Séisme en Indonésie : la quête désespérée d'un père dans les ruines du Mercure

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Par Harry PEARL, Bagus SARAGIH - Palu (Indonésie) (AFP)
Publié le 04 octobre 2018 - 14:32
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Des secouristes déblaient des décombres de l'hôtel Mercure de Palu en Indonésie, le 4 octobre 2018
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© BAY ISMOYO / AFP
Des secouristes déblaient des décombres de l'hôtel Mercure de Palu en Indonésie, le 4 octobre 2018
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Voilà six jours que Martinus Hamaele fouille désespérément, à mains nues, dans les ruines de l'Hôtel Mercure de Palu pour retrouver sa fille, disparue depuis le séisme et le tsunami qui ont ravagé vendredi cette ville indonésienne.

Mais après plus de 140 heures, les chances de trouver des survivants dans les décombres de l'établissement sont minces. Pourtant, Martinus Hamaele ne lâche pas l'affaire.

"Nous n'arrêtons pas de crier +Meiren, Meiren, c'est moi, c'est nous, ton papa et ton frère+", confie-t-il à l'AFP. "Mais il n'y a pas de réponse. Seulement le silence."

Situé sur le front de mer de cette ville de l'ouest de l'archipel des Célèbes, le Mercure a pris de plein fouet le tsunami qui a semé la désolation dans l'agglomération de 350.000 habitants.

Selon le dernier bilan des autorités, 1.411 personnes ont péri et plus de 2.500 ont été blessées dans la catastrophe.

Certaines parties de l'imposant hôtel sont restées debout, comme l'enseigne rose qui trône toujours au sommet de la façade. Mais d'autres parties du bâtiment se sont entièrement effondrées en un amas de briques, de béton, de barres d'acier et de meubles pulvérisés.

C'est dans ce chaos qu'évolue Martinus Hamaele, qui a déjà aidé à retirer cinq survivants des débris peu après le tremblement de terre.

"Je criais à ceux en vie de faire du bruit, de taper sur ce qu'ils pouvaient, pour qu'on puisse déterminer l'endroit où ils se trouvaient", explique cet homme de 55 ans.

"Nous avons réussi à créer une petite ouverture. Je croyais que ce serait impossible mais j'ai continué et je n'ai pas renoncé."

- "Le bâtiment peut s'effondrer" -

Un des cinq rescapés était une femme enceinte, précise-t-il.

Mais sa fille de 20 ans, qui travaillait dans l'hôtel quand est survenue la secousse de magnitude 7,5, n'a toujours pas répondu à ses appels.

Elle ferait partie des trois personnes -au moins- qui demeurent prises au piège dans le bâtiment de cinq étages.

Jeudi matin, à proximité de l'hôtel, des membres des familles des disparus étaient réunis, regardant en silence les équipes de sauveteurs aidées de chiens renifleurs se lancer dans les ruines.

Les proches des victimes sont revenus tous les jours près de l'hôtel en se plaignant de la lenteur de l'arrivée des secours.

"Je suis là depuis trois jours mais ils n'ont commencé qu'hier", dénonce Hadija, 47 ans, qui n'en peut plus d'attendre des nouvelles de son jeune frère Didi. "Ils sont très lents".

Mercredi, des secouristes indonésiens et des membres de l'ONG française Pompiers de l'urgence internationale ont retiré un corps des décombres.

Ils ont commencé à utiliser du matériel sophistiqué, comme des capteurs thermiques, des capteurs sonores, des scanners.

"Il y a toujours de l'espoir", estime Philippe Besson, président de l'ONG, soulignant toutefois que "l'immeuble est vraiment extrêmement instable". "Depuis hier, il y a eu tant de vent que l'immeuble a commencé à bouger tout seul".

La direction de l'hôtel a compté au moins trois disparus, selon Retno Budiharto, des services indonésiens de secours. "Il reste une petite possibilité" qu'ils soient toujours en vie.

Mais le défi est énorme pour les secouristes, observe Fitriana Supratia, de Jakarta Rescue.

"Le premier étage n'existe plus, le deuxième et le troisième se sont effondrés comme des crêpes", décrit-elle à l'AFP, son chien renifleur à ses pieds. "Le bâtiment peut bouger et s'effondrer à tout moment."

Pour Martinus Hamaele, il faut néanmoins accélérer le rythme pour retrouver sa fille. "Qu'elle soit en vie dans un état critique, ou que Dieu en ait décidé autrement, une chose est sûre: je veux qu'on la retrouve", dit-il.

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