Affaire Skripal : départ des diplomates russes expulsés par Londres

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Par Ouerdya AIT ABDELMALEK - Londres (AFP)
Publié le 20 mars 2018 - 16:23
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Des diplomates russes ont quitté valise à la main leur ambassade mardi, à l'expiration de l'ultimatum fixé par Londres pour sortir du pays en rétorsion à l'empoisonnement d'un ex-espion russe.

"Nous sommes en train de mettre en œuvre les mesures que la Première ministre (Theresa May) a annoncées la semaine dernière et nous continuons d'en envisager d'autres", a déclaré un porte-parole de l'exécutif britannique après une réunion à Londres du Conseil national de sécurité, mais sans rien annoncer pour le moment.

Et l'affaire n'a pas été évoquée par le président américain Donald Trump lors d'un entretien téléphonique avec son homologue russe Vladimir Poutine, selon le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.

Theresa May avait dévoilé la semaine dernière une série de mesures contre Moscou, l'accusant d'être responsable de l’attaque à l’agent innervant menée contre l’ex-agent double Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Ioulia, 33 ans, à Salisbury dans le sud-ouest de l'Angleterre, le 4 mars.

L'expulsion de 23 diplomates était la plus symbolique. Quittant l'ambassade de Russie, plusieurs dizaines de personnes, y compris des enfants, accompagnées aussi de leurs animaux domestiques, sont montées à bord de véhicules à plaque diplomatique, ont constaté des journalistes de l'AFP.

En réponse, Moscou avait décidé samedi d'expulser 23 diplomates britanniques et de fermer le British Council, instrument du rayonnement culturel britannique à travers le monde.

La Russie va convoquer mercredi les ambassadeurs étrangers accrédités sur son territoire pour présenter son "point de vue" dans cette affaire, a annoncé la porte-parole de la diplomatie russe.

- Des mois d'enquête -

Les dirigeants de l'Union européenne de leur côté sont prêts à se "coordonner sur des mesures" à prendre contre la Russie si elle ne coopère pas à l'enquête, révèle un projet de déclaration préparé pour leur sommet jeudi et vendredi à Bruxelles et vu mardi par l'AFP.

Le texte ne fait toutefois pas explicitement mention de sanctions. Les Etats-membres sont en effet divisés sur les mesures de rétorsion et l'adoption de sanctions requiert l'unanimité, souligne-t-on de source diplomatique.

Les ministres des Affaires étrangères de l'UE, réunis lundi à Bruxelles, ne sont d'ailleurs pas parvenus à s'entendre sur ce point. La Grèce a même obtenu la réécriture de la déclaration des ministres pour atténuer la responsabilité de la Russie, a-t-on appris de source diplomatique.

Le projet de déclaration précise simplement que "l'Union européenne condamne avec la plus grande fermeté" l'attaque ayant visé l'ancien agent double et sa fille.

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a aussi appelé Vladimir Poutine à "rétablir" une coopération pour "la sécurité du continent" européen, dans une lettre de félicitations à l'occasion de sa réélection pour un quatrième mandat.

Quant aux deux victime, elles sont plongées "dans le coma depuis le 4 mars", a indiqué le ministre britannique des Affaire étrangères Boris Johnson, dans une tribune dans le Telegraph. Jusqu'ici, la police avait indiqué qu'ils étaient dans un état critique, sans détail.

Neil Basu, le nouveau chef de l'antiterrorisme britannique, a expliqué que l'enquête pourrait prendre "des semaines, voire des mois". "Nous avons récolté environ 400 témoignages. Nous en avons d'autres encore à recueillir. Nous avons rassemblé près de 800 indices et avons visionné 4.000 heures de vidéos", a-t-il détaillé sur la BBC.

- Le "système" Novitchok -

Londres considère que la Russie a commandité cette attaque commise au moyen d'un agent neurotoxique de la famille des "Novitchok", fabriqué selon les Occidentaux par son complexe militaire.

Lundi, Moscou a réclamé à Londres des "preuves" à l'appui de ses accusations ou des "excuses".

Le Kremlin affirme même qu'aucun programme du nom de "Novitchok" n'a existé mais un scientifique a raconté mardi à un média d'Etat russe avoir participé à la conception de ces redoutables agents toxiques.

"Le Novitchok n'est pas une substance, c'est tout un système d'armes chimiques", a expliqué Leonid Rink dans un entretien avec l'agence de presse d'état Ria-Novosti, qui le présente comme l'un des concepteurs de ce programme datant de l'époque soviétique.

Cette phrase a toutefois... disparu quelques heures plus tard du site de l'agence, qui a amendé le texte où le chimiste est désormais présenté comme "l'un des concepteurs de l'agent toxique qui a reçu le nom de +Novitchok+ en Occident".

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