Léotard/Karachi : la justice se prononcera le 14 novembre

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Par AFP
Publié le 03 octobre 2017 - 19:19
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Combinaison réalisée le 13 janvier 2014 à Paris des portraits de l'ancien Premier ministre Edouard B
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© JACQUES BRINON, PASCAL PAVANI / AFP/Archives
Combinaison réalisée le 13 janvier 2014 à Paris des portraits de l'ancien Premier ministre Edouard Balladur et de François Léotard
© JACQUES BRINON, PASCAL PAVANI / AFP/Archives

La cour d'appel de Paris dira le 14 novembre si elle estime que François Léotard a menti sous serment lors de son témoignage en 2011 devant le juge d'instruction chargé d'enquêter sur l'attentat de Karachi, a appris mardi l'AFP de source proche du dossier.

L'enquête a été ouverte en 2013 à la suite d'une plainte déposée par des proches de victimes françaises de cet attentat dans lequel quinze personnes ont été tuées le 8 mai 2002, dont onze ouvriers de la Direction des constructions navales (DCN).

Selon les plaignants, représentés par Me Olivier Morice, François Léotard, 75 ans, ministre de la Défense de 1993 à 1995 sous le gouvernement d’Édouard Balladur, a "effectué un faux témoignage lors de son audition" par l'ancien juge antiterroriste Marc Trévidic "le 31 janvier 2011 alors même qu'il était entendu en qualité de témoin ayant prêté serment".

En juillet 2016, la juge d'instruction avait ordonné un non-lieu, estimant, d'après la source proche du dossier, que comme l'enquête "n'avait pas abouti à l'exercice de poursuites" contre François Léotard, on ne pouvait à ce stade l'accuser d'avoir menti. Les parties civiles avaient fait appel.

"Mais, depuis ce non-lieu, la donne a totalement changé", a relevé Me Morice puisque "François Léotard a été mis en examen début juillet" dans l'autre enquête Karachi, son volet dit financier, dans laquelle des juges s'interrogent sur un possible financement illicite de la campagne présidentielle d’Édouard Balladur en 1995 via des rétrocommissions sur les contrats d'armement.

L'ex-responsable politique y est poursuivi, tout comme Edouard Balladur, pour "complicité d'abus de biens sociaux" par la Cour de justice de la République, seule habilitée à juger des délits commis par des membres du gouvernement dans l'exercice de leurs fonctions.

La justice travaille sur l'hypothèse selon laquelle l'attentat aurait été commis en représailles à l'arrêt par la France du paiement de commissions liées à des contrats de vente d'armes de la France à l'Arabie Saoudite (Sawari II) et au Pakistan (Agosta), signés sous le gouvernement Balladur.

C'est en creusant cette piste que les magistrats ont acquis la conviction que les comptes de campagne de M. Balladur avaient été en partie abondés par des rétrocommissions illégales.

- Intermédiaires "imposés"-

Les plaignants considèrent que François Léotard a menti au juge Trévidic à plusieurs reprises, en niant notamment que son cabinet ait imposé de nouveaux intermédiaires, Ziad Takieddine et Abdulrahmane Al-Assir, en toute fin de négociation des contrats d'armement.

Si l'ancien député du Var et maire de Fréjus avait assuré en 2011 au juge ne rien savoir sur ce point, un rapport d'information parlementaire de 2010 sur l'attentat avait conclu que les deux intermédiaires "ont été imposés au terme de la négociation à la demande de François Léotard quand il était ministre de la Défense".

Deuxième point souligné par les plaignants : le fait que François Léotard ait minimisé sa relation avec Ziad Takieddine et nié celle avec Abdulrahmane Al-Assir.

Les deux intermédiaires et quatre autres protagonistes, dont Nicolas Bazire, ex-directeur de la campagne, et Thierry Gaubert, alors membre du cabinet de Nicolas Sarkozy, ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel. La date de leur procès n'a pas encore été fixée.

Quant à MM. Balladur et Léotard, il appartient désormais à la commission d'instruction de la Cour de justice de la République de les renvoyer ou non devant la formation de jugement de la CJR.

Dans l'autre enquête Karachi, le volet dit terroriste, aucune mise en examen n'a été prononcée à ce jour.

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