Le pari de "Pinocchio" en ouverture du festival d'Aix-en-Provence

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Par AFP
Publié le 30 juin 2017 - 15:50
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La chanteuse française d'opéra Chloé Briot dans "Pinocchio" du compositeur belge Philippe Boesmans,
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La chanteuse française d'opéra Chloé Briot dans "Pinocchio" du compositeur belge Philippe Boesmans, le 29 juin 2017 à Aix-en-Provence.
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Le festival d'opéra d'Aix-en-Provence ouvre cette année avec une création contemporaine, un pari osé dans ce temple de Mozart, le "Pinocchio" de Joël Pommerat, mis en musique par le compositeur belge Philippe Boesmans.

Ce "Pinocchio" d'aujourd'hui, un odieux gamin avide de plaisirs, tenait particulièrement à coeur à Bernard Foccroulle, qui présente son avant-dernière saison au festival.

"Cela faisait longtemps que je voulais que Joël Pommerat, qui écrit des pièces magnifiques s'adressant aussi bien aux adultes qu'aux enfants fasse pour nous un opéra tout public", explique-t-il.

Le duo Pommerat/Boesmans a déjà transposé avec succès à l'opéra la pièce "Au monde" en 2014 au Théâtre de la Monnaie, à Bruxelles.

"C'est une deuxième naissance d'un même spectacle", souligne Eric Soyer, qui collabore depuis vingt ans aux spectacles de Pommerat, dont il signe la scénographie et les éclairages. Autant dire qu'il n'est pas pour rien dans la magie qui baigne ses spectacles.

Décors réduits au minimum, fondus au noir évoquant le cinéma, éclairages intimes ou au contraire saturés comme dans un concert rock: la "touche" d'Eric Soyer se réinvente sans cesse.

"Cendrillon ou Pinocchio utilisent beaucoup la couleur, avec cette idée de la magie et de l'enchantement visuel", explique-t-il.

"Pinocchio à l'opéra va pousser encore plus loin cet émerveillement. C'est l'univers forain, le chapiteau, le cirque, et aussi l'univers fellinien avec les ritournelles, les grains de lumière, les costumes".

De la pièce au livret, le texte a fondu de 80%. Autre contrainte de l'opéra: on ne peut pas plonger dans le noir les musiciens et c'est la machinerie (des "guillotines" de velours) qui va recréer les fameux "noirs" qui créent l'illusion d'une paupière qui s'ouvre et se ferme. "Il y a une travail de fusion de la lumière, de la vidéo et de la machinerie", précise Eric Soyer.

Là où l'opéra utilise des décors très imposants, le duo Pommerat/Soyer privilégie "un travail sur le vide", avec des fragments de décor -fauteuil, lampadaire- qui suggèrent une ambiance sans écraser la scène.

- Cinq créations en cinq jours -

Pour son "Pinocchio", Joël Pommerat peut compter sur deux chanteurs qui ont déjà travaillé avec lui pour l'opéra "Au monde", Stéphane Degout et Yann Beuron, rejoints par Vincent Le Texier, Chloé Briot (le pantin), Julie Boulianne et Marie-Eve Munger (la fée).

Son Pinocchio est un enfant-tyran d'aujourd'hui. "En plus d'être vieux, t'es pauvre!", lance-t-il, cruel, à son père.

A 54 ans, Pommerat a créé une vingtaine de spectacles uniques où le son, la lumière et le texte fusionnent, portés par un travail d'acteurs à fleur de peau. L'écriture s'élabore en cours de répétition et le texte peut changer jusque après la première.

Sa compagnie Louis Brouillard emploie plus d'une centaine de personnes, et ses spectacles font le tour du monde.

"Pinocchio", pièce de théâtre écrite en 2008, prend place entre "Le petit Chaperon Rouge" (2004, récemment repris aux Bouffes du Nord) et la fantastique "Cendrillon" (2011) donnée jusqu'au 6 août au Théâtre de la Porte-Saint-Martin à Paris.

Le Festival d'Aix -3 au 22 juillet- crée cette année 5 opéras en 5 jours. Simon McBurney, un autre magicien du théâtre, monte "The Rake's Progress" d'Igor Stravinsky, après une "Flûte enchantée" mémorable donnée à Aix en 2014.

Le trublion russe de la scène lyrique Dmitri Tcherniakov va révolutionner la vision traditionnelle de "Carmen" avec le chef espagnol Pablo Heras-Casado dans la fosse.

Une nouvelle production de "Don Giovanni" est confiée à Jean-François Sivadier qui avait monté à Aix une "Traviata" mémorable en 2011 avec Natalie Dessay, et à Jérémie Rhorer.

Le festival ressuscite "Erismena", une oeuvre oubliée de Cavalli (1602-1676), confiée à Jean Bellorini, le jeune directeur du théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis et au chef baroque argentin Leonardo Garcia Alarcon.

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