"La nouvelle vie de Paul Sneijder" : Thierry Lhermitte promeneur de chiens (VIDEO)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 07 juin 2016 - 04:07
Mis à jour le 08 juin 2016 - 12:25
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Thierry Lhermitte Film Paul Sneijder
Crédits
©SND Distribution
Thierry Lhermitte change de vie: après un deuil, l'ancien ingénieur devient promeneur de chiens.
©SND Distribution
Dans "La nouvelle vie de Paul Sneijder", qui sort ce mercredi dans les salles, Thierry Lhermitte interprète un homme brisé par un accident et un deuil familial qui décide de changer de vie et commence par devenir promeneur de chiens, au Québec.

C'est un Thierry Lhermitte comme on ne n'a jamais vu: sobre et sombre, désespéré, cherchant un sens à son existence après un choc émotionnel, barbu et physiquement brisé, alternant la lassitude et l'humour noir dans le personnage qu'il interprète dans le film La nouvelle vie de Paul Sneijder, qui sort ce mercredi 8 sur les écrans.

Paul Sneijder, installé au Québec avec sa femme Anna (Géraldine Pailhas) et leurs jumeaux en fin d'adolescence, se remet difficilement d'un drame: il a survécu à un accident d'ascenseur dans lequel a péri sa fille aînée, née d'un premier mariage, et qu'il avait auparavant négligée.

Au fil des mois, il se rétablit peu à peu de ses blessures mais reste déprimé. Il traîne les pieds quand sa femme le pousse à aller le plus vite possible voir un avocat, afin d'obtenir le maximum de dommages et intérêts des sociétés d'ascenseurs et d'entretien responsables de l'accident. Cet argent est important, lui dit-elle: "Pour les garçons, c'est l'opportunité d'intégrer l'univers à haut potentiel des meilleures universités américaines".

Mais cette idée dégoûte Paul Sneijder: "Je ne vais pas payer Harvard à mes fils avec les cendres de leur sœur", réplique-t-il. Et une envie sourde, tenace, continue lui vient de tirer un trait sur la vie qu'il a menée jusqu'alors, ingénieur puis importateur de vins, époux docile, père absent. Sa nouvelle vie, il décide de la commencer en postulant pour un poste de promeneurs de chiens…

Réalisé par Thomas Vincent (qui a fait beaucoup de téléfilms après ses deux premiers longs métrages, Karnaval en 1999 et Je suis un assassin en 2004), le film est tiré d'un roman de Jean-Paul Dubois paru en 2011. Quand il a découvert le livre, le réalisateur y a vu "quelque chose qui me correspondait vraiment à ce moment-là, quelque chose de désespéré, avec une forme de distance ironique sur le monde, que j’ai toujours d’ailleurs".

"L'uniformisation, la standardisation d’un monde où plus rien ne dépasse est un thème important du film", ajoute-t-il. "Les enfants de Paul, golems de leur mère, sont en uniforme de leur collège. Anna, sa femme, applique à leur vie intime les principes de la vie d’entreprise. Leur maison ressemble à une maison témoin, standard. Rien n’a de personnalité, juste de la fonctionnalité, tout est normé. Paul dira d’ailleurs en parlant de sa famille qu’elle est une société anonyme. J’aime le double sens de cette formule".

Dans une atmosphère de grisaille, l'humour, parfois noir, est un moyen d'équilibrer le film, centré sur le désespoir et la volonté du personnage principal de faire son deuil et de changer de vie. "L'humour est évidemment une défense contre l’angoisse et l’idée de mort. Il est difficile de parler de sujets aussi graves que le deuil, la culpabilité, la lâcheté, la démission, en restant au ras des choses, au premier degré", explique Thomas Vincent.

Mais le ton doux-amer du film reste déprimant pour le spectateur, les promenades de chiens dans la neige et les moments drôles ne pesant pas lourd face à la lassitude de Paul Sneijder, son refus d'intenter un procès, ses confrontations avec sa femme -un personnage poussé parfois jusqu'à la caricature.

Dans ce rôle d'ancien lâche devenu résistant face à l'absurdité de la vie, Thierry Lhermitte, vieux et brisé, barbe grise et canne -au début du film, avant de renaître- sauve le film d'un certain ennui, par une interprétation toute en introspection. Il rend hommage, pour cela, à la direction d'acteur du réalisateur: "Thomas a été très attentif à cela et je dois bien avouer que ça allait contre ma nature, que ce n’a pas été simple pour moi à tenir. Dès qu’il y avait une once d’ironie dans mon regard ou dans mon interprétation, il me l’enlevait, il n’en voulait pas. Même si d’instinct j’aurais fait autre chose, même si j’avais le sentiment d’être freiné, je me suis mis au service de Thomas, dont je respecte le travail. Et il a eu raison de ne pas me lâcher. En voyant le film j’ai mieux compris. Je suis épaté par la manière dont on suit ce qui passe dans la tête de Paul".

(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):

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