"France is back" : le pari d'Emmanuel Macron à l'international

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Par Valérie LEROUX et Katy LEE - Paris (AFP)
Publié le 07 mai 2018 - 15:47
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Emmanuel Macron, Angela Merkel et Donald Trump, au sommet du G20 à Hambourg en juillet 2017
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© John MACDOUGALL / AFP/Archives
Emmanuel Macron, Angela Merkel et Donald Trump, au sommet du G20 à Hambourg en juillet 2017
© John MACDOUGALL / AFP/Archives

En un an, Emmanuel Macron a réussi à projeter une nouvelle image de la France, celle d'un pays "réformiste", "volontariste", mais il doit encore transformer l'essai et concrétiser ses ambitions internationales, notamment pour l'Europe.

Depuis son élection le 7 mai 2017, le chef de l'Etat a multiplié les déplacements hypermédiatisés et les initiatives personnelles pour tenter d'influer sur les affaires du monde, du nucléaire iranien à la Syrie.

Fort de son slogan "France is back" ("La France est de retour"), de son aisance en anglais et d'une communication sur mesure, il s'est posé en nouveau "leader de l'Europe" et en ardent défenseur des valeurs démocratiques de l'Occident.

Il a forgé une "amitié" improbable avec Donald Trump, ordonné des frappes en Syrie au nom de la lutte contre les armes chimiques et milite pour une réforme en profondeur de l'Europe.

"L'étoile de la France pâlissait, son modèle passait pour irréformable (...) Macron a attiré comme un aimant les médias internationaux en quête d'une nouvelle icône", décryptent Boris Toucas et Célia Belin au Center for Strategic and International Studies (CSIS) à Washington.

"Certains sont même allés jusqu'à parler d'un +miracle+ Macron", quitte à "survendre" le récit du déclin français et de l'homme providentiel, notent les deux chercheurs.

En Europe, le nouveau président a aussi bénéficié d'un effacement relatif du Royaume-Uni et de l'Allemagne sur fond de Brexit et d'affaiblissement de la chancelière Angela Merkel.

- "Parler à tous" -

La complicité affichée avec Donald Trump en avril à Washington - même s'il a critiqué sa vision du monde - et son activisme tous azimuts tardent toutefois à se traduire en résultats tangibles sur le front diplomatique.

De son aveu même, il n'a probablement pas réussi à convaincre le président américain de rester dans l'accord sur le nucléaire iranien, tout comme il ne l'a pas ramené dans celui sur le changement climatique.

"Trump peut difficilement accepter ce que Macron attend de lui sans perdre sa crédibilité auprès de sa base populiste", pointe John Springford au Centre for European Reform à Londres.

Dès son élection, Emmanuel Macron s'est fait fort de parler à tous, recevant Vladimir Poutine sous les ors du château de Versailles quand d'autres prenaient leurs distances avec le maître du Kremlin.

"C'est le seul responsable européen à pouvoir parler substantiellement à la fois à Trump, Poutine, (les présidents égyptien et turc) Sissi et Erdogan", relève François Heisbourg, le président de l'IISS (International Institute for Strategic Studies) de Londres.

Il peut se targuer d'avoir fait revenir à Beyrouth le Premier ministre libanais Saad Hariri, qui avait annoncé sa démission depuis Ryad, et réuni en juillet 2017 les deux frères ennemis libyens à Paris, le Premier ministre Fayez al-Sarraj et le maréchal Khailifa Haftar.

- "L'Europe, talon d'Achille" -

La réconciliation tarde toutefois à se concrétiser en Libye. La France a aussi le plus grand mal à rallier les pays impliqués dans la crise syrienne à son idée de "groupe de contact" pour relancer la recherche d'une solution politique.

"Vouloir parler à tout le monde, c'est très bien mais pour faire quoi ?", s'interroge Agnès Levallois, une spécialiste du Moyen-Orient, notant le "grand écart" permanent de la France entre l'Arabie saoudite et l'Iran, les deux ennemis jurés de la région.

Son projet de refondation de l'Europe se heurte aussi à un certain immobilisme allemand, teinté d'indifférence sinon d'hostilité chez d'autres, où le populisme continue à gagner du terrain, y compris en Italie.

"Son talon d'Achille, c'est l'Europe", souligne François Heisbourg, jugeant qu'il lui reste un an à peine, d'ici aux élections européennes de 2019, pour faire bouger les lignes.

La France appelle de ses vœux la création d'un budget autonome de la zone euro pour soutenir les investissements et a lancé des consultations citoyennes sur l'Europe qui suscitent peu d'enthousiasme.

"Les signaux ne sont pas très encourageants (..) Les Allemands redoutent de payer la facture", analyse John Springford. Au final, Emmanuel Macron est peut-être plus visible et populaire qu'Angela Merkel mais sans elle, il ne pourra rien faire en Europe, insistent les analystes.

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