La caravane de migrants fait une pause à Mexico, loin des élections américaines

Auteur:
 
Par Yussel GONZALEZ - Mexico (AFP)
Publié le 06 novembre 2018 - 22:31
Mis à jour le 07 novembre 2018 - 10:54
Image
Des milliers de migrants d'Amérique centrale, en route vers les Etats-Unis au sein d'une caravane, font une pause le 6 novembre 2018 à Mexico.
Crédits
© ALFREDO ESTRELLA / AFP
Des milliers de migrants d'Amérique centrale, en route vers les Etats-Unis au sein d'une caravane, font une pause le 6 novembre 2018 à Mexico.
© ALFREDO ESTRELLA / AFP

Quelque 4.500 migrants d'Amérique centrale en route vers les Etats-Unis sont arrivés depuis dimanche à Mexico, ignorant pour la plupart que le pays dont ils rêvent votait mardi pour les élections de mi-mandat, où l'immigration a été placée au coeur de la campagne de Donald Trump.

Alors que les Américains se dirigeaient vers les urnes pour un vote crucial pour la suite de mandat du président américain, ce n'était qu'un jour de plus sur la longue route vers le nord pour la caravane des migrants, en majorité honduriens.

"Je ne savais pas que les États-Unis organisaient des élections", a déclaré à l'AFP Jairo Velazquez, un jeune hondurien de 24 ans. "Nous n'avions pas accès à beaucoup d'informations sur la route".

Les migrants ont passé la nuit sous des tentes ou dans les gradins d'un stade de Mexico, cherchant à récupérer leurs forces et à se réchauffer, alors que la capitale mexicaine est située à plus de 2.200 mètres d'altitude.

Mardi matin, ils formaient de longues files d'attente pour prendre un petit-déjeuner, fourni par les autorités mexicaines qui gèrent cet immense refuge improvisé.

Davantage que par les élections législatives américaines, beaucoup étaient préoccupés par la recherche d'une connexion internet pour parler à leurs proches restés au pays, ou de trouver quelque chose à manger en complément de la petite portion d'oeufs et de haricots qui leur avait été servie.

Le président américain restait toutefois dans les esprits de certains migrants.

"Donald Trump n'est pas le maître du monde. Le seul maître du monde, c'est Dieu", a commenté Uziel Cantillano, 31 ans.

- Cinq mille soldats déployés -

"Les gens de là-bas nous soutiennent également, beaucoup de gens manifestent pour nous aux États-Unis, car ils savent que ce que nous combattons est très difficile, et Donald Trump ne comprend pas cela", a ajouté Claudia Garcia, une Hondurienne âgée de 18 ans.

Cherchant à mobiliser sa base, M. Trump a ciblé la caravane, affirmant qu'elle était infiltrée par des criminels et des "Moyen-Orientaux", et il a déployé quelque 5.000 militaires pour protéger la frontière.

Le président américain a accusé ses adversaires démocrates de vouloir "effacer les frontières" et faire passer "les clandestins avant les citoyens américains".

Les autorités mexicaines ont indiqué n'avoir aucune preuve de la présence de criminels dans ce cortège, qu'elle estime à environ 5.000 personnes, dont 500 convergeaient toujours mardi vers la capitale.

Certains migrants ont cependant indiqué à l'AFP être conscients de la présence parmi eux d'un petit nombre de jeunes délinquants.

Selon Gustavo Rodriguez Zarate, en charge du soutien aux migrants au sein du diocèse catholique de Puebla, qui a organisé leur hébergement dans cette ville, les trois quarts de la caravane sont constitués "de femmes, d'enfants, de personnes âgées ou vulnérables" et le reste "de jeunes hommes avec leur famille".

"Nous ne sommes pas des criminels, nous sommes des gens qui travaillons dur", assure Eber Josué, un Hondurien de 25 ans.

- 2.800 km pour Tijuana -

Les images de ces migrants forçant la frontière entre le Mexique et le Guatemala le 19 octobre ont alimenté la rhétorique de Trump sur la menace d'une "invasion".

Les experts en immigration considèrent qu'il est très peu probable que cette caravane prenne d'assaut massivement la frontière américaine, même si certains essaieront de franchir par petits groupes la frontière clandestinement.

Faisant de l'auto-stop ou marchant sur le bitume parfois juste avec de simples sandales, les migrants, qui fuient la violence et la pauvreté, ont déjà parcouru 1.600 kilomètres depuis leur départ le 13 octobre du Honduras.

Ils devraient se reposer quelques jours à Mexico avant de reprendre leur périple.

La frontière américaine se trouve à 1.000 km de Mexico, mais de nombreux migrants veulent rejoindre Tijuana, dans le nord-ouest du pays, en Basse-Californie, et devront parcourir 2.800 km.

Deux autres cortèges comprenant environ 4.000 migrants, traversent actuellement le sud du pays, sur les pas de la première caravane.

Selon la commission nationale des droits de l'Homme, entre 8.000 et 9.000 migrants se déplacent dans le centre et le sud du Mexique, avec pour but final les Etats-Unis.

Alors qu'ils reprennent des forces à Mexico, quelques migrants espèrent que les élections américaines changeront la donne.

"S'ils élisent un nouveau Congrès, ils nous donneront peut-être une opportunité d'entrer aux États-Unis", espère Carlos Rivera, 25 ans, un Hondurien qui porte une casquette aux couleurs du drapeau américain.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.