A Lourdes, la vente des emblématiques échoppes fait polémique

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Par Thomas ROSSI - Lourdes (AFP)
Publié le 12 mars 2019 - 14:31
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Des échoppes vendant des articles religieux près du sanctuaire de Lourdes, dans les Hautes-Pyrénées, en août 2015
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© Pascal PAVANI / AFP/Archives
Des échoppes vendant des articles religieux près du sanctuaire de Lourdes, dans les Hautes-Pyrénées, en août 2015
© Pascal PAVANI / AFP/Archives

Elles vendent des cierges, des chapelets ou encore des gourdes remplies d'eau bénite. Les emblématiques échoppes situées près du sanctuaire de Lourdes (Hautes-Pyrénées), les "bancs de la Grotte", que la mairie veut vendre, sont au centre d'une polémique dans la cité mariale, à un an des élections municipales.

Propriété de la ville, ces 66 emplacements commerciaux, où sont notamment vendus les articles religieux, font l’objet d’une convention datant de 1911, octroyant ces locaux à de faibles loyers, en échange de la prise en charge par le locataire des travaux d'entretien.

Chaque année, plusieurs millions de personnes se rendent dans la cité pyrénéenne, un des premiers lieux de pèlerinage catholique dans le monde. Selon l'enseignement de l’Église, la Vierge Marie y est apparue à Bernadette Soubirous en 1858, près de la grotte Massabielle.

"C’est quelque chose qui a interpellé tous mes prédécesseurs en raison de la faiblesse des loyers, indique à l'AFP Josette Bourdeu, la maire PRG de Lourdes. Il y a une disproportion entre les loyers, les chiffres d’affaires et les recettes pour la ville s’élevant à environ 390.000 euros par an".

"Tant que les locataires faisaient les travaux, pourquoi pas? Mais la loi Pinel a tout changé et oblige maintenant les propriétaires à financer eux-mêmes ces travaux. Je ne veux pas que les Lourdais contribuent, par leur fiscalité, à la rénovation des +bancs de la Grotte+", insiste-t-elle.

- "endettement très important" -

"Par ailleurs, nous sommes arrivés à un niveau d’endettement très important. On ne peut plus emprunter donc il faut que je trouve d’autres recettes", précise l'édile.

Mais la décision de vendre les célèbres "bancs de la Grotte" provoque l'ire de l'opposition. "Mme Bourdeu veut absolument faire rentrer de l’argent pour compenser le déficit qu’elle a créé, rétorque Bruno Vinuales, ancien adjoint passé dans l’opposition. Les caisses sont vides, non pas à cause des commerçants mais d’une mauvaise gestion. Les raisons invoquées ne tiennent pas la route".

"A un an des municipales, Mme Bourdeu décide de mettre en vente les +bancs+. Pourquoi veut-on décider en si peu de temps de l’avenir de 66 locataires? Pourquoi se séparer d’un actif municipal, sans concertation et sans discussion?", affirme Jean-Pierre Artiganave, ancien maire (ex-UMP) de Lourdes entre 2000 et 2014, actuellement conseiller municipal d’opposition.

"Les petites méthodes ne font pas les grands hommes", répond Josette Bourdeu, dénonçant "des outrances, des caricatures et des attaques incessantes". "C’est vrai que c’est un patrimoine, mais un patrimoine désuet et à restaurer qui doit s’adapter aux attentes des visiteurs", poursuit-elle.

- conseil municipal houleux -

Mi-février, la municipalité a présenté un protocole de vente destiné à "assurer un certain nombre de garanties", selon la maire de Lourdes.

Adopté le 1er mars, au cours d'un conseil municipal houleux, celui-ci prévoit notamment l’impossibilité pour un acheteur d'acquérir plus de deux "bancs", et donne la priorité de rachat aux locataires actuels. Parallèlement, la ville a demandé une évaluation au service des Domaines de la direction générale des finances, dans le but de connaître la valeur vénale de chaque emplacement.

"J’attends encore l’expertise définitive, mais les +bancs de la Grotte+ ont chacun été évalué par les Domaines entre 150.000 et 515.000 euros. Dès la fin de la semaine, je vais écrire à chaque locataire, qui aura un mois pour répondre. On espère obtenir cette année un million d’euros issu de la recette de ces ventes" qui ne concerneraient en 2019 que quelques "bancs", précise Mme Bourdeu.

"Vu les prix, certaines personnes ne pourront pas emprunter pour acquérir leur local", regrette Jean-Pierre Artiganave. "Et s’ils y arrivent, ils ne pourront pas lever un second emprunt pour faire les travaux nécessaires", surenchérit Bruno Vinuales.

Après plusieurs années de baisse, Lourdes, deuxième cité hôtelière de France après Paris, a enregistré une légère progression de sa fréquentation en 2018, avec environ 600.000 visiteurs accueillis, générant deux millions de nuitées.

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