La Nouvelle-Calédonie, des accords de Matignon au référendum de 2018

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Par Juliette Baillot - Paris (AFP)
Publié le 19 mars 2018 - 10:58
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(g-d): Yeiwéné Yeiwéné et Jean-Marie Tjibaou du FLNKS, les députés RPCR Jacques Lafleur et Dic Ukeiwé, le 26 juin 1988 après la signature à Matignon, à Paris, d'un accord sur l'avenir de la Nouvelle-C
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© JEAN-LOUP GAUTREAU / AFP/Archives
(g-d): Yeiwéné Yeiwéné et Jean-Marie Tjibaou du FLNKS, les députés RPCR Jacques Lafleur et Dic Ukeiwé, le 26 juin 1988 après la signature à Matignon, à Paris, d'un accord sur l'ave
© JEAN-LOUP GAUTREAU / AFP/Archives

Depuis 1988, la Nouvelle-Calédonie est lancée dans un difficile processus de décolonisation par étapes, qui va déboucher le 4 novembre sur un référendum d'autodétermination.

- 1988: drame d'Ouvéa et accords de Matignon -

Tous les Néo-Calédoniens ont en mémoire les tensions des années 80 dans cet archipel du Pacifique sud -français depuis 1853-, avec le boycott en 1984 des élections territoriales par les indépendantistes du FLNKS et surtout l'assaut sanglant de la grotte d'Ouvéa, le 5 mai 1988: 19 kanak qui retenaient en otages des gendarmes sont tués, ainsi que deux militaires.

Moins de deux mois après, le 26 juin 1988, les accords tripartites dits "de Matignon" sont conclus non sans mal entre Jean-Marie Tjibaou pour le FLNKS (indépendantiste), Jacques Lafleur pour le RPCR (anti-indépendantiste) et le Premier ministre socialiste Michel Rocard.

Ces accords, ratifiés par les Français lors d'un référendum le 6 novembre 1988, créent trois provinces (Nord, Sud, Iles Loyauté) et prévoient l'organisation d'un scrutin d'autodétermination en Nouvelle-Calédonie dans les dix ans.

Mais le 4 mai 1989, Jean-Marie Tjibaou, président du FLNKS, est tué par balle par le kanak indépendantiste Djubelly Wéa, qui ne lui a pas pardonné d'avoir signé ces accords. Wéa tire également sur Yeiwéné Yeiwéné, autre figure du FLNKS, avant d'être lui-même abattu par le garde du corps des deux victimes.

- 1998: l'accord de Nouméa -

Dix ans plus tard, le 5 mai 1998, la signature de l'accord de Nouméa, sous l'égide du Premier ministre Lionel Jospin, lui aussi socialiste, instaure en Nouvelle-Calédonie un processus de décolonisation sur vingt ans.

Ce texte fondateur, conclu entre l'Etat, les anti-indépendantistes et les indépendantistes kanak, puis ratifié à 72% par les Calédoniens lors d'un référendum, organise l'émancipation par étapes de l'archipel.

Un référendum d'autodétermination est prévu entre 2014 et 2018 au plus tard.

Pour les observateurs, l'accord de Nouméa est le garant du maintien de la paix en Nouvelle-Calédonie, après la quasi-guerre civile des années 80.

Mais la mise en oeuvre de ce processus, sans équivalent au sein de la République, se fait à petits pas. Ainsi, la Nouvelle-Calédonie adopte en 2009, après plusieurs années de négociations, un texte qui encadre l'exploitation de ses richesses en nickel en rénovant notamment les normes environnementales.

- 2018: pour ou contre l'indépendance -

Le Parlement adopte en 2009 un projet de loi qui permet des transferts progressifs de compétences de l'Etat à la Nouvelle-Calédonie, assortis de leurs modalités financières. Des transferts sont ainsi enclenchés en 2011 pour les affaires de police, en 2012 pour l'organisation scolaire ou en 2013 pour le droit civil et commercial.

Au-delà, l'accord de Nouméa doit s'achever au plus tard en novembre 2018 par le référendum au cours duquel les Calédoniens décideront s'ils souhaitent accéder à la pleine souveraineté.

Une éventuelle indépendance de la France serait une première depuis celle de Djibouti (1977) et du Vanuatu (1980), ex-Condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides, voisin de la Nouvelle-Calédonie.

Si le non à l'indépendance l'emportait sur le "Caillou" peuplé d'environ 269.000 habitants, deux autres scrutins référendaires seraient envisagés par la loi.

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