La démission de Hulot, nouvel épisode de la "société civile" au gouvernement

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Par AFP - Paris
Publié le 28 août 2018 - 16:11
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Le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, le 14 septembre 2017 à Paris
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© ludovic MARIN / AFP/Archives
Le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot à l'Elysée le 14 septembre 2017
© ludovic MARIN / AFP/Archives

La démission de Nicolas Hulot constitue un nouvel épisode de l'histoire mouvementée des ministres issus de la société civile, une catégorie qui, avec Françoise Nyssen, Agnès Buzyn ou encore Muriel Pénicaud, tient une place éminente dans l'exécutif d'Emmanuel Macron.

Le départ surprise du ministre de la Transition écologique mardi, "c'est le prix à payer pour avoir des ministres de la société civile au gouvernement", a commenté l'Elysée après l'annonce de M. Hulot qui, fait rare sinon inédit, n'avait prévenu ni l'Elysée, ni Matignon de sa décision.

La pratique consistant à confier des portefeuilles ministériels à des personnalités reconnues pour leur expertise professionnelle, sans engagement partisan de premier plan, n'est pas nouvelle. La scientifique Irène Joliot-Curie dans le gouvernement du Front populaire en 1936, l'alpiniste Maurice Herzog auprès du général de Gaulle en 1958, ou la juriste Simone Veil sous le septennat de Valéry Giscard d'Estaing en 1974, figurent parmi les précurseurs.

Jacques Chirac avait notamment nommé à Bercy deux grands patrons, Francis Mer en 2002 puis Thierry Breton en 2005, ou bien le philosophe Luc Ferry à l'Education. Ces expériences n'avaient pas débouché sur une longue carrière politique. L'avocate Christine Lagarde, nommée en 2005, est au contraire montée en grade en 2007, sous la présidence Sarkozy, et dirige aujourd'hui le FMI.

En 2017, M. Macron a poussé la démarche à un niveau inédit, près de la moitié des ministres d'Edouard Philippe étant estampillés "société civile". Parmi ceux-ci: Agnès Buzyn (Santé), Muriel Pénicaud (Travail), Jean-Michel Blanquer (Education), Elisabeth Borne (Transports), Frédérique Vidal (Enseignement supérieur), Nicole Belloubet (Justice) ou encore Françoise Nyssen (Culture).

Parmi eux, Nicolas Hulot était la plus grosse prise, mais avec un profil un peu à part de spectateur très engagé de la politique. Il fut successivement un interlocuteur régulier de Jacques Chirac, l'auteur d'un "pacte écologique" à l'adresse des candidats en 2007, un candidat malheureux à la primaire des Verts en 2011, et même un "envoyé spécial pour la planète" de François Hollande.

En vertu de ce passé, M. Hulot "n'a pas été pris comme un technicien, quelqu'un qui vient, fort de son expertise, mettre en œuvre un projet politique", juge un responsable de l'opposition: "Lui au contraire est venu avec son projet, dont il s'est aperçu qu'il n'était pas celui de Macron".

"Il y a vraiment un regard ambigu de l'opinion" sur les ministres issus de la société civile, estime le directeur général adjoint de l'Ifop, Frédéric Dabi : "D'un côté, leur nomination a beaucoup plu aux Français. Cela répondait à une sorte d'attente, d'imaginaire". Mais ces profils "n'ont pas de poids politique. Chez Nicole Belloubet, on a senti du flottement lors d'un moment de crise (l'affaire Benalla, NDLR)", poursuit M. Dabi, qui relève aussi la faible notoriété de ces ministres, avec le seul "contre-exemple" de Marlène Schiappa (Droits des femmes).

Parmi ceux-ci, Françoise Nyssen apparaît fragilisée au sein du gouvernement. En juillet, elle s'est vu retirer, au profit de Matignon, la régulation économique du secteur de l'édition et la tutelle du Centre national du livre (CNL), afin d'éviter tout conflit d'intérêts avec ses anciennes fonctions de patronne de l'éditeur Actes Sud. A cela s'ajoute une enquête sur des travaux présumés illégaux dans sa maison d'édition, révélés par le Canard enchaîné.

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