La Pologne défend son "droit" à réformer sa justice devant des eurodéputés hostiles

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Par AFP - Strasbourg
Publié le 04 juillet 2018 - 11:53
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Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki devant le Parlement européen en session plénière, à Strasbourg le 4 juillet 2018
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© FREDERICK FLORIN / AFP
Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki devant le Parlement européen en session plénière, à Strasbourg le 4 juillet 2018
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Le Premier ministre polonais a défendu mercredi "le droit" pour son pays de construire un système judiciaire "selon ses propres traditions" devant le Parlement européen à Strasbourg, en plein bras de fer avec l'UE autour de réformes controversées de la justice polonaise.

Il a fait face dans l'hémicycle à une majorité d'eurodéputés défiants, exhortant le gouvernement polonais à ne pas mettre en péril les principes démocratiques au cœur du projet européen.

"L'unité dans la diversité, cette devise de notre UE, ce n'est pas un slogan vide", leur a lancé le chef du gouvernement polonais Mateusz Morawiecki, invoquant le respect des "identités nationales". "Tout pays de l'UE a le droit d'élaborer son système judiciaire selon ses propres traditions", a-t-il poursuivi.

Le discours du dirigeant polonais à Strasbourg, qui s'inscrit dans le cadre d'une série d'interventions de dirigeants des Etats membres devant le Parlement, a été prononcé deux jours après l'ouverture d'une procédure d'infraction par la Commission européenne contre la réforme de la Cour suprême polonaise.

A Varsovie, la présidente de cette Cour, Malgorzata Gersdorf, a défié le pouvoir en arrivant à son bureau mercredi matin acclamée par une foule de partisans, confirmant son refus de partir à la retraite et d'accepter la réforme de son institution.

Le gouvernement polonais est visé de manière plus large par une procédure inédite déclenchée par l'exécutif européen pour un ensemble de réformes judiciaires qui, selon Bruxelles, menacent de manière "systémique" l'Etat de droit en Pologne en donnant le contrôle au gouvernement sur la justice.

M. Morawiecki a au contraire mis en avant la nécessaire "détermination" de son gouvernement pour améliorer un système judiciaire qui "ne punissait pas suffisamment" la corruption dans le pays. "Ne nous donnez pas de leçons, nous savons gérer nos institutions", a-t-il insisté.

"Savez-vous que des juges du temps de l'état de siège (1981, coup de force du général Jaruzelski contre Solidarnosc, ndlr), qui avait prononcé des sentences honteuses, sont aujourd'hui à la Cour suprême que vous défendez?", a-t-il aussi fait valoir, assurant que son pays luttait "encore contre le post-communisme" avec sa réforme du système judiciaire.

"Lorsqu'il y a des attaques vis-à-vis de l'Etat de droit, nous ne pouvons pas simplement ignorer ces faits en disant qu'il s'agit de questions nationales", lui a rétorqué le commissaire européen Valdis Dombrovskis.

"Nous sommes toujours ouverts au dialogue, mais jusqu'à présent cela n'a pas suffit", a-t-il poursuivi en référence à la procédure lancée pour les menaces sur l'Etat de droit, qui peut en théorie mener à une suspension des droits de vote de la Pologne au sein de l'UE.

Le chef de file des eurodéputés du PPE (droite, majoritaire) Manfred Weber a appelé le dirigeant polonais à "sauvegarder" l'Etat de droit. "L'Europe du nationalisme et de l'égoïsme ne peut pas servir l'intérêt des citoyens", lui a-t-il lancé.

"Nous souhaitons avoir la Pologne au cœur de l'Europe mais de grâce ne détruisez pas la culture démocratique de votre pays", a déclaré de son côté dans l'hémicycle son homologue socialiste Udo Bullmann.

Le chef de file des eurodéputés libéraux, Guy Verhofstadt, a répondu à M. Morawiecki qu'avoir "des juges sous contrôle politique" ne faisait pas partie des valeurs européennes, tandis que l'eurodéputée Ska Keller (Verts) a aussi accusé le gouvernement polonais de "menacer la liberté de la presse".

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