Venezuela : Maduro veut bloquer l'aide, Guaido n'exclut pas une intervention étrangère

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Par Maria Isabel SANCHEZ, avec Juan Restrepo à CUCUTA (Colombie) - Caracas (AFP)
Publié le 08 février 2019 - 20:42
Mis à jour le 09 février 2019 - 11:16
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L'aide humanitaire s'accumule à la frontière entre la Colombie et le Venezuela le 8 février 2019
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© Raul Arboleda / AFP
L'aide humanitaire s'accumule à la frontière entre la Colombie et le Venezuela le 8 février 2019
© Raul Arboleda / AFP

Le président Nicolas Maduro a promis vendredi de bloquer l'entrée au Venezuela de l'aide humanitaire américaine sollicitée par l'opposant Juan Guaido qui s'est dit prêt à faire "le nécessaire" pour sauver des vies, y compris autoriser une intervention militaire américaine.

"Nous ferons tout ce qui est nécessaire, tout ce que nous devons faire pour sauver des vies humaines, pour que des enfants cessent de mourir", a déclaré M. Guaido dans un entretien à l'AFP.

Il répondait à la question de savoir si sa "main ne tremblerait pas devant la possibilité d'autoriser une intervention militaire des Etats-Unis".

"Nous ferons tout ce qui est possible. C'est une question évidemment très polémique, mais en faisant usage de notre souveraineté, en exerçant nos prérogatives, nous ferons le nécessaire", a dit l'opposant, qui s'est autoproclamé le 23 janvier président par intérim en invoquant la Constitution.

Une première cargaison d'aide humanitaire envoyée par les Etats-Unis est arrivé jeudi dans la ville colombienne de Cucuta, à la frontière avec le Venezuela, en réponse à l'appel de l'opposant, désormais reconnu par une quarantaine de pays, Etats-Unis en tête.

"Le Venezuela ne va pas tolérer le show de la prétendue aide humanitaire, car nous ne sommes pas des mendiants", a répliqué le président Maduro vendredi, accusant une nouvelle fois cette aide d'être un cheval de Troie des Etats-Unis pour intervenir militairement dans le pays pétrolier.

Le Venezuela, en proie à la plus grave crise économique de son histoire récente, est frappé par de graves pénuries de nourriture, de médicaments et de nombreux produits de base. Plus de deux millions de personnes ont fui le pays depuis 2015.

- "Soldat, on compte sur toi" -

A Cucuta, devant un entrepôt où de la nourriture et des médicaments attendent d'être distribués, le député vénézuélien d'opposition Lester Toledo, nommé coordinateur international de l'aide d'urgence par M. Guaido, a expliqué qu'il s'agissait des "premières gouttes" avant "un tsunami d'aide humanitaire".

Sur place, ce premier chargement a été réceptionné par l'Unité nationale de gestion des risques de catastrophes (UNGRD), l'organisme officiel colombien chargé des secours, qui a précisé dans un communiqué qu'il se limitait à recevoir l'aide et à l'entreposer à Cucuta.

D'autres cargaisons sont attendues dans les "prochains jours", selon l'UNGRD. A celles-ci doivent s'ajouter celles qui seront stockées au Brésil et sur une île des Caraïbes encore à déterminer.

"D'autres centres de collecte vont voir le jour au Brésil. Une fois tous les centres en place, va s'ouvrir la seconde phase, celle de l'entrée" de l'aide au Venezuela, a assuré Juan Guaido dans un "message aux Vénézuéliens" aux allures d'allocution présidentielle diffusé vendredi sur YouTube.

L'inconnue reste la réaction de l'armée vénézuélienne, soutien déterminant de Nicolas Maduro, alors que des militaires vénézuéliens bloquent depuis jeudi le pont frontalier de Tienditas.

Des migrants rassemblés à Cucuta espèrent que les militaires vont céder et laisser passer les convois face à la désespérance de leurs compatriotes. "Ami soldat, on compte sur toi", brandit l'un d'eux en manifestant pacifiquement près du pont.

Malgré la profonde crise que traverse le pays, un navire de l'armée vénézuélienne est arrivé vendredi matin à La Havane pour livrer 100 tonnes d'aide humanitaire à Cuba, récemment frappé par une tornade qui a fait six morts et 200 blessés.

- Vivats et applaudissements -

Cris stridents, vivats et applaudissements: vendredi à la mi-journée à Caracas, le jeune leader de l'opposition a reçu un accueil de rock star dans l’amphithéâtre de la principale université du Venezuela.

Alors que la situation se tend de jour en jour au Venezuela, des analystes soulignent un isolement croissant du leader socialiste, dont la survie "dépend du soutien de ses alliés traditionnels comme la Russie, la Chine et la Turquie", juge le cabinet de conseil Eurasia Group, basé à New York.

"Mais Pékin est focalisé sur le recouvrement de précédents prêts et ne va pas s'exposer davantage au Venezuela (...) Moscou pourrait offrir une aide à la marge, mais ne devrait pas risquer une escalade militaire ou de nouvelles sanctions américaines", prédit-il.

Des pays européens et latino-américains du Groupe de contact international (GCI) sur le Venezuela ont par ailleurs appelé jeudi à "une élection présidentielle libre, transparente et crédible".

"Nous rejetons le parti pris" du document final du GCI, "mais je suis prêt et disposé à recevoir tout envoyé" de ce bloc, a réagi vendredi le chef de l'Etat vénézuélien.

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