La CIJ va trancher le différend frontalier entre le Chili et la Bolivie

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Par Jan HENNOP - La Haye (AFP)
Publié le 28 septembre 2018 - 12:56
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Les juges de la Cour internationale de Justice examinent le différend frontalier entre le Chili et la Bolivie, le 19 mars 2018 à La Haye
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© Jerry Lampen / ANP/AFP/Archives
Les juges de la Cour internationale de Justice examinent le différend frontalier entre le Chili et la Bolivie, le 19 mars 2018 à La Haye
© Jerry Lampen / ANP/AFP/Archives

La Cour internationale de justice (CIJ) va rendre lundi son arrêt dans un différend frontalier qui mine depuis plus d'un siècle les relations bilatérales entre le Chili et la Bolivie, qui cherche à retrouver un accès à la mer.

La Bolivie est devenue enclavée après avoir perdu son accès à l'océan Pacifique à l'issue d'une guerre de quatre ans contre le Chili en 1883.

Après plus d'un siècle de négociations infructueuses avec Santiago, La Paz a déposé une plainte auprès de la CIJ en avril 2013, clamant que le Chili s'était toujours engagé envers la Bolivie pour mettre fin à l'enclavement du pays le plus pauvre de l'Amérique du Sud.

Le président bolivien Evo Morales a demandé en mars au début des plaidoiries à ce que la CIJ oblige Santiago à revenir à la table des négociations. M. Morales est à nouveau attendu à La Haye lundi pour assister à la lecture de l'arrêt de la CIJ, prévue à 15H00 (13h00 GMT).

La présence du président bolivien aux audiences "souligne les enjeux élevés pour la Bolivie et le Chili, qui a beaucoup à perdre en termes de superficie du littoral", déclare auprès de l'AFP Geoff Gordon, chercheur spécialisé en droit international à l'Institut Asser, à La Haye.

La décision de la CIJ suscitera "déception et colère", quoi qu'il arrive, a-t-il poursuivi.

- "Enclavement forcé" -

La Bolivie, qui possédait autrefois 400 kilomètres de littoral le long du désert d'Atacama, affirme que la croissance annuelle de son PIB serait supérieure d'au moins 20% si elle n'avait pas été privée d'un accès à la mer.

La perte notamment de la mine de Chuquicamata, la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert du monde qui se trouve dans la zone disputée, a gravement touché les peuples indigènes du pays, selon des militants boliviens.

"La Bolivie est née avec la mer et les deux sont inséparables: depuis son enclavement forcé, notre pays ne peut profiter des richesses et des opportunités offertes par les océans", a déclaré Evo Morales en mars.

Santiago affirme que la frontière est basée sur un traité de paix signé avec la Bolivie en 1904 au lendemain de la guerre du Pacifique (1879-1883).

La décision de la CIJ aura une importante portée politique pour les deux pays. La présence de M. Morales aux audiences pourrait jouer un rôle dans ses aspirations à se présenter pour la quatrième fois à l'élection présidentielle en Bolivie l'année prochaine, selon les observateurs.

"Ce qui est en jeu, ce n'est pas tant la souveraineté de l'accès à la mer, mais surtout la stratégie politique d'Evo Morales", a déclaré Lucia Dammert, analyste basée à Santiago.

"Quoi qu'il arrive", le président bolivien tournera la décision de la CIJ à son avantage, a-t-elle poursuivi auprès de l'AFP.

La semaine dernière, le ministre chilien des Affaires étrangères Roberto Ampuera a affirmé que le "territoire souverain" du pays est "protégé".

Mais le président chilien Sebastian Pinera n'a pas exclu une "solution intermédiaire" selon laquelle la CIJ "invite les parties à négocier de bonne foi, avec ou sans résultat prédéterminé".

Par ailleurs, les deux pays s'affrontent également à La Haye sur un litige fluvial: la Bolivie conteste au Chili l'exploitation du fleuve frontalier Silala.

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