"Moi, Daniel Blake" : la Palme d'or sociale de Ken Loach (VIDEO)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 21 octobre 2016 - 01:45
Mis à jour le 25 octobre 2016 - 12:59
Image
Dave Johns Film Moi Daniel Blake
Crédits
©Le Pacte
Dave Johns et Hayley Squires sont les deux interprètes principaux du film.
©Le Pacte
"Moi, Daniel Blake", le film du réalisateur britannique Ken Loach, Palme d'or du dernier Festival de Cannes, sort en salles ce mercredi. Il raconte les difficultés, face à l'administration, d'un menuisier de 59 ans et d'une jeune mère de famille, tous deux au chômage.

Les pauvres, les chômeurs, les laissés-pour-compte et les absurdités de l'administration: c'est du cinéma social que réalise depuis un demi-siècle son chef de file britannique, Ken Loach. Et c'est ce cinéma social que les jurés du dernier Festival de Cannes ont récompensé en attribuant la Palme d'or à son dernier film, Moi, Daniel Blake, qui sort ce mercredi 26 sur les écrans français.

Pour la première fois de sa vie, Daniel Blake, un menuisier de 59 ans veuf qui vit à Newcastle, est contraint de faire appel à l’aide sociale à la suite de problèmes cardiaques. Mais bien que son médecin lui ait interdit de travailler, le Pôle emploi britannique l'oblige à chercher un emploi sous peine de sanction. Il n'a pas d'ordinateur ni Internet, et remplir la moindre formalité est un parcours du combattant pour lui. Pourtant il reste jovial, plaisante devant les difficultés et ne se laisse pas abattre.

Au cours de ses rendez-vous réguliers au "job center", il va croiser la route de Katie, mère célibataire de deux enfants qui a été contrainte d’accepter un logement à 450km de sa ville natale pour ne pas être placée en foyer d’accueil. Elle fait des ménages mais n'arrive pas à boucler les deux bouts et, volontaire elle aussi, se sent parfois un peu découragée quand les formalités, là encore, lui compliquent la vie.

Pris tous deux dans les filets des aberrations administratives de la Grande-Bretagne d’aujourd’hui, Daniel et Katie vont tenter de s’entraider et de ne pas sombrer…

"Le point de départ du film, c’est le thème universel de ces gens qui se battent pour survivre", explique le réalisateur, âgé de 80 ans et l'un des rares à avoir obtenu deux fois la Palme d'or, après Le vent se lève en 2006.

"Mais il fallait aussi que ces personnages et la situation décrite dans le film soient ancrés dans la réalité. À y regarder de près, on constate l’attitude délibérément cruelle de l’État dans sa politique de prestations sociales en faveur des plus démunis et l’instrumentalisation de l’administration –l’inefficacité volontaire de l’administration– comme arme politique. C’est comme s’il adressait un message: +Voilà ce qui arrive si vous ne travaillez pas. Si vous ne trouvez pas de travail, vous allez souffrir+. Et la colère que cette politique a provoquée chez moi m’a donné envie de faire ce film".

Même s'il est sans grande surprise et d'une réalisation quasi-documentaire, le film évite l'écueil du misérabilisme. Ce n'est pas gai (maisons de briques rouges, chiens qui aboient au loin, centres médicaux, bureaux d'aide sociale, banques alimentaires, formulaires sur Internet, indemnités chômage, indemnités invalidité), mais les personnages ne font pas pitié, leur solidarité fait plaisir à voir et parfois les situations ubuesques de ces chômeurs aux prises avec l'administration prêtent à sourire.

Le personnage principal, interprété par l'acteur Dave Johns qui est également un comique, attire la sympathie. Mais c'est une scène poignante impliquant le personnage de Katie, interprétée avec pudeur par Hayley Squires, dans une banque alimentaire, dans la seconde partie du film, qui a sans doute emporté les dernières réticences du jury de Cannes au moment de choisir la Palme d'or 2016.

(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.