L'ONU accuse Damas de faire échouer les pourparlers de paix à Genève

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Par AFP
Publié le 14 décembre 2017 - 23:29
Mis à jour le 15 décembre 2017 - 00:05
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L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura à Genève, le 14 décembre 2017
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© Fabrice COFFRINI / AFP
L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura à Genève, le 14 décembre 2017
© Fabrice COFFRINI / AFP

L'émissaire de l'ONU sur la Syrie a accusé jeudi le gouvernement de Damas d'avoir fait capoter les pourparlers de Genève en refusant de dialoguer avec l'opposition, parlant d'"occasion en or manquée".

"Je suis déçu (...) c'est une occasion en or manquée", a conclu le médiateur de l'ONU, Staffan de Mistura, à l'issue du huitième cycle de négociations à Genève.

Le diplomate avait pourtant assuré à plusieurs reprises ces derniers mois qu'il voulait cette fois de "réelles négociations" entre les délégations du gouvernement et de l'opposition unifiée.

Si l'opposition s'est bien présentée unie pour la première fois à Genève, pour le reste, "nous n'avons pas eu de vraies négociations", a jugé M. de Mistura, pourtant habituellement optimiste.

S'exprimant devant les médias, il a accusé la délégation gouvernementale de "ne pas avoir cherché vraiment à avoir un dialogue et à négocier".

En revanche, "je dois dire, (...) que l'opposition l'a fait".

Depuis le début du processus de Genève en 2016, la délégation gouvernementale syrienne a toujours refusé de parler directement aux représentants de l'opposition syrienne, n'acceptant de discuter qu'avec le médiateur.

"Malgré beaucoup d'efforts de mon équipe, nous n'avons pas eu de vraies négociations. Nous avons eu cependant des discussions bilatérales", a précisé M. de Mistura. "Mais avec le gouvernement nous n'avons eu malheureusement qu'un seul sujet de discussion (...) le terrorisme".

En revanche, a-t-il poursuivi, l'opposition a abordé les quatre sujets de discussions fixés par l'ONU à l'ordre du jour de ces pourparlers: la gouvernance, la Constitution, les élections supervisées par les Nations unies et le terrorisme.

Trois de ces "paniers" figurent dans la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'ONU, adoptée en 2015, et le quatrième, sur le terrorisme, a été ajouté en 2017 sur l'insistance de Damas.

Lors de ce huitième cycle, les discussions se sont concentrées sur la rédaction d'une Constitution et l'organisation d'élections.

Le médiateur de l'ONU a par ailleurs accusé le gouvernement d'avoir introduit une précondition aux pourparlers en estimant que la délégation de l'opposition n'était pas assez représentative.

"Nous n'avons pas de partenaire", a déploré pour sa part le négociateur en chef de l'opposition, Nasr Hariri, soulignant devant les médias que l'opposition n'avait eu de cesse de demander des négociations "directes" et assurant que le processus à Genève reste "le seul lieu pour atteindre une solution politique".

- Round en janvier? -

Interrogé sur les prochaines étapes, le médiateur a déclaré qu'il envisageait de convoquer une nouvelle session de pourparlers à Genève en janvier, après en avoir discuté ce week-end avec le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et avec le Conseil de Sécurité de l'ONU la semaine prochaine à New York.

Avant l'intervention de M. de Mistura devant les médias, le chef de la délégation gouvernementale syrienne, Bachar al-Jaafari, avait déclaré que le médiateur s'était discrédité en appelant le président russe Vladimir Poutine à faire pression sur Damas.

Au cours d'une interview accordée mercredi soir à la télévision publique suisse RTS, le médiateur avait demandé à M. Poutine d'"avoir le courage" de convaincre le gouvernement syrien d'accepter de nouvelles élections pour "gagner la paix".

"Nous avons expliqué (à M. de Mistura) que le fait d'insister sur ce genre de position (...) discréditait son rôle de médiateur dans les pourparlers", a souligné M. Jaafari.

A New York, le porte-parole adjoint de l'ONU, Farhan Aziz Haq, a réagi en déclarant que "le secrétaire général, bien sûr, soutient totalement le travail de son envoyé spécial sur la Syrie".

- Pomme de discorde -

Le gouvernement syrien est prêt à accepter des élections sous la supervision de l'ONU, mais refuse de discuter du sort du chef de l'Etat, Bachar al-Assad. Cette question reste la principale pomme de discorde entre les deux camps syriens.

A peine arrivé à Genève, il y a deux semaines, le négociateur de l'opposition avait réitéré cette demande, provoquant les foudres de Damas qui avait décidé de retarder d'un jour l'arrivée de sa délégation.

Déclenché en 2011 avec la répression de manifestations pacifiques, le conflit en Syrie a fait plus de 340.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

La Russie, qui appuie militairement et diplomatiquement le gouvernement syrien, a organisé plusieurs négociations parallèles avec l'Iran, un autre allié de Damas, et la Turquie, un soutien des rebelles.

Le président Poutine souhaite maintenant réunir plusieurs centaines de Syriens de tous bords au début de l'année prochaine pour un "Congrès du dialogue national" syrien à Sotchi, sur les bords de la mer Noire. L'opposition représentée à Genève n'a pas encore décidé de sa participation.

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