Abdel Fattah al-Sissi, l'incontestable maître de l'Egypte

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Par Emmanuel PARISSE - Le Caire (AFP)
Publié le 29 mars 2018 - 14:06
Mis à jour le 02 juin 2018 - 16:10
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Photo distribuée par la présidence égyptienne montrant le chef de l'Etat égyptien lors d'un discours le 30 juin 2017 au Caire
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© Handout / EGYPTIAN PRESIDENCY/AFP
Photo distribuée par la présidence égyptienne montrant le chef de l'Etat égyptien lors d'un discours le 30 juin 2017 au Caire
© Handout / EGYPTIAN PRESIDENCY/AFP

Artisan de la stabilité pour les uns, autocrate décrié pour les autres, l'ex-maréchal Abdel Fattah al-Sissi, a écrasé tous ses opposants depuis 2013 pour devenir le maître incontestable de l’Egypte.

M. Sissi a prêté serment samedi devant le Parlement, entamant un deuxième mandat de quatre ans après avoir été réélu en mars avec 97,08% des voix validées, n'affrontant aucune opposition véritable.

Après avoir écarté du pouvoir son prédécesseur islamiste Mohamed Morsi en 2013 à la faveur de manifestations de masse, l'homme fort du pays s'était déjà fait élire confortablement en 2014 (96,9%).

En quatre ans de présidence, cet allié des puissances occidentales a réduit au silence l'opposition islamiste, mais aussi libérale, emprisonnant des centaines de voix considérées comme dissidentes. L'Union européenne vient de dénoncer une nouvelle vague de répression d'opposants et de personnalités de la société civile ces derniers mois.

A 63 ans, désormais vêtu de costumes sobres, l'ex-maréchal aux lunettes noires ne ressort que rarement sa tenue militaire.

Omniprésent à la télévision et dans les médias, il aime prendre la parole en public, tantôt pour une inauguration, tantôt pour un forum avec des jeunes ou encore pour une commémoration. Il déclame de longues tirades d'une voix chaude, parfois ponctuée de rires, avec toute l'attention d'un auditoire déférent.

D'un ton paternaliste, M. Sissi est capable de décrire les Egyptiens comme la prunelle de ses yeux, assurant qu'il n'est qu'un simple serviteur de son pays.

Soutenu par des médias quasi-unanimes, le chef de l'Etat reste populaire auprès de nombreux Egyptiens, lassés par les années de chaos après la révolte populaire qui chassa du pouvoir Hosni Moubarak en 2011, et qui voient en lui le seul homme capable d'assurer la stabilité.

Il a lancé l'armée à l'assaut du Sinaï, cette péninsule désertique bastion de la branche égyptienne du groupe jihadiste Etat islamique (EI), échouant toutefois à enrayer la vague d'attaques qui a fait des centaines de morts dans le pays.

Sur le front économique, il a lancé un programme de réformes longtemps ajourné, s'attaquant notamment aux très populaires subventions étatiques. Malgré une hausse des prix foudroyante, aucune contestation sérieuse n'est venue perturber son règne.

De petites manifestations en mai contre la hausse des prix du ticket de métro ont rapidement été tuées dans l'oeuf après l'arrestation d'une trentaine de personnes.

- Très directif -

Né en novembre 1954, cet enfant du quartier de Gamaliya dans le vieux Caire islamique cher au Nobel de littérature Naguib Mahfouz, Abdel Fattah al-Sissi a été un enfant déjà très directif avec les autres, selon ceux qui l'ont connu à l'époque.

Diplômé de l'académie militaire en 1977, il a ensuite étudié en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, avant de devenir chef du renseignement militaire sous Moubarak.

En 2013, ce militaire est apparu sur le devant de la scène, lançant une répression sanglante contre les pro-Morsi, se soldant par la mort de centaines de manifestants islamistes et l'arrestation de centaines, dont le président déchu lui-même, qui ont ensuite été condamnés dans des procès de masse expéditifs.

Ironie du sort, c'est Mohammed Morsi lui-même qui avait nommé M. Sissi ministre de la Défense et commandant en chef de l'armée en 2012.

Les militants laïcs et de gauche ayant soutenu l'éviction de M. Morsi en sont vite venus à regretter leur choix: M. Sissi a régulièrement été accusé par les ONG internationales de graves violations des droits de l'Homme.

Lors de sa campagne pour la présidentielle de 2014, il avait estimé que "parler de libertés" ne devait pas primer sur la "sécurité nationale" avant d'affirmer publiquement qu'il faudrait "20 à 25 années pour instaurer une vraie démocratie" en Egypte.

Père de quatre enfants, M. Sissi est décrit par son entourage comme un homme pieux accomplissant ses cinq prières quotidiennes et dont l'épouse porte le voile.

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