Syrie : les jihadistes étrangers ne sont "pas autorisés" à quitter Raqa

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Par AFP
Publié le 14 octobre 2017 - 13:37
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Un soldat des Forces démocratiques syriennes surveille un secteur dans l'ouest la ville syrienne de
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Un soldat des Forces démocratiques syriennes surveille un secteur dans l'ouest la ville syrienne de Raqa, le 8 octobre 2017
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Les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), syriens et étrangers, seront évacués de Raqa en vertu d'un accord dévoilé samedi pour cette ville du nord syrien, en passe d'être reconquise par des combattants kurdes et arabes soutenus par Washington.

Selon les termes de l'accord, les combattants étrangers pourront se rendre, où embarquer dans des bus pour être évacués probablement vers la province voisine de Deir Ezzor, a indiqué à l'AFP Omar Allouche, un haut responsable du Conseil civil de Raqa.

Cette administration locale était chargée de mener, avec des figures tribales, les négociations qui devaient permettre la reprise totale de Raqa aux jihadistes, et l'évacuation des civils, parfois utilisés comme boucliers humains.

Dans un premier temps, la coalition internationale antijihadistes emmenée par Washington avait annoncé un "accord" et "des évacuations". Elle avait précisé qu'un "convoi" quitterait la ville samedi mais n'avait pas évoqué le sort des jihadistes syriens.

Selon la coalition, les combattants étrangers seraient exclus de l'accord.

"Le communiqué de la coalition dit quelque chose, mais la réalité est autre", a indiqué à l'AFP M. Allouche. "Oui, les combattants étrangers font partie de l'accord", a-t-il martelé.

Trois ans après sa fulgurante ascension en Irak et en Syrie, l'EI se trouve acculé dans ses derniers fiefs et voit son "califat" autoproclamé en 2014 s'écrouler face aux offensives soutenues par les Etats-Unis ou la Russie.

- '400 otages' -

A Raqa, cela fait plusieurs semaines que les jihadistes sont retranchés dans leurs derniers réduits, alors que les combattants kurdes et arabes des Forces démocratiques syriennes (FDS) ont progressivement repris près de 90% de la ville, grâce à l'appui des frappes aériennes de la coalition.

Jusqu'à 500 jihadistes, des Syriens et des étrangers, pourraient être encore retranchés dans Raqa, selon M. Allouche. "Ils ont 400 otages, des femmes et des enfants, dans l'hôpital" de la ville a-t-il précisé.

"Les combattants étrangers ont deux choix: se rendre ou être évacués par des bus", a souligné le haut responsable, évoquant comme possible destination la province de Deir Ezzor (est), où l'EI contrôle encore de larges territoires.

M. Allouche a également fait parvenir à l'AFP un communiqué rédigé par des notables tribaux annonçant que les FDS avaient donné leur accord pour "la sortie des combattants syriens" et qu'un "mécanisme" pour leur évacuation était à l'étude.

Dans un premier temps, la coalition expliquait que l'accord trouvé avait pour objectif de "minimiser les pertes civiles". "Les gens qui quittent Raqa en vertu de l'accord seront fouillés" et leur identité sera vérifiée, selon le communiqué.

Elle s'était auparavant montrée intraitable concernant le sort des jihadistes étrangers: ils "ne sont pas autorisés à quitter Raqa", a-t-elle dit, prédisant "des combats difficiles dans les jours à venir".

Cet été, une évacuation de jihadistes depuis la région frontalière entre le Liban et la Syrie vers la région de Deir Ezzor avait déjà suscité des réactions hostiles de la part de la coalition, qui avait lancé des raids pour empêcher un convoi d'arriver près de l'Irak.

Plusieurs pays occidentaux craignent que la démobilisation de l'EI en Syrie et en Irak n'entraîne un retour dans leur pays des jihadistes qui pourraient constituer un danger.

C'est notamment de Raqa qu'auraient été planifiés les spectaculaires attentats de l'EI qui ont frappé l'Europe ces dernières années.

- 'Sur le point d'en finir' -

"On est sur le point d'en finir avec Daech à Raqa", a indiqué à l'AFP un porte-parole des Unités de protection du peuple kurde (YPG), la principale composante des FDS, utilisant l'acronyme en arabe du groupe.

Mais "jusqu'à ce moment, nous luttons contre Daech", a-t-il souligné.

Acculés dans leurs derniers bastions syriens, les jihadistes ont perdu samedi leur fief de Mayadine, dans la province de Deir Ezzor, face à une offensive du régime soutenu par l'aviation de Moscou.

D'autre part, Damas a réclamé samedi le "retrait immédiat" des forces turques déployées dans le nord-ouest de la Syrie, où une "zone de désescalade" doit être instaurée dans la province d'Idleb.

Ces troupes ont été déployées dans le cadre d'un accord conclu entre d'un côté Ankara, soutien des rebelles, et de l'autre Moscou et Téhéran, parrains du régime syrien, prévoyant l'instauration de "zones de désescalade" où les pays garants s'engagent à mettre fin aux combats.

La province d'Idleb échappe au régime de Bachar al-Assad et est contrôlée par Tahrir al-Cham, une coalition jihadiste composée essentiellement de l'ex-branche d'Al-Qaïda dans le pays.

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