"On s'est cramponnés à un arbre", raconte un Français survivant du tsunami des Célèbes

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Par Lucie GODEAU - Jakarta (AFP)
Publié le 04 octobre 2018 - 12:21
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Jean-Marc Pareja et sa femme Pascale Calissi Barral, un couple de touristes français qui a survécu au tsunami des Célèbes, à Jakarta le 4 octobre 2018
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© Dewi Nurcahyani / AFP
Jean-Marc Pareja et sa femme Pascale Calissi Barral, un couple de touristes français qui a survécu au tsunami des Célèbes, à Jakarta le 4 octobre 2018
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"De l'eau est arrivée de tous les côtés" et "on s'est cramponnés à un arbre", raconte à l'AFP Jean-Marc Pareja, touriste français qui a survécu au séisme et au tsunami dévastateurs survenus dans l'île indonésienne des Célèbes.

Le Grenoblois de 56 ans a été évacué mardi avec son épouse et une amie de Palu, la ville dévastée le 28 septembre par la catastrophe meurtrière, sur Jakarta. Il attend dans la capitale indonésienne le renouvellement du passeport de l'amie du couple, perdu dans le tumulte, afin de pouvoir rentrer en France.

"En voyant le nombre de morts qui augmente sans arrêt, on se dit que c'est un miracle, on a eu une chance de fous", raconte-t-il. D'après un dernier bilan, 1.411 personnes ont péri et plus de 2.500 ont été blessées dans le désastre.

Quand le séisme a frappé à Palu, les trois Français qui effectuaient un périple à travers les Célèbes et venaient d'arriver dans leur hôtel de bord de mer, avaient "juste eu le temps de poser" leurs affaires.

"La première sensation, ça a été le bruit assourdissant des toits en tôle. Je suis parti sur le parvis de l'hôtel, mais j'ai été couché par terre".

"On n'arrêtait pas de tomber. Tout d'un coup il y a eu un grand trou à côté de mon épouse", explique-t-il.

"Des bungalows se sont écroulés, on a perdu complètement la notion du temps. On a regardé l'océan" et "ça bouillonnait, on a vu arriver une première vague qui a passé la jetée".

Le couple et leur amie ont néanmoins réussi à s'abriter derrière l'hôtel. C'est alors que "de l'eau est arrivée de tous les côtés, avec des amas de branches, et on s'est cramponnés à un arbre", poursuit-il.

La vague provoquée par le tsunami "n'était pas très haute, 1,50 mètre peut-être, elle nous est arrivée aux épaules mais elle était d'une force énorme".

- "Emmener les enfants" -

Lorsque l'eau s'est retirée, l'épreuve n'en était pas finie pour autant, poursuit M. Pareja. Car au séisme initial de magnitude 7,5 ont succédé de multiples répliques.

Les trois amis se sont réfugiés sous les tables du restaurant de leur hôtel, qui était alors encore debout, pour tenter de survivre aux "grosses secousses" qui continuaient de frapper.

Puis les touristes, en fait les seuls clients de l'hôtel, ont fui avec le propriétaire de l'établissement et le personnel "vers les hauteurs de la ville. On était pieds nus, trempés, on a marché sur des décombres". Et "on a passé la nuit sur un parking", se rappelle-t-il.

Le lendemain, les survivants du séisme ont été confrontés à un triste spectacle. "Tout était détruit, il n'y avait plus de route, plus de bâtiments, c'était une zone de désolation".

Le Français tient à souligner sa reconnaissance envers le personnel indonésien de l'établissement, en particulier le propriétaire qui a ensuite conduit les touristes dans sa famille.

"On bivouaqué dans le jardin. On a mangé la nourriture trouvée à l'hôtel. On est resté comme ça trois jours et trois nuits. Ils nous ont réconfortés, et ils nous ont prêté un portable pour qu'on appelle l'ambassade".

A l'aéroport de Palu, accessible uniquement les jours suivant la catastrophe aux avions militaires, "il y avait des milliers de personnes agglutinées sur les grillages" dans l'espoir d'être évacuées.

"Nous, quand on est arrivés, les trois seuls Européens, des gens se sont précipités, nous ont demandé d'emmener leurs enfants", dit-il, la voix soudain brisée par l'émotion.

Dans l'avion militaire qui les conduisait vers la capitale, "on était 200 par terre, assis en tailleur avec des blessés dans des brancards".

Cet amoureux de l'Indonésie, qui en était à son troisième voyage dans l'immense archipel d'Asie du Sud-Est, veut "se donner du temps". Mais malgré cette épreuve, il promet qu'il reviendra "parce qu'on aime ce pays, et on veut revoir les gens qui nous ont aidés".

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