Combat pour la survie de rares momies au Yémen

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Par AFP
Publié le 11 mai 2017 - 13:16
Mis à jour le 15 mai 2017 - 13:45
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Un étudiant yéménite observe une momie à l'Université de Sanaa, le 10 mai 2017
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© Mohammed HUWAIS / AFP
Un étudiant yéménite observe une momie à l'Université de Sanaa, le 10 mai 2017
© Mohammed HUWAIS / AFP
Au musée archéologique de Sanaa au Yémen, des momies antiques se sont mise à se décomposer. Les archéologues tirent la sonnette d'alarme, alors que le conflit entre les rebelles houthis et le gouvernement soutenu par l'Arabie saoudite n'en finit pas de s'enliser.

Victime inattendue de la guerre au Yémen qui a fait des milliers de morts et provoqué des destructions à grande échelle: une rare collection de momies que les archéologues tentent désespérément de préserver.

Le musée de l'Université de Sanaa, la capitale yéménite, abrite cette petite collection qui témoigne d'une civilisation mal connue de l'"Arabie heureuse", ancienne appellation du Yémen, datant de 400 av. J.C.

Depuis des décennies, des visiteurs viennent voir les restes embaumés d'hommes et de femmes de plus de deux millénaires, certains avec des dents et des mèches de cheveux encore intactes.

Mais, avec les coupures d'électricité et le blocus presque total des ports sous le contrôle des rebelles Houthis, le sort de ces momies se trouve entre les mains des belligérants.

Des archéologues s'efforcent de conserver les douze momies, découvertes accidentellement lors de fouilles archéologiques dans les années 1980 et 1990.

Ces restes humains souffrent de la chaleur, de l'humidité et de la pénurie de produits de conservation, selon des spécialistes.

"Ces momies sont un témoin tangible de l'histoire d'une nation (...) et elles sont affectées par la guerre", déplore Abdel Rahmane Jarallah, responsable du département d'archéologie de l'Université de Sanaa.

"Elles ont besoin d'un environnement contrôlé et de soins réguliers, y compris une désinfection tous les six mois. Certaines ont commencé à se désintégrer car nous ne pouvons pas assurer (la fourniture de) l'électricité et des produits chimiques de préservation, et nous luttons contre la puanteur", dit-il à l'AFP.

"Nous sommes inquiets à la fois pour la conservation des momies et pour la santé de ceux qui les manipulent".

- Patrimoine en péril -

De la cité antique de Palmyre en Syrie à la vieille ville de Sanaa, des sites archéologiques et des musées du Moyen-Orient sont menacés par les conflits qui ne montrent aucun signe d'apaisement.

La vieille ville de Sanaa, inscrite depuis 1986 sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, est désormais considérée en péril en raison du conflit, déclenché en 2015.

Ce conflit oppose les rebelles Houthis pro-iraniens, venus du nord et qui se sont emparés de Sanaa en 2014, au gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu par une coalition arabe menée par l'Arabie saoudite.

Perchée sur un mont rocailleux de 2.200 mètres d'altitude, Sanaa a été continuellement habitée depuis 2.500 ans et revêt une importance particulière pour le patrimoine islamique avec plus de 100 anciennes mosquées et quelque 6.000 maisons construites avant le XIe siècle.

Le vieux Sanaa est célèbre pour ses maisons de plusieurs étages construites en pierres basaltiques colorées et des fenêtres richement décorées de verres multicolores.

L'un des quartiers de la vieille ville a été détruit en 2015 dans ce qui a été décrit comme un raid aérien de la coalition arabe. Cinq personnes ont été tuées et des maisons médiévales en pisé et un fort ottoman détruits.

Les destructions s'accompagnent en outre de pillages. Ainsi, les autorités suisses ont saisi l'année dernière des pièces archéologiques en provenance du Yémen, de Syrie et de Libye, deux autres pays en conflit.

Les archéologues yéménites ont lancé un appel aux partis politiques et aux organisations internationales pour aider à la préservation des momies qui risquent de souffrir davantage à l'approche de l'été.

Spécialiste de la restauration à l'Université de Sanaa, Fahmi al-Ariqi est inquiet.

"Nous avons besoin d'experts pour sauver les 12 momies qui se trouvent ici et 12 autres qui se trouvent au Musée national de Sanaa", a-t-il déclaré.

Mais, même si les appels sont restés sans réponses, ces archéologues yéménites restent confiants.

"Notre culture et notre histoire ne disparaîtront jamais", a assuré M. Jarallah. "Le Yémen déborde de sites archéologiques et de nombreuses momies restent à découvrir".

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