle.

Selon Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, "la majorité des parents font ce qu'ils peuvent: il y a le télétravail, la maison à gérer et sans doute que les enseignants ont demandé trop de choses au début dès la première semaine, il faut donc maintenant réajuster", propose-t-elle.

C'est d'ailleurs ce qu'a proposé lui-même le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer cette semaine.

La première semaine "a été très volontariste; le retour qu'on a eu de la part de beaucoup c'était que parfois il y a même eu une surcharge de travail pour les élèves", a-t-il avoué vendredi sur TF1.

- "Réguler la situation"-

"Nous allons réguler la situation de façon à ce que nous puissions planifier les prochaines semaines de manière équilibrée pour l'ensemble des élèves de France", a même concédé le ministre mercredi interrogé à l'Assemblée nationale.

Pour Stéphane Crochet, secrétaire général du SE Unsa, "c'est le discours du ministre (Blanquer) qui a engendré cette pression, car il a tout de suite parlé de la nécessaire continuité pédagogique. Chez les profs, cela a créé un peu d'affolement, avec la peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir placer le curseur entre les acquis à revoir et les nouveaux apprentissages à lancer", explique-t-il.

"Nous demandons au ministre de dire explicitement qu'il faut garder des objectifs modestes. Car la grande crainte c'est le creusement des inégalités", a-t-il lancé.

Alexandra, 13 ans, en classe de 5ème dans un collège privé du Val-de-Marne cite en exemple "la prof de maths" qui depuis le début du confinement "donne vraiment plus de devoirs que les autres enseignants, c'est un peu beaucoup, ça stresse", témoigne cette "bonne élève" selon sa maman.

"La prof de français vient même de nous envoyer 65 exercices à faire, on ne sait pas pour quand", glisse cette adolescente, un peu perdue.

"Pour certains, c'est la douche froide car on leur demande jamais autant en cours. Là, ils sont tous seuls devant leurs ordinateurs, ils galèrent...", raconte Coline, professeure d'histoire-géographie dans un collège en Seine-Saint-Denis.

"Le problème, c'est qu'au collège, avec 10 profs différents, on a 10 façons de faire différentes aussi et donc au bout d'un moment ni l'enfant ni les parents ne comprennent ce qu'il faut vraiment faire et alors ça crie et ça a beaucoup crié la première semaine", confie Julie, maman d'une collégienne en 5ème à Vincennes près de Paris.

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