Nouvelle manifestation contre l'insécurité à Mayotte

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Par Ornella LAMBERTI - Mamoudzou (AFP)
Publié le 07 mars 2018 - 16:31
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Manifestation contre l'insécurité, le 7 mars 2018 à Mamoudzou, à Mayotte
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© Ornella LAMBERTI / AFP
Manifestation contre l'insécurité, le 7 mars 2018 à Mamoudzou, à Mayotte
© Ornella LAMBERTI / AFP

La contestation contre l'insécurité qui secoue Mayotte depuis plus de deux semaines s'est poursuivie mercredi par une journée "île morte" et une manifestation qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes à Mamoudzou, chef-lieu d'un jeune département qui concentre de nombreuses difficultés sociales.

Malgré l'annonce par le gouvernement de futurs renforts de forces de l'ordre, notamment pour sécuriser la rentrée scolaire la semaine prochaine après des violences aux abords de certains lycées perpétrées par des jeunes, les manifestants, sous une pluie battante, étaient 3.000 selon la police, de 10.000 à 15.000 selon les organisateurs.

Dans la manifestation, beaucoup de drapeaux français flottaient. Les participants ont entonné des "shengue" (chants traditionnels mahorais) mais aussi une Marseillaise pour marquer leur attachement à la France, à qui ils réclament aussi un renforcement de la lutte contre l'immigration clandestine, source selon eux de tous les maux de l'île.

Département français depuis 2011 avec un taux de chômage très élevé (26%), Mayotte subit une forte pression migratoire des Comores, à seulement 70 kilomètres de ses côtes. La population mahoraise est exaspérée par la saturation de l'hôpital, des services publics ou des écoles, où faute de classes suffisantes, les enfants vont en cours par rotation.

Mayotte, c'est "84% des personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté, (...) c'est quatre fois plus de population en trente ans, (...) c'est 45% de population étrangère en situation irrégulière, (...) c'est la première maternité de France et oui, pour être au rendez-vous, il nous faudrait créer une classe par jour", a reconnu mardi la ministre des Outre-mer, Annick Girardin.

Le département connaît depuis le début de l'année des actes de violence à répétition notamment aux abords d'établissements scolaires, qui ont conduit les personnels de trois lycées à exercer leur droit de retrait, tout comme la grande majorité des chauffeurs de bus scolaire, dont les véhicules sont régulièrement caillassés.

Mercredi, en première ligne de la manifestation, qui s'est déroulée sans débordement -loin des violentes échauffourées de fin février- se trouvaient de nombreux élus mahorais. Ils ont défilé derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire: "Terroristes, coupeurs de route, voleurs, violeurs, cambrioleurs, occupants illégaux de terre, trafiquants, faussaires, toutes les formes de violences. Subir et se taire ! Non, Kari pvendzé (on ne veut pas)".

Les parlementaires et élus locaux ont annoncé que "les collectivités locales seront fermées jusqu'à nouvel ordre".

- "Huile sur le feu" -

Alors que des maires ont menacé de ne pas organiser la législative partielle des 18 et 25 mars, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a assuré à l'issue du Conseil des ministres que l’État "pourvoirait" à ce que le scrutin ait bien lieu à ces dates.

Cette journée d'actions fait suite à plus de deux semaines de grève générale, marquées par plusieurs manifestations, opération escargot, et barrages routiers qui paralysent la circulation. Ceux-ci reprendront jeudi, a assuré le syndicaliste Salim Nahouda (CGT Ma).

Le président des Républicains Laurent Wauquiez, venu soutenir un candidat à la législative partielle, ne participait pas au cortège. Mais il multiplie les interpellations à l'adresse du gouvernement, dont il critique l'absence sur le terrain, et plaide pour une réforme du droit du sol sur l'île.

Annick Girardin, qui envisage de se rendre sur place après la législative, l'a accusé de mettre de "l'huile sur le feu" et le porte-parole du gouvernement a jugé mercredi "inutile d'ajouter de l'irresponsabilité politique à une situation localement très tendue".

Mme Girardin a rappelé que la départementalisation de Mayotte avait été accompagnée "de manière insatisfaisante" par les précédents gouvernements.

Outre des renforts de forces de l'ordre (arrivée imminente de deux pelotons de gendarmes mobiles supplémentaires, création d'une zone de sécurité prioritaire, etc.), elle a promis une "conférence sur l'avenir de Mayotte".

"Nous ne voulons plus de parlotte. On veut des actes. Les Mahorais attendent depuis beaucoup trop longtemps", a rétorqué M. Wauquiez.

Le député LR de Mayotte Mansour Kamardine a dénoncé la "non-assistance à île en danger", affirmant, en concertation avec les élus mahorais, que "le seul interlocuteur crédible" était "désormais le Premier Ministre, à défaut le ministre de l'Intérieur".

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