Les "constructifs" d'Agir face au casse-tête des Européennes

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Par Paul AUBRIAT - Montévrain (France) (AFP)
Publié le 16 septembre 2018 - 20:34
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Le président d'Agir, le député Franck Riester, le 17 janvier 2018 à Paris
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives
Le président d'Agir, le député Franck Riester, le 17 janvier 2018 à Paris
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives

Le congrès fondateur d'Agir, petite formation à l'écart de la majorité mais "constructive", a mis en lumière le casse-tête auquel le centre-droit "Macron-compatible" fait face à l'approche des élections européennes.

Deux anciens chefs de gouvernement, Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin, ont assisté à la naissance officielle du nouveau parti auquel, toutefois, ils ne prévoient pas pour l'heure d'adhérer.

Fondé par des ex-LR qui souhaitent "que Macron réussisse", "Agir est +la+ réponse à la décomposition de la droite et à la recomposition du paysage politique français", a assuré son président, le député Franck Riester, en répétant son credo: "pro-Européen, libéral et humaniste".

Devant quelque 800 militants réunis à Montevrain, dans la grande banlieue Est de Paris, ce proche du ministre de l'Economie Bruno Le Maire a durement critiqué Les Républicains, son ancien parti coupable selon lui d'une "dérive identitaire, autoritaire et populiste". Mais aussi, de manière plus mesurée, LREM, "ce parti fourre-tout".

Volontiers nostalgiques de l'UMP des débuts, les cadres d'Agir ont, à défaut de les faire adhérer, convaincus les pères de l'ex-parti de droite Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin de venir s'exprimer lors de ce grand raout inaugural. Xavier Bertrand a également envoyé un message vidéo.

"Je me suis dit que si j'avais envie d'adhérer à un parti, je serais sensible à votre prochaine campagne d'adhésion", a plaisanté M. Juppé, en promettant toutefois qu'il ferait entendre sa voix lors des élections européennes et qu'il se battrait "contre ceux qui veulent démolir l'Europe".

Avec quelle stratégie électorale? Si ce congrès inaugural devait initialement être celui de l'affirmation d'une stratégie pour les élections européennes de mai, les cadres d'Agir ont acté qu'il était aujourd'hui urgent d'attendre.

En jeu: une alliance avec LREM, telle que le parti présidentiel la souhaite dans le cadre d'une vaste liste centrale pro-européenne, ou bien la tentation d'une liste autonome.

Dimanche matin, l'ancien ministre Frédéric Lefebvre a vigoureusement défendu la première hypothèse, en mettant en garde contre "tout bluff inutile ou tout réflexe pavlovien".

Plusieurs cadres, qui rappellent que bon nombre d'entre eux sont des proches du Premier ministre d'Édouard Philippe, mettent notamment en exergue le risque financier que représenterait une candidature autonome.

"Mais nous pouvons aussi nous allier avec Libres !", le mouvement de Valérie Pécresse, avance la sénatrice Fabienne Keller, une proche d'Alain Juppé, selon qui "aucune option n'est pour l'heure exclue".

- Liste autonome ? -

Quel espace électoral est-il ouvert à une possible liste Agir ? "L'espace au centre n'a jamais été aussi encombré et concurrentiel", fait observer le politologue Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'IFOP, selon qui "l'idée qu'une liste puisse être un réceptacle de pro-Europe déçus de LREM tient sur le papier", si elle visait notamment les retraités.

Dès lors, certains cadres proposent une liste indépendante, mais alliée avec le Mouvement radical, issu de la réunification du PRG et des Valoisiens, et l'UDI, alors que le parti de Jean-Christophe Lagarde - dont les députés siègent avec ceux d'Agir dans un même groupe à l'Assemblée nationale - ne cache plus ses ambitions pour le scrutin de mai 2019.

"L'UDI a certes plus de moyens que nous, mais leur ligne, davantage fédéraliste que la nôtre, pourrait toutefois être un obstacle", note un parlementaire.

La question du groupe parlementaire dans lequel siègeraient les éventuels eurodéputés Agir n'est pas non plus tranchée: d'abord proches du PPE (démocrates-chrétiens et conservateurs, majoritaires), mais qui compte dans ses rangs le parti du Premier ministre hongrois Viktor Orban, certains sont prêts à travailler avec les centristes de l'ALDE.

"Il est certain que, chez Agir, les opinions sont diverses", euphémise le sénateur Claude Malhuret, pour qui la décision doit être prise "dans trois ou quatre mois" maximum, pour "éventuellement discuter et négocier".

"Personne ne sait combien de temps dure une recomposition", fait-il encore observer, alors que l'espace du centre et du centre droit demeure aussi atomisé qu'au lendemain de la présidentielle.

Face à cette offensive au centre droit, un haut cadre LR joue l'ironie : "Alain Juppé? Quand on a été Premier ministre de la France, secrétaire général du RPR, fondateur de l'UMP, on ne devient pas leader d'Agir."

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