Quand les Kim allaient en vacances dans l'actuelle Corée du Sud

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Par Sunghee Hwang - Goseong (Corée du Sud) (AFP)
Publié le 25 avril 2018 - 23:13
Mis à jour le 26 avril 2018 - 00:46
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"Château de Hwajinpo", où les Kim séjournaient en vacances, le 20 avril 2018 à Goseong, près de la zone démilitarisée (DMZ), en Corée du Sud
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© Jung Yeon-je / AFP
"Château de Hwajinpo", où les Kim séjournaient en vacances, le 20 avril 2018 à Goseong, près de la zone démilitarisée (DMZ), en Corée du Sud
© Jung Yeon-je / AFP

A quelques kilomètres de la Zone démilitarisée (DMZ), une maison nichée sur une falaise dominant une plage de sable blanc rappelle que le sud de la péninsule coréenne fut aussi un lieu de villégiature prisé de la dynastie des Kim.

Kim Jong Un sera vendredi le premier leader nord-coréen à se rendre au Sud depuis la Guerre (1950-1953), pour un sommet historique avec le président sud-coréen Moon Jae-in.

Faute de traité de paix, Nord et Sud sont toujours techniquement en guerre. Et les maîtres de Pyongyang ne se sont depuis jamais aventurés au Sud.

Mais il n'en fut pas toujours ainsi, comme en témoigne cette maison en pierre en surplomb de la plage de Hwajinpo, à Goseong, sur la côte orientale.

C'est dans cette belle bâtisse surnommée le "Château de Hwajinpo" que le fondateur du régime nord-coréen Kim Il Sung et sa famille passèrent quelques vacances avant la Guerre, quand la zone était sous leur contrôle.

A l'extérieur de la maison, la reproduction d'une photo noir-et-blanc passée montre cinq enfants sur le perron. Parmi eux, le père et prédécesseur de Kim Jong Un, Kim Jong Il, âgé seulement de six ans.

Une plaque métallique avec une flèche indique "l'endroit où Kim Jong Il et sa soeur Kim Kyong Hui furent photographiés en août 1948".

Le comté de Goseong, et une partie de ce qui est aujourd'hui la province de Gangwon, passèrent sous contrôle du Nord quand Américains et Soviétiques décidèrent de diviser la péninsule au niveau du 38e parallèle à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Celle-ci marqua la fin du règne colonial japonais sur la Corée.

Pendant la meurtrière Guerre de Corée, la zone changea plusieurs fois de mains pour finalement passer sous contrôle sud-coréen.

- "Bravant une pluie d'obus..." -

Rares sont au Sud les legs de la présence nord-coréenne. Il y a également un bâtiment de trois étages à Cheorwon, au nord de Séoul, qui fut un temps un QG régional du Parti des travailleurs de Corée désormais au pouvoir à Pyongyang.

"Pendant cinq ans, la Corée du Nord dirigea cette zone en perpétrant de nombreux actes brutaux comme la torture et le meurtre", peut-on lire sur un panneau.

Gravement endommagé pendant la Guerre, le "Château de Hwajinpo" fut restauré et servit de lieu de vacances pour les militaires sud-coréens, avant d'être réaménagé en musée en 1999.

"C'est ici qu'ils séjournaient", raconte la guide Ham Ji-su.

Du toit-terrasse, une vue imprenable sur l'océan. A l'intérieur, une pièce sobre présente quelques objets -un lit simple, une radio, un téléphone- datant de l'époque où la maison était utilisée par les Kim.

Kim Jong Il ne retourna jamais au Sud. Les deux sommets intercoréens de 2000 et 2007 se déroulèrent à Pyongyang.

Mais, à en croire les biographies officielles nord-coréennes, son père Kim Il Sung s'aventura jusqu'au sud de Séoul au début de la Guerre.

"Au coeur de la nuit", M. Kim franchit en voiture un pont sur la rivière Imjin, "bravant une pluie d'obus pour se rendre au Commandement du front à Séoul", peut-on lire dans "Histoire des activités révolutionnaires du président Kim Il Sung".

- "Symbole d'harmonie" -

Après la prise de la ville de Daejeon, "Kim Il Sung alla en personne sur le front et commanda l'offensive vers le Sud des unités de l'APC" (Armée populaire de Corée).

L'histoire officielle dit aussi qu'il se rendait plus régulièrement "à Séoul pour s'occuper des conditions de vie des citoyens, allant de l'approvisionnement en nourriture, en bois de chauffage et en légumes pour le kimchi", plat traditionnel coréen.

Le scepticisme est de mise quant aux faits de guerre de Kim Il Sung, objet d'un culte de la personnalité, relativisent les experts.

Le ministère sud-coréen de l'Unification a indiqué à l'AFP qu'il n'avait aucune archive sur d'éventuels voyages au Sud de M. Kim pendant la Guerre, sans toutefois les exclure.

C'est une mission toute autre que mènera vendredi son petit-fils lors du sommet, avant une possible réunion historique dans les prochaines semaines avec le président américain Donald Trump.

Il est en temps normal rarissime que des Nord-Coréens soient autorisés à voyager au Sud. Ces derniers mois ont cependant vu une nette inflation du nombre de visites en provenance du Nord, du fait des jeux Olympiques de Pyeongchang et de la frénésie diplomatique qui s'est emparée de la péninsule.

La guide Ham Ji-su espère que le sommet encouragera plus de Nord-Coréens à voir la maison de vacances des Kim qui ne représente pas selon elle la division de la péninsule: "C'est un symbole d'harmonie".

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