Le douloureux sujet des enlèvements de Japonais par Pyongyang

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Par AFP - Tokyo
Publié le 19 avril 2018 - 10:25
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Le Premier ministre japonais Shinzo Abe (3e D) reçoit une pétition de Shigeo Iizuka (C) responsable d'un groupe de familles de Japonais enlevés par la Corée du Nord, aux côtés de Sakie Yokota (4e G),
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© TORU HANAI / POOL/AFP/Archives
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe (3e D) reçoit une pétition de Shigeo Iizuka (C) responsable d'un groupe de familles de Japonais enlevés par la Corée du Nord, aux côtés de S
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Lors de la visite du Premier ministre japonais Shinzo Abe en Floride, le président américain Donald Trump a assuré que les Etats-Unis allaient "travailler très dur" pour aider Tokyo à ramener au pays ses ressortissants enlevés par la Corée du Nord.

Le gouvernement japonais soupçonne Pyongyang d'être responsable de dizaines de disparitions dans les années 1970 et 1980 dans le but de former des espions à la langue et aux coutumes japonaises.

Et il espère que ce dossier sera sur la table lors du sommet prévu entre Donald Trump et le leader nord-coréen Kim Jong Un.

- Combien d'enlèvements ? -

La Corée du Nord a avoué en 2002 l'enlèvement de 13 Japonais, mais le gouvernement japonais en compte au moins 17. Un mois après ces aveux, cinq ont été autorisés à rentrer au Japon. Pyongyang affirme que les huit autres sont morts mais sans fournir de preuves.

En 2004, la Corée du Nord a remis au Japon des restes incinérés, disant qu'il s'agissait des cendres de Megumi Yokota, fillette de 13 ans enlevée en 1977, et la plus jeune des 17 cas répertoriés par Tokyo. Mais le Japon avait alors déclaré que des tests d'ADN contredisaient cette affirmation.

Les Japonais soupçonnent fortement la Corée du Nord d'avoir enlevé des dizaines d'autres compatriotes. La police japonaise compte 800 disparitions pour lesquelles un enlèvement par Pyongyang ne peut être exclu.

- D'autres pays touchés -

Un rapport publié en 2014 par l'Onu indique que "depuis 1950, la République populaire démocratique de Corée mène, à titre de politique de l'Etat et à grande échelle, une politique systématique d’enlèvements et de refus de rapatriement, suivis de la disparition forcée de personnes d'autres pays. Bien plus de 200.000 personnes, y compris des enfants, amenées de pays étrangers en République populaire démocratique de Corée, ont pu être victimes de disparition forcée".

La plupart sont des Sud-Coréens bloqués dans le Nord après la division du pays et la guerre de Corée de 1950-1953. Des centaines d'autres, dont des femmes du Liban, de Thaïlande, de Malaisie, de Singapour, de Roumanie et de France ont été enlevées ou ont disparu en séjournant en Corée du Nord entre les années 1960 et 1980, précise le rapport de l'ONU.

Plus récemment, la Corée du Nord a aussi enlevé en Corée du Sud et en Chine un certain nombre de ses propres citoyens.

- Peu d'avancées -

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a fait de cette question une priorité. "Je mettrai toutes mes forces pour obtenir des avancées vers la résolution du dossier des enlèvements dans la perspective des discussions prochaines (entre les Etats-Unis et le régime nord-coréen)", avait déclaré M. Abe avant de s'envoler pour la Floride.

Donald Trump a déjà affiché son soutien à Tokyo, lorsqu'en novembre dernier il a rencontré les familles des citoyens enlevés, pendant sa visite au Japon.

En vertu d'un accord conclu à Stockholm en mai 2014, la Corée du Nord a entrepris d'enquêter à nouveau sur tous les enlèvements de ressortissants japonais, une percée considérable dans une question qui a longtemps bloqué les relations entre Tokyo et Pyongyang.

Mais il n'y a quasiment pas eu de progrès depuis, dans un climat de détérioration des relations entre la Corée du Nord et la communauté internationale avec le développement rapide du programme nucléaire et de conception de missiles du régime de Pyongyang.

"Il est peu probable que l'on assiste à un retour rapide des personnes enlevées même si le président Trump évoque le sujet lors de son sommet avec Kim", a estimé Satoru Miyamoto, professeur et expert de la Corée du Nord à l'Université Seigakuin.

"Aucun progrès n'a été fait depuis la visite de l'ancien Premier ministre (Junichiro) Koizumi en Corée du Nord (en 2002, ndlr), et le régime nord-coréen a déclaré qu'aucun ressortissant japonais n'est vivant", a-t-il ajouté.

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