Un chauffard condamné à la perpétuité pour la meurtre d'un gendarme en Ariège

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Par Marisol RIFAI - Foix (AFP)
Publié le 10 mai 2019 - 17:33
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Le regard dur, Loïc Gekiere, 33 ans, reste impassible à l'annonce du verdict: il vient d'être condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de Christian Rusig, un major de gendarmerie qu'il a fauché lors d'un contrôle routier en Ariège en 2016.

Le délinquant multirécidiviste au parcours de vie chaotique a été reconnu coupable d'homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique, et avec pour objet de favoriser sa fuite, deux circonstances aggravantes retenues par les jurés de la cour d’assises de l'Ariège qui ont suivi les réquisitions de l'avocat général Laurent Dumaine.

Il a également été condamné à une période de sûreté de 20 années, un suivi socio-judiciaire de cinq ans au moment de sa libération, et une privation de 10 ans de ses droits civiques.

A l'annonce du verdict, l'émotion et le soulagement étaient palpables dans une salle d'audience pleine, où les collègues du major Rusig étaient venus en nombre soutenir sa veuve et sa fille.

Christian Rusig avait 55 ans et était à un mois de la retraite quand il a perdu la vie le 26 novembre 2016. Son corps a été écrasé par le véhicule que conduisait Loïc Gekiere et traîné sur plusieurs mètres. Il était décédé à l'hôpital quelques heures plus tard.

La perpétuité, "c'est dans l'ordre des choses. Une décision grave à la mesure de la gravité des faits", a réagi auprès de l'AFP l'avocat de la partie civile, Laurent De Caunes.

L'ex-compagne de Loïc Gekiere, de neuf ans sa cadette et à ses côtés dans la voiture au moment des faits, a été acquittée. Elle comparaissait pour "complicité de conduite sans permis de conduire et circulation d'un véhicule (le sien, NDLR) sans assurance".

L'avocat général avait estimé la veille qu'au moment des faits elle ne pouvait pas s4opposer à Loïc Gekiere car elle était "sous son emprise".

- "Je ne l'ai pas vu" -

Quelques heures avant le verdict, Loïc Gekiere, dont l'attitude provocatrice tout au long du procès lui avait valu une expulsion le premier jour lundi, est apparu hagard dans le box des accusés. Il a présenté ses excuses à la famille du major Rusig, tout en maintenant sa position sur les faits.

"Il ne faut pas croire que je suis quelqu'un de dangereux. Oui je monte vite dans les tons, mais ce fameux soir, je voulais juste prendre la fuite car j'en ai marre d'être loin de ma famille", avait-il lu à la cour, sur un bout de papier gribouillé à la main.

Le jour du drame, M. Gekiere avait tenté d'échapper à un contrôle routier car il roulait sans permis de conduire, mais surtout parce qu'il encourait la prison pour récidive de violation d'une interdiction de séjour en Ariège.

A ce moment-là, il avait déjà cumulé 12 ans de prison et avait été condamné 27 fois, notamment pour des faits de vols en réunion, violence aggravée ou menaces de morts envers les forces de l'ordre.

"Je vous jure sur ma vie et celle de ma famille que je n'ai pas vu le major Rusig", a répété vendredi Loïc Gekiere.

La veille, son avocate, Me Meriem Mendil, a plaidé son acquittement, faisant valoir la cause accidentelle.

"L'enquête a montré qu'il n'y avait aucune trace de choc sur le devant du véhicule, ni sur les jambes ou le bassin" du gendarme, a-t-elle affirmé, émettant l'hypothèse qu'à ce moment-là le major Rusig ait fait une chute en sortant de sa voiture, qu'il ait été à terre et que Loïc Gekiere ne l'ait pas vu.

L'avocate s'est aussi attardée sur l'enfance particulièrement difficile de son client, dont le père, alcoolique, était violent à l'égard de sa femme et de ses enfants. A 12 ans, le garçon avait été placé en institution.

Vendredi après le verdict, Me Mendil n'était pas mesure d'affirmer si Loïc Gekiere allait faire appel.

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