L'Autorité palestinienne va refuser toute aide américaine

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Par Joe Dyke and Nasser abu Bakr - Bethléem (Territoires palestiniens) (AFP)
Publié le 22 janvier 2019 - 19:54
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A member of the Palestinian security forces stands in front of a poster of President Mahmud Abbas, during a protest in Bethlehem on September 26, 2018 against Washington's decision to cut aid
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© Musa Al SHAER / AFP/Archives
A member of the Palestinian security forces stands in front of a poster of President Mahmud Abbas, during a protest in Bethlehem on September 26, 2018 against Washington's decision
© Musa Al SHAER / AFP/Archives

L'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas va refuser à partir de fin janvier les aides que le gouvernement américain lui fournit encore, afin de ne pas s'exposer à des plaintes aux Etats-Unis pour financement du terrorisme, a indiqué mardi un responsable palestinien.

Cette décision est motivée par l'adoption aux Etats-Unis en 2018 de l'Anti-Terrorism Clarification Act (ATCA), qui autorise les citoyens américains à poursuivre en justice pour des faits de terrorisme des gouvernements étrangers bénéficiant de l'aide américaine.

Or les responsables américains et israéliens accusent régulièrement l'Autorité palestinienne d'encourager la violence en versant de l'argent aux proches d'auteurs d'attaques emprisonnés ou tués par les forces israéliennes.

Les autorités palestiniennes ont "envoyé une lettre officielle à l'administration américaine leur demandant de stopper toute aide à l'Autorité palestinienne, y compris l'assistance aux services de sécurité palestiniens", a dit à l'AFP Saëb Erekat, numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).

Si l'Autorité palestinienne met fin à cette aide, l'existence de programmes actuellement soutenus par les Etats-Unis ainsi que la coopération entre Washington et l'Autorité dans le domaine de la sécurité pourraient être remises en cause.

Cette coopération, corollaire de la collaboration sécuritaire entre Israël et l'Autorité, est souvent perçue comme essentielle à la stabilité de la Cisjordanie, territoire occupé par Israël et où siège l'Autorité.

Il n'y aura "pas d'impact sur le rôle des services de sécurité", a affirmé M. Erekat.

Un autre haut responsable palestinien, en charge de la sécurité, a pour sa part estimé que cette décision aurait des conséquences.

Quelques entreprises américaines travaillant dans le domaine des services de sécurité ont déjà quitté les territoires palestiniens, a-t-il dit à l'AFP sous couvert de l'anonymat, ajoutant que l'Autorité palestinienne cherchait de nouveaux financements.

Parallèlement, un responsable américain a indiqué que l'administration "travaillait" sur le potentiel impact du ATCA et avait "pris des mesures pour réduire progressivement certains projets et programmes en Cisjordanie et à Gaza", territoire palestinien soumis au blocus israélien.

- "Pris en otage" -

Le président américain Donald Trump a transféré l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, qu'il a reconnue comme capitale d'Israël en décembre 2017.

En réaction, le président palestinien Mahmoud Abbas a gelé les relations de l'Autorité avec l'administration américaine. Donald Trump a ensuite coupé de 500 millions de dollars l'aide américaine aux Palestiniens.

Jusqu'à présent, la plupart des projets tributaires de cette aide américaine avaient été progressivement mis à l'arrêt.

Mais, à la suite de la décision prise par l'Autorité de refuser toute aide américaine, l'agrandissement d'une école près de Bethléem, en Cisjordanie occupée, risque d'être subitement stoppé, ainsi que d'autres projets d'infrastructures dans des villes palestiniennes.

Le village palestinien d'al-Jabaa a reçu l'an dernier une allocation d'USAID, l'agence américaine pour le développement, pour agrandir une partie de son école où étudient les filles.

Le chantier a commencé fin 2018 mais sera stoppé cette semaine, alors qu'un quart seulement des travaux est achevé et que le reste de l'école est rendu hors d'usage du fait du chantier.

"Si c'était resté comme avant que (les travaux ne commencent), cela aurait été mieux que maintenant", se désole Diab Mashaala, maire de ce petit village.

Malak Mashaala, l'un des instituteurs, rappelle que le chantier devait permettre de constuire un laboratoire pour les sciences et une bibliothèque.

"La décision d'arrêter la construction nous met très en colère", dit-il.

"Cette école a été prise en otage", considère Sean Carroll, le président de l'organisation Anera, qui travaillait sur le chantier de l'école et sur d'autres projets avec USAID.

"On aurait espéré que des esprits raisonnables trouvent un moyen de finir" les travaux, regrette-t-il, jugeant probable que le bâtiment reste en chantier, à moins que d'autres sources de financement ne soient trouvées.

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