Sous enquête pour séquestration de migrants, Salvini contre-attaque

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Par Fanny CARRIER - Rome (AFP)
Publié le 07 septembre 2018 - 22:29
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Des migrants sur le pont du navire des gardes-côtes italiens le Diociotti, dans le port de Catane, le 23 août 2018
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© Giovanni ISOLINO / AFP
Des migrants sur le pont du navire des garde-côtes italiens Diciotti, dans le port de Catane, le 23 août 2018.
© Giovanni ISOLINO / AFP

Le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, en a appelé à ses électeurs "complices" vendredi après la confirmation d'une enquête contre lui pour séquestration de dizaines de migrants empêchés de débarquer pendant plus de 10 jours.

M. Salvini, patron de l'extrême droite italienne, a ouvert, lu et commenté un courrier du parquet de Palerme (Sicile) dans une vidéo diffusée en direct sur sa page Facebook.

Le 25 août, un procureur d'Agrigente (Sicile) avait ouvert une enquête contre M. Salvini, qui refusait le débarquement en Italie de plus de 140 migrants secourus par le Diciotti, un navire des garde-côtes italiens, dans la nuit du 15 au 16 août.

Ils avaient finalement pu débarquer le soir même, après un accord avec l'Irlande, l'Albanie et l'Eglise catholique italienne, qui s'étaient engagées à les prendre en charge.

La procédure contre M. Salvini a été transférée à une juridiction de Palerme habilitée à poursuivre les membres de l'exécutif, qui a retenu le chef de séquestration avec circonstances aggravantes.

"Un organe de l'Etat enquête sur un autre organe de l'Etat. Avec la toute petite différence que vous avez élu cet organe de l'Etat", s'est insurgé M. Salvini sur la vidéo en se désignant. "Les autres n'ont été élus par personne et ne répondent (de leurs actions) devant personne".

"C'est vous qui avez demandé à ce ministre de contrôler les frontières, de contrôler les ports, de limiter les débarquements, de limiter les départs, d'expulser les clandestins. C'est vous qui me l'avez demandé, et je vous considère comme mes amis, comme mes soutiens et comme mes complices", a-t-il ajouté.

Il a ensuite affiché la lettre dans son bureau au ministère, comme "une médaille": "Merci aux procureurs d'Agrigente, merci aux procureurs de Palerme, merci aux procureurs de Gênes. Je respecte votre travail, faites bien et faites vite, mais vous me donnez seulement plus de force".

- "Se poser en martyr" -

Jeudi, la justice a autorisé le parquet de Gênes (nord-ouest) à placer sous séquestre 49 millions d'euros indument perçus par la Ligue, à la suite d'une condamnation pour fraude d'anciens responsables du parti que M. Salvini dirige depuis 2013.

"Attention, Salvini lance tout ça sur l'immigration par calcul politique", a dénoncé Matteo Renzi, l'homme fort du Parti démocrate (centre gauche).

"Il sait que la Ligue doit restituer 49 millions d'euros. Il sait qu'il y a eu une condamnation. Et il sait que les Italiens ne pardonnent pas à qui vole leur argent. Alors il essaie de se poser en martyr et cherche l'affrontement avec les magistrats siciliens. Quelle honte!", a-t-il ajouté.

Dans sa vidéo, M. Salvini, crédité de plus de 30% des intentions de vote dans les sondages de cette rentrée, est aussi revenu sur le fait que 75 des migrants du Diciotti ont disparu des centres où ils étaient provisoirement accueillis.

"Moi j'ai séquestré des personnes qui auraient fui la guerre, et qui face à un accueil qui leur garantit pain, saucisson, repas, logement, douche, téléphone, ont préféré disparaître ?", s'est-il insurgé.

Une grande partie des migrants du Diciotti étaient des Erythréens, qui préfèrent en général tenter de rejoindre la Suède ou l'Allemagne, malgré les contrôles drastiques aux frontières et les accords de Dublin, qui les obligent à déposer leur demande d'asile dans le premier pays européen où ils sont enregistrés.

Vendredi matin à Rome, des policiers ont emmené 16 jeunes hommes qui faisaient la queue devant un dispensaire dans le campement de fortune géré par l'association Baobab Experience, qui a vu passer des dizaines de milliers de ces migrants en transit ces dernières années.

"Nous ne parlons pas de personnes recherchées ou de fugitifs", a insisté l'association dans un communiqué. "Ce sont des migrants en transit, l'Italie n'est pour eux qu'une étape vers des proches et l'espérance d'une vie meilleure".

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