Milos Zeman, un président tchèque provocateur, pro-russe et pro-chinois

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Par Jan MARCHAL - Prague (AFP)
Publié le 13 janvier 2018 - 19:00
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Le président sortant tchèque Milos Zeman, à Prague, le 6 novembre 2017
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© Michal Cizek / AFP/Archives
Le président sortant tchèque Milos Zeman, à Prague, le 6 novembre 2017
© Michal Cizek / AFP/Archives

Le président sortant tchèque, le pro-russe Milos Zeman, 73 ans, arrivé samedi nettement en tête du premier tour de l'élection présidentielle, s'est vu souvent accusé de diviser la société en raison de son orientation pro-russe et pro-chinoise, et de son discours volontiers provocateur.

Après l'annonce des résultats, il a appelé ses partisans dans son langage typiquement frivole à voter pour lui et à "prendre avec eux aussi leurs amis, amants et maîtresses" au second tour qui l'opposera au pro-européen Jiri Drahos les 26 et 27 janvier.

Vendredi, au premier jour du scrutin il a réagi avec humour à l'attaque d'une jeune militante ukrainienne du groupe féministe radical Femen qui s'est ruée sur lui, torse nu, dans son bureau de vote. Il s'est dit "honoré par le fait d'être attaqué par le mouvement Femen, qui s'en était pris également au pape".

Zeman ne cache pas ses sympathies à l'égard de Moscou et de Pékin.

En mai 2015, il participe à Moscou aux cérémonies anniversaires de la victoire sur l'Allemagne nazie boudées par la plupart des dirigeants occidentaux. En septembre de la même année, il est le seul chef d'Etat européen présent à Pékin au défilé militaire de commémoration de la capitulation du Japon.

Le mot "idiot" pour désigner ses opposants sort souvent de la bouche de celui qui s'en prend avec plaisir aux journalistes, taxés un jour de "fumiers". Lors d'un autre déplacement en Chine, il n'hésite même pas à affirmer, en présence de Vladimir Poutine, qu'ils devraient être "liquidés".

En phase avec une bonne partie de l'opinion tchèque, il qualifie l'afflux de migrants en Europe d'"invasion organisée" et se dit opposé à leur accueil, à l'origine selon lui d'un "bouillon de culture propice à des attaques terroristes".

- 'Embrasser les arbres' -

Né le 28 septembre 1944 à Kolin près de Prague, cet économiste de formation fait déjà parler de lui avant la chute du régime totalitaire en 1989, en lançant des critiques acerbes à l'adresse de l'économie communiste.

Après la "Révolution de velours", il forme avec Vaclav Havel et Vaclav Klaus, ses prédécesseurs à la présidence, le trio qui a le plus marqué l'évolution du pays.

Brièvement membre du parti communiste lors d'une période de dégel à la fin des années 1960, il fait renaître après 1989 le parti social-démocrate, avant d'être chef de la Chambre basse du Parlement (1996-1998) puis Premier ministre (1998-2002).

A l'époque, il se fait déjà connaître par des propos controversés, par exemple en comparant le dirigeant palestinien Yasser Arafat au dictateur nazi Adolf Hitler.

En 2002, il se retire dans un village paisible loin de la métropole, pour "embrasser les arbres", mais ne cesse jamais de tirer les ficelles du pouvoir en coulisses.

Brièvement sorti de sa réclusion pour briguer sans succès la présidence en 2003, il retourne en politique en 2010, à la tête d'un nouveau Parti des droits du citoyen.

En janvier 2013, il atteint le sommet en remportant la première présidentielle au suffrage universel direct, face au candidat de la droite Karel Schwarzenberg.

- 'Virose' ou 'cuite'? -

Milos Zeman est marié à son ancienne secrétaire Ivana, de plus de vingt ans sa cadette, une passionnée d'armes, qui s'engage activement en faveur de sa réélection. Il est père d'un fils, David, issu de son premier mariage, et d'une fille, Katerina.

Amateur de cigarettes, Milos Zeman affiche aussi sa passion pour la bière tout comme pour les alcools plus forts, dont la "slivovice", une eau-de-vie de prune locale. Il consterne ses médecins en affirmant qu'il consomme "six verres de vin et trois verres de spiritueux" par jour.

En mai 2013, la télévision le montre titubant, le regard vitreux, à l'ouverture d'une exposition ayant suivi une réception à l'ambassade de Russie.

La présidence a alors démenti les conjectures sur l'état d'ébriété du chef de l'Etat, évoquant une "virose". Depuis, le mot "virose" est devenu synonyme de la "cuite" dans le langage populaire.

La démarche titubante et un air parfois absent ne cessent de susciter des interrogations sur l'état de santé de l'homme qui marche avec une canne, et qui souffre de neuropathie diabétique et d'ennuis d'audition, selon ses médecins.

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