"Qu'on nous écoute", plaide une immense foule de Catalans à Barcelone

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Par AFP
Publié le 04 octobre 2017 - 09:50
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Le drapeau catalan lors d'une manifestation en faveur de l'indépendance, le 3 octobre 2017 à Barcelo
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© PAU BARRENA / AFP
Le drapeau catalan lors d'une manifestation en faveur de l'indépendance, le 3 octobre 2017 à Barcelone
© PAU BARRENA / AFP

Marchant, criant, chantant, des centaines de milliers de Catalans ont dénoncé mardi à Barcelone les violences policières dimanche, avant de vivre le discours du roi d'Espagne comme une douche froide: "Il ne comprend rien", résume l'infirmière Marta Domenech.

Dans un bar, un grand silence s'est fait au moment de la diffusion du discours du roi Felipe VI, qui prenait la parole 48 heures après le référendum d'autodétermination interdit organisé dans la région.

Mais, évoquant seulement "la grande préoccupation" en Catalogne face à la conduite de ses dirigeants séparatistes, il n'a lancé aucun appel au dialogue.

"C'est une véritable honte (...) Un roi, cela doit représenter un peuple, tous ses sujets, pas seulement une partie", lâchait Domingo Gutierrez, un camionneur de 61 ans.

"Il n'a pas dit un mot sur les personnes blessées" par les policiers qui cherchaient à empêcher le référendum, ajoutait-il.

"Je pensais qu'il demanderait que toutes les parties s'assoient pour parler, mais non", dit amèrement Gerard Mur, jeune journaliste de 25 ans au chômage.

Toute la journée, indépendantistes ou non, jeunes et vieux, 700.000 Catalans avaient participé ensemble à toute une série de manifestations à Barcelone selon la police municipale, indignés par les violences policières ayant marqué dimanche le référendum interdit.

"C'est une manifestation de Catalans pour la liberté et pour la dignité", dit Georgina Asin, professeure de communication de 35 ans, dans l'immense foule qui vient de chanter avec émotion l'hymne catalan, place de l'Université. "C'est un sentiment très fort d'être ensemble comme ça, alors que je ne suis pas indépendantiste et mes parents non plus".

A son côté, son père et sa mère - qui votent habituellement pour le parti socialiste ou la formation de gauche Podemos - sont absolument outrés: "Ce qu'ont fait dimanche les policiers et gardes civils, c'est un outrage à la dignité: traîner des femmes par les cheveux, frapper des grands-mères, alors que les gens demandaient seulement à voter", dit Jose Maria Asin Prades, ancien cadre en ressources humaines de 62 ans, qui dit manifester "non pas contre l'Espagne mais contre le gouvernement espagnol" de Mariano Rajoy, "déconnecté de la réalité".

"J'ai encore sur la jambe la trace d'un coup de matraque et en tête l'image des grands-mères au visage en sang", dit aussi Myriam Lao, cheffe d'entreprise de 35 ans et indépendantiste de gauche.

"Si à Madrid ils ne reconnaissent pas ce référendum de dimanche, qu'ils nous en donnent un autre. Mais qu'on nous écoute!", dit-elle.

"Les rues seront toujours à nous" est le slogan principal. "Du calme, notre paix est leur défaite", résume un écriteau.

- 'Europe, réagis! -

Et en anglais, de très nombreux pancartes interpellent l'Union européenne: "UE, tu ne peux ignorer cela". "Europe, réagis!"

Dans l'après-midi, les manifestations ont cependant été dominées par le slogan "Dehors les forces d'occupation" et les "In-dé-pen-dance" régulièrement scandés.

Déjà, une grande partie des manifestants semble vivre son émancipation.

"On obtiendra l'indépendance ou non, mais mentalement nous sommes libres", dit Jordi Marti Bautista, 68 ans, retraité des Douanes et électeur du parti d'extrême gauche indépendantiste CUP, pour qui "le 1er octobre a été le jour de la fondation de la nouvelle République" catalane.

Parties de la Place Espagne pour s'en aller vers la Place Catalogne, six lycéennes de 14 ans se font des selfies devant un immeuble orné de l'immense banderole "Welcome to the Catalan Republic" ("Bienvenue dans la République catalane"). "C'est l'heure de la rébellion pacifique et de la création d'un pays libre", s'exalte Julia Lozano, 14 ans.

A Barcelone, les autorités régionales semblent déjà prêtes à déclarer l'indépendance de la région, après avoir annoncé "90% de oui", au référendum anticonstitutionnel de dimanche.

Une grande partie de la région s'en inquiète énormément. Et dans la foule, un manifestant élève cependant bien haut sa pancarte "je ne suis pas indépendantiste".

Cet architecte de 38 ans, Lluis Fuste, a un double message pour le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, et pour celui de l'exécutif catalan, Carles Puigdemont: "Un, c'est lamentable qu'on ne laisse pas voter notre peuple pour qu'il dise ce qu'il veut; deux, la déclaration unilatérale d'indépendance serait lamentable aussi".

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