"Tueur de la gare de Perpignan" : plongée dans l'horreur du meurtre de Moktaria

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Par Hervé GAVARD - Perpignan (AFP)
Publié le 13 mars 2018 - 18:24
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Les jurés se sont figés, bouleversés, choqués, devant les photos du cadavre de Moktaria Chaïb: mardi, la cour d'assises des Pyrénées-Orientales s'est plongée dans l'horreur du premier viol et meurtre du "tueur de la gare de Perpignan".

Jacques Rançon a gardé les yeux fixés au sol pendant que sur l'écran, tourné uniquement vers la cour et les avocats, défilent les clichés du cadavre de l'étudiante de 19 ans, retrouvée en décembre 1997 dans un terrain vague, entièrement dénudée, les seins et les parties génitales découpées de façon quasi-chirurgicale.

Alors qu'il se disait incapable de prendre la parole, l'accusé a finalement relaté ses crimes pendant près de 45 minutes mardi, au 6e jour de son procès.

"J'ai croisé Moktaria un soir", dit-il d'une voix faible, reconnaissant avoir été ce soir-là à la recherche d'une fille.

"J'ai sorti mon couteau, on a traversé la route, je l'ai forcée à se déshabiller dans un terrain vague. Je l'ai fait s'allonger au sol et je me suis mis sur elle", poursuit l'accusé, debout dans le box. "J'ai essayé, essayé, j'ai pas réussi, elle me repoussait, elle se débattait", dit Jacques Rançon dont la tentative de pénétration restera vaine.

C'est quand la victime lui dit qu'elle va appeler la police qu'il lui porte 12 coups de couteau.

Vient alors le plus terrible : "Je l'ai découpée. J'ai mis les morceaux dans un sac, je l'ai jeté dans une bouche d'égout. Et je suis rentré à l'hôtel".

C'est la "panique" qui l'a poussé à frapper autant de fois, assure-t-il ou quand il a découpé le corps. "J'ai coupé sans réfléchir", en une dizaine de minutes. "Je pensais à rien, affirme-t-il, j'agissais".

Ce qui semble irréalisable aux yeux d'un spécialiste en gynécologie, le docteur Francis Carlus, qui a relevé "la minutie", digne d'un acte chirurgical, avec laquelle les incisions sur les glandes mammaires ou la région pelvienne ont été pratiquées.

Ces coups de couteau constitueraient-ils le "paroxysme" de l'excitation ? interroge le président Régis Cayrol. Les avocats de Rançon parviennent à clarifier les réponses de leur client: son plaisir s'arrête au moment où il porte les coups de couteau.

-"jeunes, innocents"-

Face à l'accusé, sur le banc des parties civiles, le frère de Moktaria écoute l'accusé, des lunettes noires sur le nez. Il écoute la lecture du compte-rendu de l'autopsie et des détails sur les amputations subies par sa soeur. Mais il évite de regarder les photos du cadavre de sa soeur ou le film de la reconstitution, diffusé dans un silence total.

Rançon reste inerte, les yeux fixés au sol. Lui non plus n'a pas regardé les photos, ni le film de la reconstitution ni celui où l'on voit la jeune fille lors de soirées ou de fêtes chez des amis.

Une jeune femme fine, brune aux cheveux frisés, à l'enfance difficile, "qui a mené un combat toute sa vie pour devenir une femme épanouie", révèle à la barre Claire Charpentier, qui a enquêté sur la personnalité de Moktaria.

Elle avait décidé de ne plus retourner chez son père: elle était destinée à être mariée en Algérie. Elle voulait devenir infirmière, travaillait pour financer ses études, avait trouvé un studio. "Elle est morte l'année de sa renaissance", dit Mme Charpentier.

C'est à la demande expresse d'un témoin, la meilleure amie de Moktaria, que Rançon consentira à lever les yeux.

Moktaria "avait des choses magnifiques à accomplir", dit Sabine Lopez-Ottavy. "C'était quelqu'un de bien, on avait des projets, un avenir ensemble, on avait des rêves. On était à rien d'y arriver. Jusqu'au jour où..." dit-elle en fixant Rançon.

Avec leur ami Brice, chez qui Moktaria avait passé sa dernière soirée, "on était une bande de jeunes, innocents. On s'est retrouvés devant quelque chose qui nous a brisés à jamais", poursuit la jeune femme.

L'émotion a soudainement gagné la salle d'audience, du public jusqu'à l'avocat général. Sur le banc des parties civiles, Conception Gonzalez s'essuie les yeux. Mercredi, la cour se penchera sur le meurtre et le viol en juin 1998 de sa fille, Marie-Hélène, retrouvée décapitée, amputée des mains, les parties génitales découpées. Crimes avoués par Rançon.

Verdict le 26 mars.

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