Danielle Darrieux : Bébé Donge a 100 ans (DIAPORAMA + VIDÉO)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 27 avril 2017 - 02:14
Mis à jour le 30 avril 2017 - 11:45
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Danielle Darrieux 1952 Affaire Ciceron
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©Wikimedia Commons
Danielle Darrieux dans "L'affaire Cicéron" de Joseph Mankiewicz (1952).
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La belle Danielle Darrieux a 100 ans ce 1er mai. L'interprète de "Mayerling", "La vérité sur Bébé Donge" ou "Madame de…" a tourné une centaine de films dans une carrière qui s'est achevée il y a peu, en 2010.

Le 1er mai, c'est la Fête du travail et le jour du muguet. C'est aussi l'anniversaire d'une icône du cinéma et du théâtre français qui, cette année, fête ses 100 ans. Née le 1er mai 1917, Danielle Darrieux entre dans le cercle très fermé des stars centenaires.

Elles ne sont pas nombreuses. Aux États-Unis, Kirk Douglas a fêté ses 100 ans en décembre dernier et Olivia de Havilland aura 101 ans en juillet prochain. En France, Suzy Delair rejoindra le club le 31 décembre prochain, alors que la doyenne reste Gisèle Casadesus, 103 ans en juin prochain.

Que les jeunes générations pour lesquelles Danielle Darrieux n'évoque pas grand-chose la googlisent section Photos pour constater à quel point sa beauté a impressionné des générations de spectateurs, des années 30 aux années 50. Vingt ans avant Brigitte Bardot, elle avait imposé ses initiales DD au grand public.

Née à Bordeaux, Danielle Darrieux a commencé dans le cinéma en 1931 à l'âge de 14 ans dans le film Le bal, de Wilhelm Thiele. Elle a ensuite très vite enchaîné les rôles de gamines délurées, ingénues provocantes ou beautés innocentes dans une vingtaine de films avant de devenir une vedette à 19 ans avec le rôle romantique d'une fragile et touchante comtesse dans Mayerling, d'Anatole Litvak, avec Charles Boyer, en 1936.

Peu auparavant, elle a tourné en 1934 dans Mauvaise graine, le premier film d'un scénariste autrichien exilé fuyant l’Allemagne nazie, Billy Wilder, futur réalisateur de Boulevard du crépuscule, Sept ans de réflexion ou Certains l'aiment chaud. Et elle a épousé en 1935 à 18 ans Henri Decoin, 45 ans, ancien champion de natation et futur réalisateur de Razzia sur la schnouf (1955), avec qui elle tournera 10 film au cours de sa carrière.

Celle que l'on surnomme à l'époque "la petite fiancée de Paris" part passer deux ans à Hollywood mais s'ennuie et revient en France, juste avant la guerre. Là, avant de se séparer de lui, elle tourne en 1941 avec Henri Decoin Premier rendez-vous, sous contrat avec la Continental, compagnie allemande fondée par Goebbels en 1940 et installée en France.

En 1942 elle épouse Porfirio Rubirosa, playboy et ambassadeur de la République dominicaine, ce qui va lui causer des ennuis. Celui-ci est accusé d’activités anti-allemandes, arrêté par la Gestapo et interné en Allemagne. Pour le faire libérer, Danielle Darrieux cède au chantage des Nazis, en tournant deux autres films pour la Continental et en participant au fâcheux "voyage à Berlin" qu’effectuent en mars 1942 plusieurs artistes français sous contrat avec la Continental (Albert Préjean, René Dary, Suzy Delair, Junie Astor, Viviane Romance).

Elle n'aura pas trop d'ennuis à la Libération, et pourra entamer une seconde partie de carrière avec des films plus prestigieux, dans lesquelles elle s'éloigne des rôles d'ingénues pour jouer des femmes plus âgées, plus nuancées, plus fortes. Ce seront notamment La vérité sur Bébé Donge (1952) d'Henri Decoin, où elle interprète la jeune femme amoureuse puis bafouée puis meurtrière d'un industriel, Jean Gabin; L'affaire Cicéron (1952) de Joseph Mankiewicz, avec James Mason; ou Le rouge et le noir (1954) de Claude Autant-Lara, avec Gérard Philipe.

Mais l'apogée de sa carrière sera sa collaboration avec Max Ophüls, dont elle deviendra la muse et qui lui offrira ses plus beaux rôles dans trois films: femme mariée dans La ronde (1950), prostituée dans Le plaisir (1952), et surtout Madame de… (1953), dans le personnage d'une aristocrate inconséquente qui trouve dans le péché, le mensonge, puis la mort, un sens à sa vie.

Sur le plan personnel, elle divorce de son playboy dominicain en 1947 pour épouser en 1948 le scénariste et écrivain Georges Mitsinkidès, avec qui elle restera mariée jusqu’à la mort de celui-ci, en 1991.

Le temps passant, les années 60 et suivantes lui offrent moins de rôles intéressants et de films importants, à quelques exceptions près. On la retrouve notamment comme mère des jumelles Catherine Deneuve et Françoise Dorléac en 1967 dans Les demoiselles de Rochefort, de Jacques Demy, comédie musicale dans laquelle elle est la seule actrice à chanter elle-même sans être doublée. Car c'est l'un des autres talents de Danielle Darrieux: musicienne et chanteuse, elle a enregistré de nombreuses chansons.

Le cinéma la délaissant peu à peu (malgré un César d'honneur en 1985), la dernière partie de sa carrière fera davantage place à la télévision et surtout au théâtre (40 pièces au total, dont plus d'une trentaine après 1960), ce qui lui vaudra un Molière d'honneur en 1997 pour ses 80 ans et un "vrai" Molière de la meilleure comédienne en 2003 pour Oscar et la Dame rose, d'Éric-Emmanuel Schmitt.

Au début du XXIe siècle, on l'a revue ça et là au cinéma, notamment dans 8 femmes de François Ozon en 2001 (aux côtés de Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, Emmanuelle Béart, Fanny Ardant, Virginie Ledoyen et Ludivine Sagnier), ou dans Une vie à t'attendre de Thierry Klifa en 2004 (avec Nathalie Baye et Patrick Bruel). Son dernier film a été Pièce montée de Denys Granier-Deferre en 2010, avec Jean-Pierre Marielle et Julie Depardieu, qui a marqué son retrait de la vie publique.

Depuis, auprès de son compagnon Jacques, un jeune octogénaire qui partage sa vie depuis 1994 dans sa maison de Normandie, elle coule une vieillesse tranquille après une carrière d'une centaine de films et une vie bien remplie qui ne lui a jamais causé trop d'ennuis, comme elle le confiait au Figaro en 2008: "Je n’ai jamais suivi aucun régime, jamais rien fait par obligation. Rien ne vaut un petit whisky. J’ai encore de bonnes jambes, mais la gym imposée, très peu pour moi. Je n’ai heureusement aucun problème de mémoire. Je dors bien, c’est peut-être le secret de ma forme". 

Voir ci-dessous un diaporama des principaux rôles de Danielle Darrieux et une vidéo du film La vérité sur Bébé Donge (1952), d'Henri Decoin, avec Jean Gabin:

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