Appel à manifester contre Joseph Kabila sans écho à Kinshasa

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Par AFP
Publié le 10 avril 2017 - 15:05
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Des congolais passent devant des magasins fermés et dans des rues restées calmes malgré un appel de
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© Junior D. KANNAH / AFP
Des congolais passent devant des magasins fermés et dans des rues restées calmes malgré un appel de l'opposition à tenir des rassemblements anti-gouvernementaux le 10 avril 2017 pr
© Junior D. KANNAH / AFP

La population de Kinshasa est restée massivement chez elle lundi par crainte de violences pendant une manifestation interdite contre le président Joseph Kabila à laquelle l'opposition congolaise avait appelée sans conviction, et qui n'a pas eu lieu.

Jusqu'en fin d'après-midi, la bouillonnante capitale de la République démocratique du Congo est apparue fantomatique : le silence caractéristique des journées de tension politique dans cette mégapole de quelque 10 millions d'habitants l'a emporté sur le vacarme habituel.

Alors que les forces de l'ordre étaient toujours nettement visibles, un semblant de vie a repris en fin de journée dans les gargotes dansantes des quartiers de Matonge et Yolo, symboles de l'ambiance festive de "Kin la Belle".

L'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti de l'opposant historique Étienne Tshisekedi décédé en février, avait appelé la population à manifester lundi dans tout le Congo contre M. Kabila, au pouvoir depuis 2001. Mais la marche annoncée à Kinshasa n'a pas eu lieu, faute de manifestants et d'organisation.

Félix Tshisekedi, fils d’Étienne qui briguait ouvertement le poste de Premier ministre, a accusé dimanche le président, dont le mandat a expiré le 20 décembre 2016, d'être "le principal obstacle au processus démocratique" après que le chef de l’État eut nommé vendredi Bruno Tshibala, un dissident de l'UDPS, à la tête du gouvernement.

M. Tshisekedi a quitté le Congo par avion dimanche après-midi avant que la police n'annonce l'interdiction de tout rassemblement politique dans l'ensemble du pays lundi. Le secrétaire général de l'UDPS, Jean-Marc Kabund, est resté injoignable une grande partie de la journée. Rencontré par deux journalistes de l'AFP, il a refusé de répondre à leurs questions.

"Comme il y a des policiers partout, j'ai préféré ne pas sortir", a confié à l'AFP Brel Kabeya, "chailleur" (vendeur à la criée) "acquis au changement". Sympathisante de l'UDPS, Aurélie Makuntu, vendeuse sur un marché, explique avoir fait le même choix "pour éviter de (se) faire tuer ou blesser".

L'appel de l'opposition "à une déferlante populaire (...) a été un échec", a estimé le président de l'Assemblée nationale, Aubin Minaku, chef de la Majorité présidentielle.

La RDC traverse une crise politique depuis la réélection de M. Kabila en 2011 lors d'une présidentielle entachée de fraudes massives.

- 'Souveraineté'-

Les tensions ont été exacerbées avec son maintien au pouvoir après le 20 décembre dans un climat de violences ayant fait des dizaines de morts alors que la population congolaise, miséreuse, voit sa situation empirer chaque jour avec la crise économique.

M. Kabila a 45 ans et la Constitution lui interdit de se représenter. Sous l'égide de l’Église catholique, opposition et majorité ont signé le 31 décembre un accord prévoyant le maintien au pouvoir du chef de l’État jusqu'à l'entrée en fonctions d'un successeur devant être élu en 2017, en échange de la nomination d'un Premier ministre issu de l'opposition.

Après trois mois de tergiversations sur le partage des postes entre les signataires de l'accord, M. Kabila, qui ne l'a pas signé, a fini par nommer M. Tshibala, que l'UDPS voit comme un traître.

La France a qualifié lundi cette décision présidentielle de "violation" de l'accord du 31 décembre, "porteuse de graves risques pour la stabilité et l'avenir du pays". Pour la Belgique, l'ancienne puissance coloniale, la nomination de M. Tshibala "s'écarte de la lettre et de l'esprit de l'accord de la Saint-Sylvestre".

"Les réactions étrangères ne changeront rien à cet acte de souveraineté et de sagesse", a réagi sur Twitter Jean-Pierre Kambila, adjoint au directeur de cabinet de M. Kabila, alors que la tenue d'une présidentielle avant la fin de l'année apparaît bien hypothétique.

A Lubumbashi (Sud-Est) deuxième ville du pays quadrillée par les forces de l'ordre, l'activité a tourné normalement dans l'après-midi après une matinée au ralenti. Goma (Est), a connu une journée semblable après quelques échauffourées entre manifestants et policiers au petit matin.

Sur l'ensemble du territoire national, la police affirme que "les quelques tentatives d'attroupement observées ça et là ont été dispersées" sans faire de blessés, et que "quelques interpellations administratives" ont eu lieu. Un journaliste de l'AFP en a vu au moins quatre à Kinshasa.

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