Vivre sous la menace du virus dans la France rurale

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Par Marjorie BOYET - Bas-en-Basset (France) (AFP)
Publié le 29 octobre 2020 - 07:45
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Le marché presque désert de Bas-en-Basset, le 28 octobre 2020 en Haute-Loire
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© Thierry ZOCCOLAN / AFP
Le marché presque désert de Bas-en-Basset, le 28 octobre 2020 en Haute-Loire
© Thierry ZOCCOLAN / AFP

"Les gens ont peur de sortir": l'ambiance est morose sur le marché de Bas-en-Basset, un bourg planté au cœur de la campagne de Haute-Loire, dans le centre est de la France, où le taux d'incidence du virus atteint des sommets.

Les rares clients, masqués, ne s’éternisent pas.

"Ils prennent ce dont ils ont besoin et repartent", se lamente Sandra Richard, devant le plat de truffade qu'elle propose à la vente, un plat régional à base de pommes de terre et de fromage.

Dans cette petite ville de 4.350 habitants, le taux d'incidence de la Covid-19 a atteint ces derniers jours 1.302 cas pour 100.000 habitants, en faisant de cette commune la troisième la plus touchée de France.

"Ca m'a étonné", admet Lucas Pizzetta, un quincailler de 21 ans, qui observe une baisse de fréquentation depuis "trois ou quatre semaines". Soit depuis la découverte d'un cluster dans la maison de retraite médicalisée de la commune.

Vendeur de vêtements, Omar Belachoui, 59 ans, constate la même crainte du virus sur "tous les marchés" de la région de Saint-Étienne sur lesquels il travaille.

À rebours du sentiment ambiant, une fringante octogénaire rouspète : "Tout est fermé, c'est exagéré !", dit celle qui se voit privée de ses sorties, notamment pour aller danser.

Son masque cousu main tombant sur sa bouche, elle montre, exaspérée, les messages de prévention de ses enfants et ceux angoissés de ses amies, qui ont récemment décliné son invitation à une après-midi peinture à son domicile.

L'angoisse générale peut avoir été nourrie par le foyer de contamination découvert à la maison de retraite locale, où 55 cas positifs ont été détectés depuis début octobre, selon le maire Guy Jolivet.

- "Instant T" -

L'autre "possibilité d'entrée du virus" est liée à la situation géographique de Bas-en-Basset.

"Nous sommes aux portes" des fleuves "de la Loire et du Rhône et il y a une multitude de Bassois qui vont travailler à Firminy, Saint-Étienne, jusqu'à Lyon, voire plus loin", relève l'édile.

Bas-en-Basset se trouve à 40 minutes de voiture de Saint-Étienne, la métropole de France la plus durement touchée par l'épidémie.

M. Jolivet estime toutefois que le taux d'incidence sur la commune devrait redescendre et qu'il est dangereux de se baser uniquement sur cet indicateur.

L'Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes prévient que "les taux d’incidence à l’échelle communale sont observés à un instant T, avec parfois des majorations temporaires qui peuvent être observées et qui fluctuent très vite".

"La majoration des taux s’explique souvent par des situations locales", comme la présence d’un ou plusieurs clusters.

Ce n'est pas une "problématique propre" à la commune qui a engendré cette flambée du taux d'incidence, selon M. Jolivet. Il précise que les événements festifs ont été annulés par anticipation.

Dans les rues de Bas-en-Basset, la perspective du reconfinement à venir ne fait que saper le moral des habitants en cette grise journée.

Devant son stock de chrysanthèmes, une fleuriste, qui a requis l'anonymat, assure que si on lui "interdit de travailler", elle "déballera sa marchandise illégalement" - "avec la boule au ventre" - la Toussaint constituant l'un des pics de son activité.

"Si on nous reconfine, on respectera mais c'est déprimant", se désole près d'un étal de légumes Lydie, une assistante maternelle de 55 ans, qui craint de rester éloignée de ses enfants qu'elle ne "pouvait voir que les week-ends".

"L'essentiel, c'est de trouver une solution", espère-t-elle.

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