Au procès pour viols d'un accro aux rencontres en ligne

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Par AFP
Publié le 10 mai 2017 - 21:20
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La jeune femme s'était rendue chez cet homme rencontré sur le site internet "Adopte un mec". Mercredi, au procès de ce trentenaire jugé à Versailles pour une dizaine de viols, elle a raconté ne s'être "pas assez" méfiée.

"J'ai du mal à approcher les gens, je suis assez timide", témoigne cette blonde de 29 ans, voix posée. Elle espérait rencontrer "du sérieux" sur ce site "où on trouve de tout".

"Donc il faut se méfier", complète le président de la cour d'assises des Yvelines. -"Tout à fait." -"Vous vous êtes méfiée?" -"Pas assez".

Sur sa photo, l'homme posait appuyé contre sa voiture. Son physique athlétique lui avait plu.

Son profil à elle était clair: "Moi, sur ma fiche, j'avais noté +pas de plan cul+". Elle l'avait prévenu: "J'ai pas l'habitude de rencontrer les gens aussi vite".

Sèchement, il avait répondu ne pas vouloir "perdre de temps" avec ces "chichis". Elle avait hésité mais quand il l'avait appelée, sa voix était "douce". Alors elle l'avait rejoint chez lui aux Mureaux (Yvelines).

"Ca va vite, quand même", souligne le président. Elle sanglote: "J'ai très clairement refusé" toute relation sexuelle. Elle décrit des baisers échangés. Puis un viol, des menaces, "Tais-toi ou je te cogne".

Une de ses amies lui avait pourtant raconté avoir subi des attouchements de la part d'un homme rencontré sur internet. Mais "on pense pas forcément que ça peut nous arriver".

La jeune femme, qui a depuis rencontré "quelqu'un de bien" sur le même site, avait porté plainte pour viol en juillet 2013. Une deuxième femme avait fait de même en octobre 2013. Les enquêteurs avaient identifié, au total, onze jeunes femmes relatant des faits comparables survenus cette année-là.

Willy Désir, 34 ans, reconnaît un besoin compulsif de relations sexuelles, sans affect, sans préservatif, assouvi notamment grâce à "Adopte un mec".

Il nie en revanche l'ensemble des accusations: sept viols, viols aggravés sur deux femmes enceintes, tentative de viol sur une dixième, agression sexuelle sur une onzième.

Seules quatre femmes, qui témoignaient mercredi, se sont constituées partie civile. Plusieurs autres n'ont pas souhaité se présenter devant la cour.

- "Le démon dans ses yeux" -

"La honte et le dégoût", résume l'une d'elles, 24 ans, cheveux courts, pour expliquer qu'elle n'avait pas porté plainte.

Elle était montée dans la voiture de Willy Désir et, une fois garés dans une allée isolée, avait consenti à un début de relation sexuelle, "mais pas au reste".

N'avait-elle pas pris un "gros risque", demande le président, en montant dans cette voiture ? -"Dans ma pensée, c'était dans l'optique de faire connaissance".

"Adopte un mec" publie des "règles de prudence" à destination de ses utilisateurs, qui peuvent signaler tout profil "suspect" ou "inapproprié".

"J'étais naïve, j'ai décidé de rencontrer quelqu'un que je ne connaissais pas", raconte une autre victime présumée, cheveux nattés. Par internet, par facilité: "Dans la rue on n'a pas forcément envie, on a peur, on se dit +Imagine, s'il ne veut pas qu'on discute ?+"

Une quatrième partie civile, rencontrée là encore sur "Adopte un mec", fut pour sa part la compagne de l'accusé pendant quelques semaines. Elle avait découvert, au bout de quinze jours de relation, qu'elle était enceinte de lui.

Un matin, il l'avait violée et menacée de la frapper au ventre, raconte-t-elle. "J'ai peur pour mon enfant, y'a le démon dans ses yeux". Elle l'avait quitté le lendemain.

"Je pense que ça pourrait l'aider psychologiquement d'avouer ses fautes". Sa voix tremble, elle le désigne: "On est toutes pareilles, on ressent de la honte, mais non, c'est cet homme-là le coupable."

Willy Désir reste impassible.

Le verdict est prévu vendredi.

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