Attentat contre une mosquée du sud des Philippines : deux morts

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Par Joshua MELVIN - Manille (AFP)
Publié le 30 janvier 2019 - 05:52
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L'intérieur d'une mosquée de Zamboanga (sud des Philippines) après une attaque à la grenade, le 30 janvier 2019
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© STR / AFP
L'intérieur d'une mosquée de Zamboanga (sud des Philippines) après une attaque à la grenade, le 30 janvier 2019
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Deux personnes ont été tuées mercredi dans une attaque à la grenade contre une mosquée du Sud des Philippines, quelques jours après un sanglant attentat dans une cathédrale et un vote favorable à l'autonomie des musulmans de la région, selon les autorités.

Des responsables politiques ont appelé à l'unité interreligieuse dans l'archipel à très grande majorité catholique, les autorités soulignant que rien ne faisait croire que cette nouvelle attaque avait été commise en représailles à celle perpétrée contre la cathédrale.

Les deux victimes ont été tuées alors qu'elles dormaient dans la mosquée de Zamboanga, une grande agglomération de l'extrême sud-ouest de l'île de Mindanao qui compte une très forte minorité musulmane.

Bon nombre de vitres de l'édifice religieux ont été brisées. A l'intérieur, des traces de sang étaient visibles sur des tapis de prière.

Trois jours auparavant, pendant la messe du dimanche, la cathédrale de l'île de Jolo a été la cible d'un attentat revendiqué par le groupe Etat islamique.

L'île de Jolo, un bastion du mouvement islamiste Abou Sayyaf, se trouve à 150 km au sud-ouest du grand port de Zamboanga.

L'attaque contre la mosquée a également fait quatre blessés, a dit à l'AFP le lieutenant-colonel Gerry Besana, porte-parole régional de l'armée.

- Pas de suspect -

"Il est difficile de dire qu'il s'agit de représailles" à l'attentat contre la cathédrale, a-t-il averti. "Il y a beaucoup d'explications possibles."

"Nous enquêtons toujours mais nous n'avons trouvé aucune connexion", a renchéri le ministre de la Défense Delfin Lorenzana. "Dans le passé, quand des églises ont été attaquées, il n'y a pas eu d'actions de représailles".

Les autorités n'ont identifié publiquement aucun suspect et l'attaque n'a pas été revendiquée.

"Quelle que soit la foi de chacun, nous ne devons pas être les victimes du cercle vicieux de la violence que ces terroristes tentent de créer", a déclaré sur Twitter Zia Alonto Adiong, un homme politique local. "Ne tombons pas dans leur piège et ne leur donnons pas la satisfaction de devenir ennemis (catholiques et musulmans)".

Les autorités, qui cherchent aussi les auteurs de l'attaque de la cathédrale, avaient initialement affirmé que celle-ci n'était pas un attentat-suicide. Mais le président philippin Rodrigo Duterte a contredit mardi cette affirmation en avançant qu'un kamikaze s'était bien fait exploser dans l'édifice.

Dans un communiqué, le groupe EI avait affirmé que deux kamikazes s'étaient fait exploser à l'intérieur de la cathédrale et dans le parking à l'extérieur, selon le Centre américain spécialisé dans la surveillance de la mouvance jihadiste (SITE).

L'enquête se concentre actuellement sur un groupe ayant partie liée aux islamistes d'Abou Sayyaf. Les autorités estiment que l'attentat est vraisemblablement l'oeuvre de la faction Ajang-Ajang, un groupe de quelques dizaines de membres, et était motivé par la vengeance après la mort de leur chef l'année dernière.

- "Blasphématoires" -

Cette attaque, l'une des plus sanglantes de ces dernières années aux Philippines, est une gifle aux années d'efforts de paix qui ont culminé la semaine dernière par le référendum local qui a largement validé la création d'une nouvelle région autonome appelée Bangsamoro.

Ce processus de paix vise à tourner la page de décennies de violences dans le Sud, où des musulmans avaient pris les armes dans les années 1970 pour réclamer l'autonomie ou l'indépendance dans ce qu'ils considèrent comme leur terre ancestrale. Cette insurrection a fait 150.000 morts.

Le principal groupe rebelle, le Front Moro islamique de libération (Milf), avait signé en 2014 un accord de paix avec le gouvernement prévoyant d'octroyer l'autonomie à la minorité musulmane dans certaines parties de la grande île de Mindanao et des îles de l'extrême sud-ouest.

Mais ce processus de paix n'implique pas les factions radicales alignées sur l'EI.

L'île de Jolo, qui abrite beaucoup d'entre elles, est le seul secteur qui ait rejeté lors du référendum la création de la région Bangsamoro.

L'attaque de mercredi a déjà été largement condamnée. "Il n'y a pas de rédemption pour de tels meurtres blasphématoires. Attaquer des gens sur leur lieu de prière est la forme la plus élevée de lâcheté et d'obscénité", a déclaré Mujiv Hataman, un responsable régional.

"Nous appelons toutes les religions (...) à se rassembler pour prier pour la paix."

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