Birmanie : l'ONU déplore la persistance de menaces et tensions avec les Rohingyas

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Par Philippe RATER - Nations unies (Etats-Unis) (AFP)
Publié le 13 février 2018 - 19:55
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L'ONU a déploré mardi la persistance de menaces et tensions en Birmanie contre les Rohingyas, lors d'une rare réunion publique du Conseil de sécurité sur la crise humanitaire provoquée par la fuite de cette minorité musulmane vers le Bangladesh.

"Depuis cinq mois, le flux est sans interruption", a résumé le sous-secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires politiques, Miroslav Jenca. Rappelant les trois exigences du Conseil de sécurité --arrêt des violences, accès humanitaire et retour des réfugiés--, il a ajouté que "tout n'a pas été mis en oeuvre".

"Les menaces demeurent comme les tensions" et "nous sommes préoccupés par la protection de ceux qui rentreront" en Birmanie, a-t-il précisé.

L'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, a dénoncé des "massacres", des "charniers" et des "enterrements de personnes vivantes". "Les rapports sur la Birmanie nous brisent le coeur", a-t-elle dit, en qualifiant certains actes de "barbares".

Des réfugiés regrettent d'être revenus en Birmanie, a renchéri le Haut commissaire de l'ONU aux Réfugiés, Filippo Grandi, lors d'une liaison vidéo avec le Conseil de sécurité. "Les conditions ne sont pas encore propices au rapatriement volontaire des réfugiés Rohingya", a-t-il estimé.

Il a aussi confirmé que des réfugiés continuaient d'affluer au Bangladesh. "Les rapports sur des violences continuent" et "il est important que les frontières continuent d'être ouvertes" pour permettre à ces gens de fuir, a-t-il dit.

"L'accès humanitaire continue d'être gravement entravé" dans l'Etat Rakhine (ouest), a aussi relevé M. Jenca. "Le retour volontaire, digne et durable des populations déplacées dans leur lieu d'origine ou de leur choix" reste aussi un problème même si "la Birmanie a fait des progrès logistiques" à ce sujet.

Comme Nikki Haley, il a réclamé la remise en liberté de deux journalistes de l'agence Reuters, emprisonnés depuis deux mois pour avoir enquêté sur un massacre.

- 'Passivité' onusienne -

Avant la réunion, l'ambassadeur français à l'ONU François Delattre a souligné la nécessité d'accentuer la pression sur la Birmanie pour obtenir une résolution du conflit. Sur les trois exigences de l'ONU, "on n'y est pas", a-t-il déploré.

Jusqu'à présent, le Conseil de sécurité s'est peu réuni pour parler de cette crise, gêné par une opposition de la Chine, premier soutien du régime birman. Aucune mesure de coercition n'a été prise contre les autorités birmanes pour limiter ou interrompre le processus en cours.

Lors de son intervention, le nouvel ambassadeur chinois à l'ONU, Ma Zhaoxu, a estimé que "le retour à l'ordre était quasiment atteint" dans l'Etat Rakhine. "La Chine est un voisin ami de la Birmanie et du Bangladesh", a-t-il souligné, en demandant au Conseil de sécurité "un rôle constructif".

Le diplomate chinois a reconnu que le retour des réfugiés souffrait d'un "retard" mais souligné que "le problème ethnique en Birmanie ne pouvait être résolu en un jour".

La Russie a aussi estimé que "la situation était contrôlée, maîtrisée", en demandant des "expertises" plutôt qu'accorder du crédit à tel ou tel rapport de média.

Nikki Haley a réclamé au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, de nommer rapidement un "envoyé spécial", et au Conseil de sécurité de "tenir responsables l'armée et le gouvernement" et de "prendre des mesures pour que la crise s'achemine vers une solution". Il faut "mettre un terme à notre passivité", a-t-elle lancé, sans toutefois avancer de propositions concrètes.

La Birmanie est accusée d'épurations ethniques depuis le déclenchement fin août d'opérations de l'armée contre des extrémistes rohingyas dans l'ouest du pays. Près de 690.000 musulmans rohingyas vivant dans cette région se sont réfugiés au Bangladesh.

L'armée et des milices bouddhistes sont accusées de multiples exactions: viols, torture, meurtres, incendies de villages ensuite rasés...

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