Violence, logement, chomâge : les préoccupations de l'électeur brésilien

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Par AFP - Rio de Janeiro
Publié le 02 octobre 2018 - 10:28
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Avelino Barcellos de Souza, 47 ans, copropriétaire du Bar da Foca, dans le quartier de classe moyenne de Botafogo, le 26 septembre 2018.
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© Mauro Pimentel / AFP
Avelino Barcellos de Souza, 47 ans, copropriétaire du Bar da Foca, dans le quartier de classe moyenne de Botafogo, le 26 septembre 2018.
© Mauro Pimentel / AFP

Violence croissante, chômage, difficulté à se loger: l'AFP a recueilli à Rio, Brasilia et Sao Paulo des témoignages sur ces dossiers cruciaux pour l'électeur brésilien à la veille de la présidentielle:

M. de Souza, barman braqué à Rio de Janeiro

Avelino Barcellos de Souza, 47 ans, copropriétaire du Bar da Foca, situé près de plusieurs universités dans le quartier de classe moyenne de Botafogo:

"En 15 ans, mon bar n'avait jamais été braqué, mais en mars, ça nous est arrivé deux fois en deux semaines.

La première fois, il était minuit passé, il y avait une quinzaine de clients. Une voiture s'est arrêtée devant le bar et quatre jeunes sont descendus, tous armés. L'un d'eux a pointé son arme en direction de ma tête.

Deux semaines plus tard, deux personnes sont arrivées à moto et ont volé les portables des clients en moins de cinq minutes. La fréquentation a beaucoup chuté et j'ai dû changer mes habitudes.

Je n'ouvre plus le lundi, alors que c'était un bon jour pour moi, et je ferme souvent vers 22H30, et non à 01H00 comme avant, pour des raisons de sécurité.

À Rio, les jeux Olympiques de 2016 ont suscité beaucoup d'attente, une sorte de bulle s'est formée, avec une forte hausse des prix de l'immobilier, mais après, la bulle a éclaté. Avec toutes les erreurs commises par les gouvernants, le pouvoir d'achat des gens en a pris un coup. Dans le quartier, nous n'étions jamais tombés si bas.

Voter a toujours été une fierté pour moi, mais j'avoue que pour la première fois, je suis démotivé. Je ne sais pas encore pour qui je vais voter".

Mme da Cruz, chômeuse à Brasilia

Silvana da Cruz, 36 ans, habitante de la capitale Brasilia, fait partie des près de 13 millions de chercheurs d'emploi au Brésil.

"Technicienne de surface, employée de boulangerie, de supermarché, réceptionniste... Je suis preneuse!", affirme cette jeune femme qui a reçu son dernier salaire il y a cinq ans.

Née à Girassol, petite ville de l'Etat voisin de Goias (centre-ouest), elle travaillait dans une boulangerie de Vicente Pires, une des villes-satellites en périphérie de la capitale du Brésil, mais a dû quitter cet emploi pour des raisons de sécurité.

"Je travaillais là-bas depuis plusieurs années, mais c'était très loin de chez moi (environ 50 km). J'ai décidé de m'arrêter parce qu'il y avait beaucoup de vols à main armée dans le bus et j'arrivais très tard chez moi".

Mais quand elle a décidé de revenir sur le marché du travail, il était trop tard. La crise s'était emparée du pays et les places étaient de plus en plus rares.

"J'ai moins d'opportunités que les autres parce que je mets 1h45 en bus pour arriver à Brasilia", déplore Silvana, qui partage son foyer avec ses parents, son mari et ses deux enfants adolescents.

"Heureusement, ma fille a décroché un emploi d'assistante dentaire à Girassol", affirme-t-elle.

Elle ne souhaite pas révéler pour qui elle va voter aux élections, mais espère voir arriver au pouvoir "une personne digne, qui donnera plus d'opportunités aux populations qui vivent autour de la capitale".

Mme Batista, habitante d'un squat à Sao Paulo

Diane Batista, 35 ans, mère de quatre enfants, qui s'est retrouvée au chômage et a dû déménager avec son mari et trois de ses enfants dans un squat du centre-ville en raison de la hausse des loyers à Sao Paulo:

"Je me suis demandée plus d'une fois comment une personne pouvait devenir sans abri. Moi, ça m'est presque arrivé. J'ai perdu mon emploi et il fallait que je paie mon loyer.

Pour le propriétaire, ça ne change rien qu'on soit chômeuse et qu'on ait des enfants à charge. Il faut payer dans les délais, sinon, on doit partir.

Maintenant, je comprends pourquoi tant de gens vivent dans la rue. Même si j'ai fait un peu d'études et ai de l'expérience professionnelle, nous nous sommes retrouvés pratiquement à la rue.

Heureusement que nous avons été acceptés dans le squat géré par des associations, c'est le seul moyen que nous avons trouvé pour survivre à Sao Paulo".

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