Moqtada Sadr remporte les législatives en Irak, relance du processus politique

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Par Sammy Ketz - Bagdad (AFP)
Publié le 10 août 2018 - 13:29
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Le chef populiste Moqtada Sadr à Najaf en Irak, le 23 juin 2018
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© Haidar HAMDANI / AFP/Archives
Le chef populiste Moqtada Sadr à Najaf en Irak, le 23 juin 2018
© Haidar HAMDANI / AFP/Archives

L'annonce des résultats définitifs des législatives, après un recomptage manuel exigée par la justice, a confirmé la victoire du chef populiste Moqtada Sadr et va relancer le processus politique bloqué depuis trois mois.

La Cour suprême doit désormais valider les résultats puis le président de la République sortant a quinze jours pour convoquer le nouveau Parlement, qui doit élire son successeur. La coalition majoritaire lui présente alors le nom du Premier ministre qu'elle a choisi, le Parlement vote puis l'impétrant à un mois pour former le gouvernement.

En fait, ce comptage exigé par les députés sortants et confirmé par la Cour suprême en raison des failles supposées dans le décompte électronique et les soupçons de manipulation n'a quasiment rien changé aux résultats.

Allié aux communistes, le bouillant dirigent chiite a confirmé sa première place avec 54 sièges, lors de ce premier scrutin organisé après la victoire sur le groupe Etat islamique (EI).

L'EI avait fait trembler durant trois ans le pays en contrôlant un tiers du territoire et notamment Mossoul, la ville du nord, dont les jihadistes avaient fait leur "capitale".

L'unique gain concerne l'Alliance de la Conquête, regroupement d'anciens combattants antijihadistes proches de l'Iran, qui a remporte un siège supplémentaire à Bagdad au détriment d'une liste locale. Elle maintient sa seconde position avec 48 sièges au lieu de 47, a précisé dans un communiqué la Commission composée de neuf juges.

Les cinq autres changements sont intervenus parmi les candidats au sein des listes.

La liste du Premier ministre Haider al-Abadi reste en troisième position avec 42 sièges, suivie de celle du laïc Iyad Allawi, qui compte de nombreuses figures sunnites (21 sièges) et celle de la liste de Hikma du dignitaire chiite Ammar al-Hakim (19 sièges).

Pour l'analyste politique, Aziz Jabbar, "l'annonce des résultats va aider à stabiliser le processus dans le pays et accélérer les réponses aux demandes de la population de jouir de services publics dignes de ce nom".

Mais cela va tout de même prendre du temps car en raison de la proportionnelle et pour éviter le retour à une dictature, aucune liste ne peut à elle seule obtenir la majorité absolue. Des alliances doivent donc se nouer pour obtenir la majorité des 329 sièges du nouveau Parlement.

- Choisir un Premier ministre -

Moqtada Sadr a menacé vendredi de siéger dans l'opposition si les autres partis refusaient quarante demandes qu'il a formulées "pour que le processus politique aille dans le bon sens".

Parmi elles, figurent le rejet des quotas confessionnels, chasser les corrompus, le refus de donner des postes gouvernementaux à ceux ayant occupé auparavant des postes de responsabilité et refuser des postes à ceux ayant la double nationalité.

Les tractation vont bon train et les rencontres se multiplient alors que les mouvements de contestation sont toujours vivaces, notamment dans le sud du pays.

La colère gronde contre la corruption, le chômage ou l'absence de services publics, malgré les sommes colossales investies, dont une partie s'est retrouvées dans les poches de politiciens et de hauts fonctionnaires.

Pour tenter de calmer les esprits et surtout de garder son poste, le Premier ministre a suspendu le ministre de l’Électricité et démis quatre directeurs généraux de ce ministère emblématique, car les coupures de courant sont endémiques alors que la température atteint en été les 50 degrés.

Pour la première fois depuis l'instauration du multipartisme en 2005, après la chute du dictateur Saddam Hussein et la conquête du pouvoir par les chiites, majoritaires en Irak, les partis de cette communauté se sont présentés en ordre dispersé aux législatives du 12 mai.

Depuis, l'Iran chiite est à la manœuvre. L'influent général Ghassem L'émissaire iranien régulièrement impliqué dans les affaires irakiennes, a tout d'abord tenté de constituer une coalition sans M. Sadr, qui avait multiplié les signes d'indépendance face à l'Iran, allant même jusqu'à effectuer une visite en Arabie saoudite, grand rival de Téhéran,

Mais, ayant réalisé qu'il était difficile à l'écarter, Téhéran cherche désormais à l'inclure dans une vaste alliance chiite pour le neutraliser.

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