La fin de vie, un test de cohésion pour la majorité

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Par Jérémy MAROT - Paris (AFP)
Publié le 20 mars 2018 - 12:36
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Sujet très clivant et relevant de l'intime, la création réclamée par certains d'un droit à l'euthanasie divise au sein du gouvernement et des députés La République en marche, sans cap clair fixé par le président Emmanuel Macron.

C'est un thème sur lequel le candidat Macron s'était montré évasif et des plus prudents, se contentant d'une brève réponse au quotidien La Croix. "Je suis favorable à ce que ce débat avance mais je ne me précipiterai pas pour légiférer", avait-il déclaré en mars 2017, se disant toutefois favorable à améliorer "encore l'accompagnement dans les derniers moments de la vie".

Un cadre a certes été posé avec les "Etats généraux de la bioéthique", lancés en janvier et qui comportent un volet sur la fin de vie. Parallèlement, la Haute autorité de santé (HAS) vient de rendre des recommandations et un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) évaluant la législation actuelle est attendu début avril.

Mais, dans ce brouillard idéologique et à peine deux ans après l'entrée en vigueur de la loi Claeys-Leonetti, fruit d'un consensus transpartisan, qui avait formalisé le droit à la "sédation profonde et continue", le débat s'est ravivé dans les rangs des marcheurs, devançant le calendrier prévu.

Fer de lance du combat pour l'euthanasie, le député (LREM) du Rhône Jean-Louis Touraine a déposé dès septembre 2017 une proposition de loi ouvrant la possibilité à une "assistance médicalisée active à mourir". L'ancien socialiste s'est aussi fendu d'une tribune remarquée dans Le Monde, cosignée par 156 députés dont une majorité de marcheurs.

"Dans le groupe LREM, plus de la moitié sont prêts à voter pour (aller plus loin). Un petit pourcentage est contre. Et encore un pourcentage notable de gens sont en cours de réflexion", affirme à l'AFP M. Touraine.

Ce professeur de médecine, à la tête à l'Assemblée d'un groupe d'études transpartisan réuni mercredi pour la première fois, diagnostique "que la loi (actuelle) ne correspond pas aux demandes de la société française".

"Les gens demandent une aide active à mourir, d'autres des accompagnements en soins palliatifs, mais il n'y a pas de gens qui veulent être endormis pendant des semaines", assure-t-il, rappelant que des pays voisins (Belgique, Luxembourg, Suisse) autorisent l'euthanasie.

- 'Dépassionner le sujet' -

A la tribune des 156 a répondu le 12 mars celle de 85 parlementaires, dont quelques LREM, s'opposant à la légalisation de l'euthanasie et demandant à s'en tenir à la législation actuelle. Une ligne conforme à celle de la ministre de la Santé Agnès Buzyn, "convaincue que la loi Claeys-Leonetti répond aux besoins sans aller vers une loi différente".

"Mais c'est pas insensé de vouloir aller plus loin que la loi Claeys-Leonetti. Je pense qu'au gouvernement, on a tous des sensibilités différentes là-dessus", pointe un autre ministre, qui comme beaucoup des marcheurs les plus concernés, tire ses convictions d'une expérience personnelle forte.

Ravivant des débats connus sous le précédent quinquennat, un député, touché au plus près et en faveur du statu quo, évoque ainsi un "sujet intime", "hyper-clivant" et "très sensible", quand une autre qualifie ce sujet de "nitroglycérine", tout en dénonçant "des hypocrisies terribles sur la fin de vie".

"Il faut savoir dépassionner le sujet", plaide un cadre du groupe en demandant d'être "prudent dans l'approche". Consigne d'ailleurs passée en réunion de groupe.

Pendant ce temps, au sommet de l'Etat, la réflexion mûrit. Edouard Philippe, dont le père, gravement malade, avait choisi d'arrêter ses traitements, avait confié à l'été dernier au JDD ne pas "avoir arrêté une position définitive qui (lui) permette de résoudre (s)es interrogations".

M. Macron, lui, consulte, en attendant de trancher sur une loi -beaucoup plus générale, sur la bioéthique- attendue fin 2018, peut-être 2019. Mi-février, il a tenu un premier dîner sur ce thème.

"C'est un sujet qui l'intéresse. Mais je ne peux pas vous dire quel est le fond de sa pensée", indique M. Touraine.

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