Le sort des migrants de l'Aquarius met en colère des députés LREM

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Par Véronique MARTINACHE - Paris (AFP)
Publié le 13 juin 2018 - 14:04
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La députée LREM Sonia Krimi à l'Assemblée nationale le 19 décembre 2017
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© Patrick KOVARIK / AFP/Archives
La députée LREM Sonia Krimi à l'Assemblée nationale le 19 décembre 2017
© Patrick KOVARIK / AFP/Archives

Le sort de l'Aquarius, ce navire humanitaire en route vers l'Espagne avec 629 migrants, crée de fortes dissensions au sein de La République en marche, plusieurs députés reprochant à l'exécutif son attentisme, voire son "indifférence".

"Il y a des silences qui s'apparentent à de la honte", s'est indignée Sonia Krimi, députée LREM de la Manche.

"Le gouvernement refuse de voir la réalité, mais l'indifférence sur ce sujet est pire que de prendre une position comme l'a fait Matteo Salvini en Italie", a-t-elle accusé mercredi dans un entretien au Parisien. "Au moins, lui assume ses convictions, et on ne peut pas le lui reprocher. Que je sache, on n'a pas un gouvernement d'extrême droite en France!".

"On est un pays qui au regard du monde est censé incarner les droits fondamentaux, la question des droits de l’Homme, donc être très attentiste sur une situation comme celle-là, qui est une situation d’urgence, ça ne va pas ensemble", a dénoncé son collègue de la Haute-Garonne, Sébastien Nadot.

"On sait que ces situations d’urgence vont advenir assez régulièrement et ne pas être armé pour apporter des réponses rapides, pour un pays comme la France, je trouve qu’on vaut mieux que ça, l’Europe aussi vaut mieux que ça", a-t-il lancé sur Europe 1.

Quelque 629 migrants, ballottés en Méditerranée depuis dimanche après le refus de l'Italie et de Malte de les accueillir, faisaient route mercredi vers l'Espagne, répartis à bord de trois bateaux dont le navire humanitaire Aquarius.

L'ONG SOS Méditerranée, qui a affrété l'Aquarius pour venir en aide aux migrants au large de la Libye, a précisé qu'il leur faudrait encore au moins quatre jours de mer pour atteindre le port de Valence.

- "On attend que les migrants se noient" -

Critiqué pour son silence sur la situation de ces migrants, Emmanuel Macron a fini par dénoncer mardi le "cynisme" et l'"irresponsabilité" de l'Italie. Edouard Philippe a par la suite assuré que la France était "prête à aider" l'Espagne pour "accueillir et analyser la situation de ceux qui, sur ce bateau, pourraient vouloir bénéficier du statut de réfugié".

Mais ces déclarations tardives n'ont pas suffi à apaiser les esprits au sein de la majorité, où la question migratoire était déjà apparue comme un sujet de tension lors de l'examen du projet de loi asile et immigration.

"Ca arrive trop tard!", a dénoncé Mme Krimi. "Là, on attend que les migrants se noient peut-être et après on nous dit qu'on est prêt à les accueillir...".

En avril, 15 députés LREM n'avaient pas voté le texte asile et immigration, 14 préférant s'abstenir, dont Sonia Krimi, et un seul votant contre, Jean-Michel Clément, qui a quitté le groupe.

Cette fois, c'est "une trentaine" de députés LREM, selon un marcheur, qui ont donné de la voix pour réclamer une action de la France ou pour féliciter l'Espagne qui a proposé dès lundi d'accueillir l'Aquarius et ses passagers.

"J'aurais aimé que la France puisse être dans la droite tradition qui est la sienne d'accueil et de réponse aux situations humanitaires d'urgence", a ainsi déclaré le vice-président de l'Assemblée nationale, Hugues Renson.

"Il aurait été du devoir de la France de proposer d'accueillir les quelque 600 hommes, femmes et enfants en danger", a jugé Saïd Ahamada, tandis que pour Anne-Christine Lang, "la France se serait honorée" à accueillir les passagers de l'Aquarius.

Le sujet divise aussi au sein des Républicains. Le député Philippe Gosselin a ainsi marqué son désaccord par rapport à la position de son parti.

"Ne pas les secourir, ne pas les accueillir, c’est une atteinte à l’humanité en danger", a-t-il déclaré, alors qu'Eric Ciotti jugeait que l'Aquarius avec ses passagers devait "retourne(r) vers les côtes libyennes". Des propos appuyés par la porte-parole du parti Laurence Sailliet.

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