Commerce, Iran, Syrie, énergie : UE et Etats-Unis étalent leurs divisions

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Par Daphné BENOIT, Antoine LAMBROSCHINI - Munich (Allemagne) (AFP)
Publié le 16 février 2019 - 17:00
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La chancelière allemande Angela Merkel arrive à la Conférence de sécurité de Munich, le 16 février 2019
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© Thomas KIENZLE / AFP
La chancelière allemande Angela Merkel arrive à la Conférence de sécurité de Munich, le 16 février 2019
© Thomas KIENZLE / AFP

Commerce, Iran, Syrie, énergie: Européens et Américains ont étalé leurs divisions à la conférence annuelle de Munich réunissant samedi le gratin sécuritaire mondial, illustrant le fossé grandissant entre alliés sous l'ère Trump.

La chancelière Angela Merkel et d'autres dirigeants européens ont critiqué une série de décisions américaines jugées hostiles.

Sur le terrain commercial, Mme Merkel a jugé "effrayante" la décision américaine attendue d'ériger les automobiles européennes importées au rang de menace pour la sécurité nationale, au motif qu'elles affaibliraient leur propre industrie, faisant craindre de nouvelles taxes douanières.

L'industrie automobile allemande, qui pèse un tiers des exportations du pays vers les Etats-Unis, serait la première concernée.

"L'UE riposterait si les Etats-Unis décidaient d'adopter une quelconque mesure", a averti jeudi le porte-parole de la Commission européenne Daniel Rosario.

Le retrait américain de Syrie, unilatéralement décidé par Washington, a également donné lieu à plusieurs passes d'armes entre Américains et Européens, unis au sein d'une coalition internationale pour défaire le groupe Etat islamique (EI).

Mme Merkel a averti samedi que l'Iran, ennemi juré des Etats-Unis, risquait d'en tirer profit : "Est-ce une bonne idée pour les Américains de se retirer soudainement et rapidement de Syrie? Cela ne renforcera-t-il pas encore la capacité de l'Iran et de la Russie d'exercer leur influence?".

- 'Politique du fait accompli' -

Avant elle, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait déjà critiqué le "mystère" de la politique américaine en Syrie qui "risqu(ait) de favoriser" l'Iran.

Autre sujet de discorde sur le front syrien: le Pentagone demande à ses alliés de constituer une "force d'observateurs" dans le nord-est du pays pour garantir la sécurité des alliés kurdes syriens, menacés par Ankara.

La proposition a reçu une fin de non-recevoir.

"La position entre membres de la coalition est très consensuelle pour dire non", a confié à l'AFP une source gouvernementale française.

"L'administration américaine essaie de trouver des solutions de sortie qui n'en sont pas: +nous partons, vous restez+. Ils essaient de gérer les conséquences d'une décision hâtive et nous en faire porter la responsabilité. Ca s'appelle la politique du fait accompli", critique Paris.

Signe des temps, vendredi soir, un parterre de dirigeants réunis à Munich a accueilli par un silence glacial les salutations de Donald Trump, transmises à son arrivée par le vice-président Mike Pence.

Puis c'est ce dernier qui a sermonné samedi les partenaires des Etats-Unis sur une série de points de divergence.

- Dissensions sur Iran et Venezuela -

Répétant que Téhéran était "le plus grand danger" au Moyen-Orient, il a exhorté les Européens pour la deuxième fois en trois jours à se retirer de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015, que Washington a quitté en 2018.

Une demande rejetée dès jeudi par la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini, qui a redit sa détermination à préserver l'accord respecté selon elle par Téhéran.

Sans celui-ci, "la région ne sera pas plus sûre et ferait en réalité un pas de plus vers une confrontation ouverte", a renchéri à Munich le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas.

Tout en saluant la hausse des budgets défense de certains alliés de l'OTAN, M. Pence a rappelé que d'autres étaient encore loin d'y consacrer 2% de leur PIB comme exigé.

Il a critiqué dans la foulée l'achat par des partenaires de l'Alliance d'armement produit "par nos adversaires", en référence à des accords prévus entre Moscou et Ankara.

"Nous ne pouvons assurer la défense de l'Ouest si nos alliés deviennent dépendants de l'Est", a martelé le vice-président américain.

Evoquant le Venezuela, Mike Pence a appelé l'Union européenne à reconnaître l'opposant Juan Guaido comme chef de l'Etat par intérim, alors que certains Etats de l'UE, Italie en tête, s'y opposent.

Le dirigeant américain a enfin rappelé sa ferme opposition au projet de gazoduc germano-russe "Nord Stream 2", qui signe selon Washington la domination énergétique russe en Europe.

Dans cette atmosphère plombée, Angela Merkel, dont le mandat s'achève en 2021, a mis en garde contre l'érosion de la coopération multilatérale: "Nous ne pouvons pas juste la briser en mille morceaux".

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