"Le voyage de Fanny" : le courage des enfants (VIDEO)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 17 mai 2016 - 12:48
Mis à jour le 18 mai 2016 - 20:13
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Film Le Voyage de Fanny
Crédits
©Metropolitan FilmExport
En 1943, huit enfants fuient la guerre et tentent, seuls, de se réfugier en Suisse.
©Metropolitan FilmExport
Un groupe d'enfants juifs qui, dans la France occupée de 1943, tente de gagner la frontière suisse sans l'aide des adultes: c'est cette histoire vraie que raconte "Le voyage de Fanny", le film de Lola Doillon qui sort ce mercredi sur les écrans.

Les enfants sont souvent les premières victimes des guerres, mais parfois ils en réchappent. Souvent avec une bonne dose de courage, comme ceux du Voyage de Fanny, le film de Lola Doillon (ce mercredi 18 sur les écrans), tiré d'une histoire vraie.

On est dans la Creuse, en 1943. Fanny, 12 ans, et ses deux petites sœurs vivent cachées dans un foyer qui regroupe, loin de leurs parents, des enfants juifs. Un jour, parce que leur présence a été dénoncée par un voisin, les enfants sont obligés de s'enfuir.

Ils vont à Megève, où ils sont recueillis dans un autre foyer, dirigé par une femme forte et courageuse, Madame Forman (Cécile de France). Mais le répit est de courte durée, les Allemands et la police française risquent de débarquer, il faut à nouveau s'en aller, direction la Suisse. "Vous ne devez plus jamais vous appeler par vos vrais noms, même entre vous", dit Madame Forman aux enfants, qui doivent prétendre qu'ils vont en colonie de vacances si on les interroge.

Sallanches, Annecy, Annemasse, la Suisse, en camion, en train, à pied: la fuite sera longue et semée d'embûches. Fanny, du haut de ses 12 ans, va bientôt se retrouver à la tête d'un groupe de 8 enfants seuls, livrés à eux-mêmes, armés de leur courage, de leur débrouillardise et de leurs sens de la solidarité pour échapper aux Allemands et aux policiers français, et continuer à vivre.

Le film est tiré du livre-témoignage de Fanny Ben-Ami (Ed. du Seuil), qui vit maintenant en Israël. "Je me suis posé la question de ma légitimité à raconter une telle histoire et à parler d'enfants juifs en n'étant pas juive moi-même", souligne la réalisatrice, Lola Doillon. "Mais je m'en suis dédouanée en me disant qu'il s'agissait de l'histoire de France, et de l'histoire européenne, et qu'à ce titre, j'étais en droit –voire en devoir– de la raconter".

C'est le troisième film de Lola Doillon, 41 ans, fille de Jacques Doillon, demi-sœur de Lou Doillon et épouse de Cédric Klapisch. Dans son premier, Et toi, t'es sur qui? (2007), elle évoquait les premiers émois amoureux et les affres de l'adolescence. Ici "je voulais raconter l'histoire d'une émancipation accélérée", dit-elle. "Car le coeur du film évoque le passage de l'enfance à l'adolescence et les expériences émotionnelles de ces jeunes héros: l'angoisse des séparations, la peur de l'inconnu, de l'oubli –contre lequel lutte Fanny avec son appareil photo–, de la mort, mais aussi leur énergie optimiste, leur courage et leur persévérance".

Il y a de méchants Allemands dont les bottes piétinent des ours en peluche sur l'escalier du foyer, il y a parfois de gentils Allemands pères de familles qui embrassent des petites filles, il y a d'ignobles policiers français à la solde de l'occupant, il y a de simples citoyens qui deviennent des champions de la délation, il y a des pleurs et des rires soulignés par des musiques un peu insistantes: Le voyage de Fanny n'évite pas certains passages obligés de ce genre de films devoir-de-mémoire.

Mais il y a de réels moments d'émotion (surtout vers la fin), des enfants plutôt bien dirigés, et une mise en scène qui a volontairement laissé de côté les images de la guerre ou celles de l'arrestation des parents, pour se concentrer sur les enfants. "Ce qui m'intéressait", explique Lola Doillon, "c'était de vivre les événements à travers les yeux d'un groupe d'enfants. De montrer comment ces enfants, qui n'étaient pas sous les bombes, mais qui subissaient pourtant la violence de l'abandon et la peur d'être orphelin, ont vécu la guerre, et de la faire ressentir de leur point de vue".

(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):

 

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