Meurtres Khashoggi : la Turquie demande l'extradition des suspects saoudiens

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Par Gokan GUNES et Ezzedine SAID - Ankara (AFP)
Publié le 26 octobre 2018 - 14:34
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Un manifestant, les mains rougies et portant un masque à l'effigie du prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane, près d'une photo du journaliste Jamal Kashoggi lors d'une manifestation devant le c
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© Yasin AKGUL / AFP
Un manifestant, les mains rougies et portant un masque à l'effigie du prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane, près d'une photo du journaliste Jamal Kashoggi lors d'une mani
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Le parquet turc a lancé vendredi une procédure d'extradition contre 18 Saoudiens soupçonnés d'implication dans le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi au consulat de son pays à Istanbul, deux jours avant la venue en Turquie du procureur général saoudien.

Le parquet d'Istanbul a remis les noms des 18 suspects soupçonnés "d'implication dans ce meurtre prémédité" au ministère de la Justice, qui les a à son tour transmis au ministère des Affaires étrangères pour que la demande d'extradition soit adressée à Ryad par les canaux officiels, a indiqué le ministère de la Justice dans un communiqué.

Le 20 octobre, les autorités saoudiennes avaient annoncé avoir interpellé 18 personnes -- 15 membres d'un commando saoudien soupçonné d'avoir tué le journaliste, ainsi que trois employés du consulat -- et qu'elles seraient jugées.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait appelé mardi au jugement de ces suspects à Istanbul et non pas en Arabie saoudite, même si le crime a été commis par des Saoudiens dans l'enceinte d'un consulat saoudien.

"La demande d'extradition est motivée par le fait que Jamal Khashoggi a été tué en Turquie par des ressortissants saoudiens qui ont fait le voyage à cette fin spécifique", a indiqué un haut responsable turc sous couvert d'anonymat.

"Il est clair que le système juridique turc est mieux à même de rendre justice dans cette affaire", a-t-il ajouté, précisant qu'un éventuel procès en Turquie serait ouvert "aux observateurs internationaux".

- Le procureur saoudien à Istanbul -

M. Erdogan a indiqué plus tôt que le procureur général saoudien, Saoud ben Abdallah Al-Muajab, était attendu dimanche à Istanbul pour des entretiens sur l'enquête sur le meurtre de Khashoggi.

Cette annonce survient après que ce procureur, se fondant sur des informations fournies par la Turquie, a évoqué jeudi pour la première fois le caractère "prémédité" du meurtre.

M. Erdogan a en outre affirmé que les autorités turques étaient en possession "d'autres éléments" de preuve liés au meurtre, perpétré le 2 octobre par des agents de Ryad au consulat saoudien à Istanbul.

Le fait que Jamal Khashoggi "a été tué est une évidence. Mais où est-il ? Où est son corps ?", a poursuivi le dirigeant turc, ajoutant à l'adresse de Ryad : "Qui a donné un tel ordre? (…) Il faut que les autorités (saoudiennes) l'expliquent".

Jamal Khashoggi, journaliste saoudien critique du palais, a été tué le 2 octobre au consulat saoudien à Istanbul. Selon des responsables turcs, il a été victime d'un assassinat, soigneusement planifié, et perpétré par une équipe d'agents venus de Ryad.

Après avoir nié sa mort, les autorités saoudiennes, sous la pression internationale, avaient fini par admettre qu'il avait été tué au consulat lors d'une opération "non autorisée".

La presse et des responsables turcs anonymes ont impliqué le prince héritier ben Salmane, dit "MBS", personnellement dans ce meurtre. Mais M. Erdogan s'est gardé à ce jour de l'accuser nommément. Les deux hommes se sont parlé au téléphone mercredi pour la première fois depuis la mort du journaliste.

- "Pure démagogie" -

La fiancée turque de Khashoggi, Hatice Cengiz, a exigé dans une interview télévisée vendredi que soient punis "tous les responsables" de cette "barbarie".

Ben Salmane avait qualifié mercredi d'"incident hideux" et "douloureux" le meurtre du journaliste, qui a provoqué l'indignation internationale et écorné l'image du royaume, premier exportateur de pétrole au monde.

Le président français Emmanuel Macron a néanmoins estimé vendredi que "c'est pure démagogie que de dire d'arrêter les ventes d'armes" à Ryad après l'assassinat de Khashoggi, semblant rejoindre sur cette question la ligne de son homologue américain Donald Trump.

Les ventes d'armes n'ont "rien à voir avec M. Khashoggi, il ne faut pas tout confondre", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse à Bratislava, avant de plaider en cas de sanctions pour "une réponse européenne, dans tous les domaines", mais "une fois les faits établis".

La chancelière allemande Angela Merkel a pour sa part confirmé vendredi que Berlin ne fournirait pas d'armes à l'Arabie Saoudite tant que les dessous du meurtre de Khashoggi n'étaient pas éclaircis.

Jeudi, la directrice de la CIA Gina Haspel a présenté à M. Trump "ses conclusions et ses analyses de son voyage en Turquie", où elle a échangé mardi avec les responsables de l'enquête.

Selon la presse turque, Ankara a partagé avec Mme Haspel des enregistrements vidéo et audio du déroulement du meurtre de Khashoggi dans le consulat.

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