Première démission au Congrès américain d'un élu accusé de harcèlement sexuel

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Par AFP
Publié le 05 décembre 2017 - 19:46
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John Conyers, ici pendant une audition le 26 octobre 2017, siège depuis 1965 à la Chambre des représ
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© Drew Angerer / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP
John Conyers lors d'une audition de la commission des Affaires judiciaires de la Chambre des représentants, le 26 octobre 2017
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Le doyen de la Chambre des représentants américaine, le démocrate John Conyers, a cédé aux pressions de son parti mardi et annoncé sa démission, après avoir été accusé de harcèlement sexuel par d'anciennes collaboratrices.

A 88 ans, ce champion de la lutte pour les droits civiques des Noirs met fin, dans la controverse, à une longue carrière politique qui l'a vu côtoyer des figures telles que Martin Luther King Jr. et Rosa Parks. Il représentait une circonscription de Detroit depuis 1965, faisant de lui, de loin, le doyen de la chambre basse du Congrès.

Plutôt que de parler de démission, il a employé l'euphémisme du départ à la retraite.

"Je prends ma retraite aujourd'hui", a déclaré John Conyers, 88 ans, sur une radio locale de Detroit, depuis l'hôpital où il a été admis, selon son entourage, la semaine dernière. "Mon influence continuera à travers mes enfants", a insisté l'octogénaire, en adoubant son fils, John Conyers III, pour lui succéder (son neveu, Ian Conyers, a également annoncé sa candidature).

"Dans l'environnement actuel, je n'aurais pas le droit à une procédure équitable", a-t-il aussi justifié dans une lettre.

Le parlementaire nie les allégations à son encontre, formulées depuis deux semaines par au moins cinq femmes ayant travaillé à son service il y a plusieurs années. Outre des gestes déplacés, l'élu aurait fait des avances sexuelles. Il a signé un règlement à l'amiable avec l'une d'elles, sans admettre de culpabilité; son avocat, Arnold Reed, a indiqué mardi, sur la chaîne HLN, que l'élu ne comptait pas rembourser au Trésor les 27.000 dollars d'indemnités versés à la femme.

Il est le premier des quatre parlementaires actuellement accusés de harcèlement sexuel à avoir démissionné.

Les représentants démocrate Ruben Kihuen et républicain Blake Farenthold sont accusés de harcèlement, et le sénateur démocrate Al Franken de gestes déplacés, ainsi que d'un baiser forcé avant qu'il ne soit élu.

Séparément, un élu républicain, Joe Barton, a annoncé qu'il ne briguerait pas de nouveau mandat en novembre 2018, après qu'une photo nue de lui a circulé sur internet.

- La question Roy Moore -

La vague d'accusations contre ces élus a donné l'impulsion à des réformes pour lutter contre le harcèlement au sein de l'institution. Les élus ont déjà adopté le principe d'une formation obligatoire, tant pour les parlementaires que les employés.

Le malaise au sein du parti démocrate était particulièrement visible. La chef des démocrates de la Chambre, Nancy Pelosi, a mis plusieurs jours à publiquement demander à John Conyers de démissionner. Elle a adressé la même injonction à Ruben Kihuen, 37 ans.

"Tolérance zéro, cela veut dire des conséquences pour tout le monde. Quelle que soit la carrière, cela ne peut donner un permis de harceler ou discriminer; c'est même encore plus décevant", a déclaré Nancy Pelosi la semaine dernière.

Le parti républicain, de son côté, doit gérer le scandale autour de son candidat à la sénatoriale de l'Alabama, mardi prochain, Roy Moore.

Cet ancien magistrat ultra-conservateur est accusé depuis bientôt un mois par plusieurs femmes d'attouchements dans les années 1970 et 1980, alors qu'elles étaient mineures. Il avait également l'habitude de faire la cour à des adolescentes et de les emmener dîner.

Chefs et sénateurs républicains ont initialement coupé les ponts avec lui, l'appelant à se désister. Mais après avoir tergiversé pendant plusieurs semaines, et face à la détermination de Roy Moore à ne pas abandonner, le président Donald Trump a fini par appeler à voter pour lui, lundi, afin de garder le siège dans le camp républicain.

Les robinets financiers du parti républicain, qui s'étaient fermés, se sont également rouverts, a confirmé l'équipe de campagne de Roy Moore.

S'il est élu mardi prochain, il ne sera pas accueilli les bras ouverts. Mitch McConnell, le chef de la majorité sénatoriale, a indiqué mardi qu'il ne pourrait pas empêcher Roy Moore de prêter serment, notant que la Cour suprême avait jugé en 1969 que le seul impératif était de remplir les critères constitutionnels d'éligibilité.

Mais, a prévenu le chef républicain, "je prédis qu'il aura immédiatement affaire avec la commission éthique" du Sénat, une commission qui peut recommander des sanctions allant jusqu'à l'exclusion.

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