Adoré ou détesté, Saleh a profondément marqué les Yéménites

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Par AFP
Publié le 05 décembre 2017 - 19:47
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L'ex-président yéménite Ali Abdullah Saleh, le 10 mars 2011 à Sanaa
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© MOHAMMED HUWAIS / AFP/Archives
L'ex-président yéménite Ali Abdullah Saleh, le 10 mars 2011 à Sanaa
© MOHAMMED HUWAIS / AFP/Archives

Il était adoré, détesté ou redouté: à l'annonce de la mort d'Ali Abdallah Saleh dans des circonstances violentes, de nombreux Yéménites ont exprimé un même sentiment de choc car ils n'ont jamais connu le pays sans lui.

Personnage central de l'Etat pendant plus de trois décennies, l'ex-président yéménite a été tué lundi par des rebelles Houthis quelques jours après avoir rompu son alliance avec ces insurgés soutenus par l'Iran.

La nouvelle de sa mort a provoqué jubilation, chagrin et peur d'une escalade de la violence dans la capitale Sanaa, où des affrontements entre les Houthis et les partisans de Saleh ont fait 234 morts et 400 blessés depuis vendredi selon le Comité international de la Croix-Rouge.

Des habitants ont commencé à sortir de chez eux mardi, pour la première fois depuis près d'une semaine, alors que les affrontements de rue se calmaient et que les raids aériens dirigés par l'Arabie saoudite sur des cibles Houthis baissaient d'intensité.

Pour certains, c'était la première sortie depuis la mort de Saleh.

"Bien que je haïssais Ali Abdallah Saleh, j'ai pleuré quand j'ai appris que les Houthis l'avaient tué. Cela m'a choqué", a dit Omar Yahya, un pharmacien de 29 ans né et élevé à Sanaa sous le règne de Saleh.

Ce dernier a en effet accédé au pouvoir en tant que dirigeant du Yémen du Nord en 1978 et a été nommé premier président du Yémen unifié en 1990.

Longtemps l'allié de l'Arabie saoudite, Saleh a démissionné à contrecœur en 2012 alors que des protestations de rue réclamant son départ devenaient de plus en plus sanglantes.

Deux ans plus tard, il s'est allié aux Houthis, issus de la minorité zaïdite (une branche du chiisme), très présente dans le nord du Yémen, alors qu'il les avait violemment combattus sous sa présidence.

Cette alliance scellée en septembre 2014 a permis de chasser de la capitale le successeur de Saleh, le président Abd Rabbo Mansour Hadi, reconnu par la communauté internationale et soutenu par l'Arabie saoudite.

- "Comme un père" -

L'alliance Saleh/Houthis, mise à l'épreuve par des différends sur l'argent, le partage du pouvoir et la stratégie, a volé en éclats samedi quand l'ex-président a annoncé qu'il était prêt à "tourner la page" avec l'Arabie saoudite, entraînant des accusations de "haute trahison" de la part des rebelles.

Pour beaucoup, l'ex-président --accusé de corruption par l'ONU et de discriminations par des Yéménites du Nord et du Sud-- était un symbole d'oppression car ils le jugent responsable de la situation actuelle du pays, en guerre, ravagé par des épidémies et au bord de la famine.

"Grâce à Dieu, tout est stable maintenant et tous les postes des milices (pro-Saleh) sont sous notre contrôle", a déclaré Abou Ali, un combattant Houthi à Sanaa.

"Ne croyez pas les médias", a-t-il ajouté. "Regardez autour de vous. Les habitants se déplacent librement. La peur et l'inquiétude qui existaient dans notre capitale ont disparu (...)".

Ali Abdallah Saleh "était comme un père pour nous", a dit Oum Mohammed, 45 ans. "Les Houthis l'ont tué, mais il sera vengé".

Pour une autre femme, Oum Ali, 35 ans, "c'est le peuple du Yémen qui a tué Ali Abdallah Saleh".

"Il s'est levé pour défendre les droits (des Yéménites) pendant qu'eux restaient assis chez eux", a-t-elle assuré.

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